13 janvier 2019

La Société des nations ? La paix par la solidarité collective…souvent souhaitée jamais réalisée


Jean-Michel Guieu.© Jean-charles Houel
Est-il possible d’imaginer un monde sans guerre ? Sans doute pas. De tous temps, cependant, des hommes de bonne volonté, pacifistes ou « solidaristes » qu’ils soient chefs d’états ou simples citoyens se sont plu à croire à la mise en place d’une solidarité collective susceptible de résoudre les différends entre états par un droit opposable aux puissances guerrières.

« La Société des Nations (1919-1946), fille de la Grande Guerre et ancêtre de l’ONU », par Jean-Michel Guieu, maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, était donc le thème de la conférence proposée par la Société d’Etudes diverses de Louviers, samedi, dans la salle Pierre Mendès France de l’hôtel de ville. La SDN part de loin et, malheureusement, elle finit mal. En 1946, l’Organisation des Nations unies succède à la SDN avec des objectifs moins ambitieux et une distribution des rôles nouvelle. Autant la SDN, dans l’esprit et la lettre plaçait les états (petits et grands) sur un pied d’égalité, autant l’ONU fera la part belle aux grandes puissances : l’URSS, les USA, la Grande-Bretagne, la France et la Chine.

Revenons à la SDN de 1919 créée à l'occasion de la conférence de la paix. Ses fondations prennent naissance en Grande-Bretagne, en France mais aussi et surtout aux Etats-Unis où le président démocrate Wilson (profondément religieux) désireux de protéger la liberté du commerce mondial défend une paix raisonnable dès 1915 alors que son pays affiche son neutralisme. Les USA entreront quand même en guerre en 1917 et seront les fers de lance lors de la signature du traité de Versailles dont les premiers articles reprennent la totalité des désirs du président américain. L’histoire retiendra que le Congrès américain ne ratifiera pas la charte de la SDN qui rassemblera 60 nations dont les pays européens les plus importants avec le Japon notamment.

Des années vingt aux années trente, beaucoup pensent que la guerre de 1914-1918 sera la der des der. Les intellectuels, la presse, de nombreux politiques tels qu'Aristide Briand, en France ou Gustav Streseman, en Allemagne (ils recevront le prix Nobel de la paix) avaient la certitude de ce qui semblait être une évidence : la paix toujours et partout pour le plus grand bénéfice de l'humanité. Tant de millions d’hommes : Russes, Allemands, Français, Britanniques, Italiens, Turcs, Arméniens, morts ou blessés sur les champs de batailles, tant de millions de morts et de blessés parmi les civils. On expérimente alors « la guerre totale » avec des armes nouvelles et meurtrières…ouvrant la porte aux terribles bilans de la seconde guerre mondiale et à l’échec de la Société des Nations incapable d’empêcher l’Italie d’envahir l’Ethiopie et L’Allemagne de réoccuper la Rhénanie ou d’envahir la Tchécoslovaquie. Et ne parlons pas de l’invasion de la Mandchourie par le Japon.

Léon Bourgeois, le Français initiateur d’une solidarité collective efficace avait souhaité que cette SDN se dote des moyens d’une force internationale pour ramener les puissances belliqueuses à la raison. Sans l’aide de Clémenceau ses espoirs sont restés lettre morte. Les casques bleus de l’ONU, force d’interposition d’aujourd’hui, ont montré leurs limites au Moyen Orient, en Afrique ou dans la Mittle Europe. D’autant que les USA, première puissance mondiale n’est plus présidée par un Wilson messianique mais par un Trump isolationniste.

Jean-Michel Guieu, très applaudi par une salle comble a répondu aux questions du public. Ce fut l’occasion pour Claude Cornu de rappeler que le Samedi 2 février 2019 Gérard Gengembre, professeur émérite de l’Université de Caen et spécialiste de la littérature du XIXe siècle, évoquera « Maupassant, écrivain normand » à 16 heures aux lieu et heure habituels.

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