Jean-Michel Guieu.© Jean-charles Houel |
Est-il possible d’imaginer
un monde sans guerre ? Sans doute pas. De tous temps, cependant, des
hommes de bonne volonté, pacifistes ou « solidaristes » qu’ils soient chefs d’états
ou simples citoyens se sont plu à croire à la mise en place d’une solidarité
collective susceptible de résoudre les différends entre états par un droit
opposable aux puissances guerrières.
«
La Société des Nations (1919-1946), fille de la Grande Guerre et ancêtre de l’ONU
», par Jean-Michel Guieu, maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université
de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, était donc le thème de la conférence proposée par
la Société d’Etudes diverses de Louviers, samedi, dans la salle Pierre Mendès
France de l’hôtel de ville. La SDN part de loin et, malheureusement, elle finit
mal. En 1946, l’Organisation des Nations unies succède à la SDN avec des
objectifs moins ambitieux et une distribution des rôles nouvelle. Autant la
SDN, dans l’esprit et la lettre plaçait les états (petits et grands) sur un
pied d’égalité, autant l’ONU fera la part belle aux grandes puissances : l’URSS,
les USA, la Grande-Bretagne, la France et la Chine.
Revenons
à la SDN de 1919 créée à l'occasion de la conférence de la paix. Ses fondations prennent naissance en Grande-Bretagne, en
France mais aussi et surtout aux Etats-Unis où le président démocrate Wilson
(profondément religieux) désireux de protéger la liberté du commerce mondial défend
une paix raisonnable dès 1915 alors que son pays affiche son neutralisme. Les
USA entreront quand même en guerre en 1917 et seront les fers de lance lors de la signature du traité
de Versailles dont les premiers articles reprennent la totalité des désirs du
président américain. L’histoire retiendra que le Congrès américain ne ratifiera
pas la charte de la SDN qui rassemblera 60 nations dont les pays européens les
plus importants avec le Japon notamment.
Des
années vingt aux années trente, beaucoup pensent que la guerre de 1914-1918
sera la der des der. Les intellectuels, la presse, de nombreux politiques
tels qu'Aristide Briand, en France ou Gustav Streseman, en Allemagne (ils recevront le prix Nobel de la paix) avaient la certitude de ce qui semblait être une évidence : la paix toujours et partout pour le plus grand bénéfice de l'humanité. Tant de millions d’hommes :
Russes, Allemands, Français, Britanniques, Italiens, Turcs, Arméniens, morts ou
blessés sur les champs de batailles, tant de millions de morts et de blessés parmi les
civils. On expérimente alors « la guerre totale » avec des armes nouvelles et meurtrières…ouvrant la porte aux
terribles bilans de la seconde guerre mondiale et à l’échec de la Société des
Nations incapable d’empêcher l’Italie d’envahir l’Ethiopie et L’Allemagne de réoccuper
la Rhénanie ou d’envahir la Tchécoslovaquie. Et ne parlons pas de l’invasion de
la Mandchourie par le Japon.
Léon
Bourgeois, le Français initiateur d’une solidarité collective efficace avait
souhaité que cette SDN se dote des moyens d’une force internationale pour
ramener les puissances belliqueuses à la raison. Sans l’aide de Clémenceau ses
espoirs sont restés lettre morte. Les casques bleus de l’ONU, force d’interposition
d’aujourd’hui, ont montré leurs limites au Moyen Orient, en Afrique ou dans la
Mittle Europe. D’autant que les USA, première puissance mondiale n’est plus
présidée par un Wilson messianique mais par un Trump isolationniste.
Jean-Michel
Guieu, très applaudi par une salle comble a répondu aux questions du public. Ce
fut l’occasion pour Claude Cornu de rappeler que le Samedi 2 février 2019 Gérard Gengembre, professeur émérite de l’Université
de Caen et spécialiste de la littérature du XIXe siècle, évoquera « Maupassant, écrivain normand » à 16 heures aux lieu et
heure habituels.
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