L’élection
présidentielle arrive à grands pas et les candidat(e)s commencent à exposer
leurs programmes. L’éducation étant un chapitre très important — même si
certains privilégient les débats sur l’identité nationale — il n’est pas
indifférent de connaître les projets de Marine Le Pen et de son parti sur
l’éducation.
Disons
le tout net et cela n’est pas étonnant, les propositions de Marine Le Pen ont
de quoi hérisser le poil des enseignants et inquiéter parents et élèves. Une
amie m’adresse le commentaire suivant : « un programme réac de chez réac.
» Le port de l’uniforme, mesure emblématique, serait en quelque sorte la cerise
sur le gâteau, un gâteau bien indigeste pour tous ceux et celles qui croient
aux vertus d’un enseignement prenant en compte l’intérêt des enfants avant
celui des gouvernants.
Disons
le tout net, ce programme est à l’image du parti d’extrême droite :
brutal. Quand on pense que Marine Le Pen prétend être celle qui défend les «
oubliés » du système, ce qu’elle propose en accroîtra leurs difficultés au nom
bien sûr de l’excellence, un mot que ne récuserait pas Nicolas Sarkozy qui en
connaît un rayon surtout dans le domaine judiciaire. Examinons donc le
programme de Marine Le Pen en détail grâce au site touteduc.fr que je remercie
de m’avoir autorisé à reproduire ses constatations.
« Pour Marine Le Pen, l'Ecole a pour finalité de
"donner à chacun la possibilité de faire valoir son mérite
personnel". Elle l'a dit hier 22
septembre en conclusion de la "convention présidentielle" consacrée
au "redressement" de l'Ecole et de l'Université. Dénonçant "la
situation dramatique de l'Ecole de la République", mêlant idéologie et
souci de reprendre les solutions proposées par "les vrais experts"
que sont les acteurs de terrain, la candidate à l'élection présidentielle n'a
pas donné son programme pour l'Ecole, mais a annoncé qu'elle reprenait déjà à
son compte trois des 100 propositions que lui ont présentées les collectifs
Racine et Marianne : à l'Ecole primaire, 50 % du temps serait consacré à
l'enseignement du français, le collège unique deviendrait un "collège de
détermination", où une orientation vers la voie professionnelle serait
possible après la cinquième, la sélection serait instaurée à l'entrée de
l'enseignement supérieur.
La présidente du Front national (même si le parti
n'est jamais cité) s'en prend aux "folies pédagogistes", aux
"dogmes" que seraient l'idée que "l'élève créerait son
savoir", le collège unique et le refus de la sélection. Elle veut mettre
fin aux réformes qui se succèdent "depuis Haby", aux expérimentations
prévues par la loi Fillon alors que "les élèves ne sont pas des
cobayes" pour en revenir à un enseignement "moins créatif". Le collectif
Racine veut d'ailleurs "instaurer le cours magistral à tous les
niveaux". Elle dénonce les sciences de l'éducation et les experts qui
prétendent "faire la leçon" aux enseignants. Pour elle, c'est à
partir de leurs propositions que doit être construit "le cadre" qui
serait "issu du terrain", mais dont serait "réaffirmé le
caractère national".
Voici les principales propositions qui lui ont été
soumises.
— Les écoles primaires deviendraient des EPE
(établissements publics d'enseignement) avec un directeur qui aurait un statut
; les collèges et lycées perdraient le L de EPLE (établissements publics locaux
d'enseignement). Seraient supprimés les "projets d'établissement",
les "conseils pédagogiques" et les "commissions
éducatives". L'administration serait "recentralisée" et les
Régions n'auraient plus la responsabilité de la carte des formations.
— Les programmes seraient élaborés par un collège
d'enseignants.
— Un nouvel enseignement, "civisme et
droit" serait introduit, avec pour mission l'intégration à la nation,
chacun sachant ce qu'il lui doit.
— Un enseignement des sciences informatiques serait
créé (pour ces deux disciplines nouvelles seraient créés deux CAPES).
— La méthode syllabique "qui a fait ses
preuves pendant des générations" serait imposée.
— Les programmes seraient annuels et un élève qui
ne les maîtriserait pas à la fin de l'année redoublerait.
— La notation chiffrée serait rétablie.
— L'uniforme (à ne pas confondre avec la blouse)
serait imposé.
— Les CPGE (classes préparatoires au grandes
écoles), fondées sur "l'excellence", serviraient de modèle à
l'ensemble du système scolaire. Elles fourniraient de plus le vivier des futurs
enseignants qui, pour ceux qui ne seraient pas admis dans l'une des deux ENS
(école normale supérieure), entreraient dans une "école normale
régionale" où, loin des "pédagogistes", ils recevraient une
"formation disciplinaire d'excellence" pour préparer le CAPES ou
l'agrégation, avant de se préparer à enseigner pendant un an avec un tuteur.
— Le système APB serait supprimé.
-— Le port de signes religieux serait interdit à
l'Université.
-— Serait supprimée "la spécialisation
progressive" à l'Université.
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