11 juillet 2016

Quelques réflexions au débotté : Le Brexit et les populistes, la mort de Michel Rocard, la défaite de la France à l'Euro de football, les armes à feu aux USA…

Partout en Europe, sauf en France et en Italie, le Brexit conduit les partis populistes à en subir négativement le contrecoup. Les citoyens réfléchis constatent que les opposants à l’Union européenne n’ont pas de plan B et que leurs folles promesses n’étaient que mensonges et fariboles. Et pourtant, bien des choses ne vont pas dans cette Europe là qui ne permettent pas de la condamner définitivement. Il demeure évident que l’économie domine tous les autres champs et que les rôles de la Commission ou du Conseil européen sont exorbitants puisque ce sont des organismes non élus pour la première et fonctionnant selon la règle de l’unanimité pour le second.
Autre point important. On a bien vu que le référendum servait d’exutoire et non d’expression démocratique réelle. J’ai, à maintes reprises, souligné ce caractère excessif et je ne me lasserai pas d’en mettre en avant les effets négatifs ; La démocratie n’est pas le spasme ni l’émotion d’un moment. Encore moins le refuge des frustrations et le symbole des haines. Ce n’est pas par hasard que les vieilles républiques et les monarchies constitutionnelles se sont dotées de parlements et de chambres doubles (comme en France, aux USA, etc.) comme garanties de lois amendées et corrigées. Il faut privilégier la réflexion, la contradiction aussi, mais surtout éviter ce qui s’est passé en Grande-Bretagne c’est-à-dire le débat tronqué, les slogans xénophobes, les mensonges répétés. Cameron a commis une énorme bourde. Il le sait et il le paie cash. Donc le seul élément positif de ce référendum britannique est le reflux des idées simples ou simplistes.

Conséquence du Brexit : le chaos au sein des partis conservateur et travailliste. Si le successeur de Cameron sera une femme, on ignore qui des deux postulantes rappellera le plus Margareth Thatcher. Au parti travailliste, Jérémy Corbyn est sur la sellette. Son implication dans la campagne électorale récente a été jugée scandaleusement indifférente au résultat final, Corbyn n’étant favorable au « remain » que du bout des lèvres. Avec pertinence, deux tiers des membres du cabinet fantôme ont démissionné et une candidate à la direction du parti s’est fait connaître dès aujourd’hui. 37 % des membres du Labour ont voté pour le Brexit, Corbyn doit bien y être pour un petit (grand ?) quelque chose. Il a d’ores et déjà prévenu qu’il serait candidat pour conserver son poste.

Michel Rocard. (photo Jean-Charles Houel)
La mort de Michel Rocard a suscité bien des regrets à gauche et bien des larmes de crocodile à gauche et…à droite. Il serait trop facile de ne retenir de la carrière politique de Michel Rocard que la seule opposition avec Mitterrand qui lui en fit voir de toutes les couleurs. L’ancien président maniait à merveille le cynisme et l’art de l’humiliation. Rocard en fit souvent les frais. Contraint de choisir un Premier ministre consensuel avec un gouvernement «centriste», François Mitterrand l’usa jusqu’à la corde jouant parfois contre son propre camp en suscitant la liste Tapie aux Européennes par exemple. Tout cela pour contrer son « adversaire » interne.
Rocard c’était aussi son aversion pour le mensonge, sa fidélité à Pierre Mendès France, son refus de la société médiatique et superficielle, son engagement pour une Algérie indépendante, la paix en Nouvelle-Calédonie, le RSA, la CSG…et le souvenir d’une autogestion au sein d’un système faisant du citoyen éclairé et informé le décideur ultime. J’ai retrouvé une photographie de Michel Rocard lors de sa visite au Neubourg alors qu’il occupait le ministère de l’Agriculture. Elle exprime son sérieux et son sens de l’écoute. Il n’était pas feint.


Les bookmakers ne donnaient pas chère de la peau des Portugais finalistes de l’Euro 2016 contre l’équipe de France. Je n’ai pas suivi le match ayant d’autres sujets d’intérêt. Mais j’ai des voisins portugais et j’ai compris (et entendu), lors des prolongations, que la France n’était plus en position pour battre l’équipe de Christiano Ronaldo, blessé dès la première mi-temps au cours d’un choc rude avec Payet. La sortie du « meilleur joueur du monde » ainsi que l’expliquent les journalistes footeux, n’a pas empêché la seleçao de gagner avec un but d’avance. Sur le papier, la France était meilleure. Dans le jeu et sur le terrain, la vérité était tout autre.

Qu’importe, les joueurs français ont rendez-vous ce midi à l’Elysée pour une photo de famille et pour écouter les mots compassionnels du président de la République. Bon, il n’y a pas mort d’homme, comme dirait Jack Lang…

Cinq policiers américains sont morts tués par un sniper qui en avait assez des bavures policières causant la mort d'Afro-américains un peu partout sur le territoire des Etats-Unis. Cette vengeance exprime bien la violence de la société américaine et le pouvoir aussi absolu qu'aveugle qu'exercent les armes à feu. Barack Obama a bien tenté, du bout des lèvres, de chercher à modifier la loi fédérale, rien n'y fait. La puissance des associations de chasseurs et autres animateurs d'autodéfense, le blocage de la majorité républicaine, ont eu raison de toutes les tentatives visant à modifier l'état d'esprit de la majorité de cette grande démocratie nostalgique de la conquête de l'ouest. Si Trump est élu président, ce sera encore pire. Souhaitons qu'Hillary Clinton, avec des chambres modifiées en faveur des Démocrates, puisse un jour prochain limiter l'influence des suprémacistes blancs et des supporteurs de la loi du Talion.

 






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