Monument de Val-de-Reuil Nicolas Borel pour Jakob+Macfarlane |
J’ai rappelé ici la venue de
Michel Rocard à Val-de-Reuil sans omettre la visite qu’il fit au Lycée agricole
du Neubourg lorsqu’il fut ministre de l’Agriculture. Je ne saurais passer sous
silence le remarquable concours apporté par Elie Wiesel, décédé lui aussi ces
jours derniers, à l’occasion de l’érection du monument à la Mémoire et pour la
Paix construit à Val-de-Reuil également.
L’idée en revient à Bernard
Amsalem, maire de la ville nouvelle, qui souhaitait la réalisation d’une œuvre,
non pas consacrée à célébrer des victoires ou à rendre des hommages, mais plutôt
un monument symbolique porteur d’un bien très précieux, la paix, servi par l’outil
magique et humain qu’est notre mémoire. A l’époque, il serait exagéré de dire
que le projet de M. Amsalem fit l’unanimité. De nombreuses voix, à droite
surtout, à gauche aussi, se lamentèrent
pour tenter de discréditer une proposition originale et novatrice. Mais la
paix, la mémoire, cela ne rapporte pas d’argent ! Cela en coûte même
puisqu’il fallut en passer par un concours d’architecture (1) et financer une réalisation
qui, pour être simple, fut assumée à 100 % par la ville.
Avec le temps et le recul,
on mesure combien ce monument possède des caractères uniques. D’autant plus
uniques que ce moment privilégié de la ville fit l’objet d’un parrainage
exceptionnel de la part d’Elie Wiesel. De Boston, le prix Nobel de la paix
adressa une lettre manuscrite au maire pour lui accorder sa « bénédiction » et
surtout lui faire don d’une citation appelée à dépasser le temps des hommes et
à inspirer bien des générations : «
Bouclier contre la laideur de la haine et l’absurdité de la guerre, la mémoire
seule permet aux hommes d’espérer. » Voilà pourquoi je n’ai jamais bien
compris comment une association d’anciens combattants a pu transformer ce
monument en un monument aux morts ce qui, à mes yeux, ne peut être qu’un contresens.
Elie Wiesel ne fut pas le
seul à accepter de parrainer ce monument. Bien des philosophes, des humanistes,
des hommes et des femmes politiques, ont offert un témoignage personnel et
exclusif d’ailleurs objet d’un recueil toujours actuel. L’un d’eux, Maurice
Pons, récemment disparu lui aussi s’en tira par une pirouette dont il avait le
secret : « Et moi, je me contenterai de parodier le grand poète Saint-John
Perse. L’homme à la mémoire d’or se dévêt de son or en l’honneur de la paix. »
(1) Concours gagné par Dominique Jakob+
Brendan Mac Farlane, architectes débutants à l’époque du
concours, devenus des créateurs de renommée mondiale.
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