Communiqué de Marc-Antoine Jamet : « Françoise
Miquel s'en est allée voici une semaine. Son nom dans notre département n'a pas
été beaucoup prononcé. Estime et considération de ses pairs, de ceux dont elle
partageait les combats et les opinions, ne lui ont pas été vraiment données.
Je l'avais
croisée une première fois, à Bercy, en 2000 alors que, sous la direction de
Laurent Fabius, nous mettions la dernière main à l'introduction de l'Euro. A la
direction de la communication du Ministère de l'économie et des finances,
en dépit d'un Ministre impliqué et engagé, d'un cabinet aux aguets veillant sur
tout et vérifiant tout, cette ancienne de la promotion Voltaire de l'ENA avait
rempli plus que son rôle.
Je l'avais de
nouveau croisée sur la route de Louviers. Après le règne municipal compliqué
d'Odile Proust, elle s'y était présentée avec courage contre François Loncle
tentant de lui ravir son siège de député. Nous étions, en 2007, dans la foulée
de l'élection de Nicolas Sarkozy. Cela avait peut-être un sens. La politique
est cependant souvent faite de logique. Rassemblant son camp et n'ayant pas
démérité, le député sortant l'emporta. Elle subit alors le sort des vaincus.
Elle n'avait pas été assez ceci. Elle était trop cela : parisienne, décalée,
femme, née à Tunis. On lui trouva, notamment dans son camp, des défauts qu'elle
n'avait pas.
Elle reprit
alors une carrière brillante et bien remplie de fonctionnaire acceptant de
diriger la mission "médias-culture" du Contrôle Général des Finances
et de veiller sur la trésorerie du Centre national du Cinéma.
Elle était
de droite. Par conviction. Par construction. Elle n'était cependant pas
construite pour l'affrontement politique. Elle y mettait trop d'elle même et ne
détestait pas ses adversaires. Elle avait écrit sur cela un livre vrai. Nous
avions eu des conversations agréables sur des sujets à mille lieux des votes et
des scrutins. Il aurait fallu davantage lui parler. Je veux aujourd'hui la saluer. Parce qu'elle s'était
engagée dans la vie publique, dans la vie citoyenne avec sincérité, un hommage
devait lui être apporté. Une femme est passée...»
Note du
blogueur :
cet hommage de Marc-Antoine Jamet à l’égard de Françoise Miquel montre que le
combat politique peut parfois s’élever à un degré certain d’humanisme. Ayant
appris son décès dans le carnet du journal Le Monde, je m’apprêtais à rappeler
son passage éclair à Louviers et sa campagne ratée des législatives et ensuite celle des municipales. Sur les
antennes de France 3 région, elle avait confondu Amfreville-sous-les-Monts et
Amfreville-La-Campagne, une erreur rédhibitoire pour qui voulait devenir
parlementaire dans l’Eure. C’était la démonstration patente qu’elle ne
connaissait pas bien la circonscription qu’elle souhaitait représenter.
Je me souviens d’un pot que nous avions partagé et d’une
conversation franche au cours de laquelle elle souhaitait connaître les secrets
d’une implantation réussie. Mes arguments l’avaient effrayée et je crois qu’au
fond d’elle-même, elle avait déjà compris comme le précise très bien MAJ que le
combat politique impliquait des exigences qu’elle n’était pas capable
d’assumer. A l’évidence, elle a bien fait de mettre son talent et son
intelligence au bénéfice de l’Etat qu’elle a si bien servi.
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