Malek Boutih a tort. Il a
tort de pronostiquer la victoire de Marine Le Pen lors de la prochaine élection
présidentielle. En l’état actuel des forces politiques, personne ne peut
valablement annoncer quelque résultat que ce soit. Au doigt mouillé ? Et
encore. On ne connaît pas les candidats du premier tour et encore moins ceux du
second. Il a tort parce qu’il veut se montrer plus malin que les autres et
justifie sa prévision sur la base d’arguments liés à la situation de l’Europe et de
la gauche. Et celle de la droite alors ?
Il a tort également eu égard
au contexte électoral immédiat qui donne le FN en tête et en capacité de gagner
dans deux grandes régions françaises. Pour ce faire, il faudrait que droite et
gauche, gauche et droite, selon le classement au soir du premier tour sacrifient
leur âme dans le seul intérêt de quelques sièges d’élus handicapés par un
statut d’opposants les rendant inopérants voire inoffensifs. Il a tort car il
risque de démobiliser un électorat de gauche déjà frileux et sonné par quelques
sondages peu optimistes pour la gauche. Quoique. En Normandie, par exemple, la
gauche n’est qu’à deux points (dans les sondages) des listes d’Hervé Morin et la campagne
électorale à peine ouverte peut créer une dynamique encore en gestation.
Malek Boutih a tort enfin parce
qu’il recentre le débat politique autour du Front national et ses maigres
idées. Le FN s’appuie sur quoi ? L’immigration, l’insécurité et la sortie
de l’Union européenne. Voilà son tryptique idéologique de base. Or, les
élections régionales sont avant tout destinées à élire des gestionnaires
compétents pour le développement économique, la formation professionnelle, la
construction et l’entretien des lycées, le tourisme. Je ne vois pas du tout en
quoi Marine Le Pen serait un atout pour la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
En quoi la présidente d’un mouvement fidèle à son histoire et repolinée pour
être présentable, aidera à créer des emplois, à attirer des industriels, à
encourager les entreprises, à soutenir les salariés. Au contraire, l’élection
d’un responsable du FN à la tête d’une collectivité (voir Béziers) fera fuir
les créateurs de tous poils.
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