14 octobre 2015

Jérôme Lavrilleux lâche Sarkozy…qui a de plus en plus peur de la primaire de l'EX-UMP


Le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, en 2012, n’a pas fini d’occuper la une de l’actualité. Les fausses factures et les dépenses inconsidérées de l’équipe (ex-UMP) chargée de la communication ont abouti à plusieurs mises en examen. Jerôme Lavrilleux, notamment, a décidé malgré ses premières déclarations, de ne pas assumer seul les charges qu’on lui reproche. On peut le comprendre.
Dans une interview au Nouvel Observateur, il mouille même Nicolas Sarkozy à qui il reproche de ne pas assumer les fautes commises lors de la passation de marchés avec les sociétés dirigées par des amis de Jean-François Copé. La stratégie de tous ces exécutants a été, dans un premier temps, de protéger Sarkozy comme l’avait fait Juppé au bénéfice de Jacques Chirac. Mais le lien entre ces deux hommes n’était pas de même nature que celui existant entre Sarkozy et ses boys.
Les déclarations de Lavrilleux éclairent d’un jour nouveau cette affaire de dépassement de plafond de campagne bien supérieur aux sommes déjà rendues publiques. Lavrilleux évoque 50 millions de dépenses ! Et si le financement libyen de la campagne de Sarkozy, rendu public par Mediapart, refaisait surface…

On dit qu’Arnaud Lagardère a poussé une gueulante en découvrant la une du JDD (le Journal du Dimanche) dont il est propriétaire. Il n’a pas du tout apprécié que la photo de Marine Le Pen soit publiée sous un jour très favorable avec un titre plus que positif pour elle et ne correspondant pas tout à fait à la réalité du sondage, technique dont on n’a pas fini de contester les méthodes et les résultats.
Le journal affirmait que 33 % des Français étaient prêts à voter pour elle…alors que 16 % seulement — ce qui est déjà trop — étaient soi-disant certains de lui donner leur vote. Les médias aiment bien surfer sur les vagues porteuses de ventes. Mais Marine Le Pen sent le soufre. Elle a beau sortir contre-vérités sur contre-vérités (notamment concernant les étrangers) elle continue d’engranger…bien qu’elle n’ait aucune solution viable et fiable à offrir. Elle vend du vent. Mais gouverner, c’est autre chose. Un Ménard à Béziers donne une idée du climat qui régnerait dans notre pays si par malheur elle arrivait au pouvoir. Haine, violence, climat de guerre civile…

Je n’aime pas la violence comme solution aux problèmes de société. Mais je déteste également l’humiliation. C’est bien comme cela qu’il faut considérer l’interpellation dès potron-minet, des syndicalistes ou salariés d’Air France mis en cause dans les violences physiques commises lors de la réunion du comité central d’entreprise. Pourquoi les policiers n’ont-il pas, tout simplement, convoqué au poste les éventuels auteurs des violences avant leur mise en garde à vue (1) ? Dans un conflit social, la recherche du compromis passe par la négociation, le dialogue, la médiation.
D’autant plus que le traitement des actes délinquants n’est pas du tout le même en fonction de l’identité des auteurs, de la médiatisation…ainsi, les manifestations des syndicats agricoles qui souvent dégénèrent avec destructions de biens publics, n’entraînent pas de condamnations sévères. Deux poids deux mesures ?

Le référendum organisé par le Parti socialiste sert à enfoncer des portes ouvertes. Jean-Christophe Cambadélis veut que les citoyens de gauche ou sympathisants de gauche répondent positivement à une question très très difficile : souhaitez-vous des listes d’union de la gauche notamment avec les écologistes dès le premier tour des régionales ? Cette proposition est abstraite puisque EELV a décidé de partir seul ou de s’unir au Font de gauche. D’ailleurs, la plupart des élus socialistes et des responsables fédéraux ont découvert avec effroi cette proposition de référendum citoyen surtout destinée à occuper le terrain. Au fait, qui va tenir les bureaux improvisés ?
Si le oui l’emporte — le suspense est insoutenable — cela ne changera rien à la situation délicate de la gauche dans plusieurs régions de France. Et pourtant, en Normandie, entre Nicolas Mayer Rossignol et Hervé Morin, mon choix est vite fait. L’un aime la région et l’a prouvé dans l’action, et l’autre va bénéficier d’une loi mécanique dans laquelle il ne joue aucun rôle : elle a pour nom l’alternance. A moins que les Normands décident de se mobiliser…

La primaire « de la droite et du centre » comme ils disent ne semble pas à voir la faveur de Nicolas Sarkozy. Il voit là un piège destiné à le marginaliser. C’est si vrai que le président de l’Ex-UMP a indiqué, hier, que le nombre de bureaux de vote prévus lui paraissait excessif compte tenu des forces militantes qu’ils nécessitent.
Pour avoir tenu la présidence d’un bureau de vote lors de la primaire socialiste, je peux affirmer que l’affirmation de Sarkozy « on aura besoin de huit personnes » est archi fausse. Si l’Ex-UMP n’est pas capable de mobiliser six personnes (et pas huit), trois le matin, trois l’après-midi, pour tenir les bureaux de vote, c’est que ce parti est bien mal en point. En réalité, plus le nombre de bureaux de vote sera important, plus la possibilité de voter sera grande et c’est bien ce qui inquiète l’ancien président peu habitué à ces méthodes démocratiques. Il prend un prétexte fallacieux pour tenter de réduire les chances des autres candidats…et rien ne dit qu’il ne réussira pas à torpiller cette primaire décidément bien embarrassante. En prenant la présidence de l’Ex-UMP, Sarkozy croyait avoir un boulevard, que dis-je un boulevard, une autoroute vers la candidature à la présidentielle. Le chemin est semé d’embuches. Gare à la sortie de route.

(1) les policiers ont justifié cette interpellation groupée pour éviter toute concertation entre les protagonistes.



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