Le financement de la
campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, en 2012, n’a pas fini d’occuper la
une de l’actualité. Les fausses factures et les dépenses inconsidérées de l’équipe
(ex-UMP) chargée de la communication ont abouti à plusieurs mises en examen.
Jerôme Lavrilleux, notamment, a décidé malgré ses premières déclarations, de ne
pas assumer seul les charges qu’on lui reproche. On peut le comprendre.
Dans une interview au Nouvel
Observateur, il mouille même Nicolas Sarkozy à qui il reproche de ne pas
assumer les fautes commises lors de la passation de marchés avec les sociétés
dirigées par des amis de Jean-François Copé. La stratégie de tous ces exécutants
a été, dans un premier temps, de protéger Sarkozy comme l’avait fait Juppé au bénéfice
de Jacques Chirac. Mais le lien entre ces deux hommes n’était pas de même
nature que celui existant entre Sarkozy et ses boys.
Les déclarations de
Lavrilleux éclairent d’un jour nouveau cette affaire de dépassement de plafond
de campagne bien supérieur aux sommes déjà rendues publiques. Lavrilleux évoque
50 millions de dépenses ! Et si le financement libyen de la campagne de
Sarkozy, rendu public par Mediapart, refaisait surface…
On dit qu’Arnaud Lagardère a
poussé une gueulante en découvrant la une du JDD (le Journal du Dimanche) dont
il est propriétaire. Il n’a pas du tout apprécié que la photo de Marine Le Pen
soit publiée sous un jour très favorable avec un titre plus que positif pour
elle et ne correspondant pas tout à
fait à la réalité du sondage, technique dont on n’a pas fini de contester les méthodes
et les résultats.
Le journal affirmait que 33
% des Français étaient prêts à voter pour elle…alors que 16 % seulement — ce
qui est déjà trop — étaient soi-disant certains de lui donner leur vote. Les médias aiment
bien surfer sur les vagues porteuses de ventes. Mais Marine Le Pen sent le soufre.
Elle a beau sortir contre-vérités sur contre-vérités (notamment concernant les étrangers)
elle continue d’engranger…bien qu’elle n’ait aucune solution viable et fiable à
offrir. Elle vend du vent. Mais gouverner, c’est autre chose. Un Ménard à Béziers
donne une idée du climat qui régnerait dans notre pays si par malheur elle
arrivait au pouvoir. Haine, violence, climat de guerre civile…
Je n’aime pas la violence
comme solution aux problèmes de société. Mais je déteste également l’humiliation.
C’est bien comme cela qu’il faut considérer l’interpellation dès potron-minet,
des syndicalistes ou salariés d’Air France mis en cause dans les violences
physiques commises lors de la réunion du comité central d’entreprise. Pourquoi
les policiers n’ont-il pas, tout simplement, convoqué au poste les éventuels
auteurs des violences avant leur mise en garde à vue (1) ? Dans un conflit
social, la recherche du compromis passe par la négociation, le dialogue, la médiation.
D’autant plus que le
traitement des actes délinquants n’est pas du tout le même en fonction de l’identité
des auteurs, de la médiatisation…ainsi, les manifestations des syndicats
agricoles qui souvent dégénèrent avec destructions de biens publics, n’entraînent
pas de condamnations sévères. Deux poids deux mesures ?
Le référendum organisé par
le Parti socialiste sert à enfoncer des portes ouvertes. Jean-Christophe Cambadélis
veut que les citoyens de gauche ou sympathisants de gauche répondent
positivement à une question très très difficile : souhaitez-vous des
listes d’union de la gauche notamment avec les écologistes dès le premier tour
des régionales ? Cette proposition est abstraite puisque EELV a décidé de
partir seul ou de s’unir au Font de gauche. D’ailleurs, la plupart des élus
socialistes et des responsables fédéraux ont découvert avec effroi cette
proposition de référendum citoyen surtout destinée à occuper le terrain. Au
fait, qui va tenir les bureaux improvisés ?
Si le oui l’emporte — le
suspense est insoutenable — cela ne changera rien à la situation délicate de la
gauche dans plusieurs régions de France. Et pourtant, en Normandie, entre
Nicolas Mayer Rossignol et Hervé Morin, mon choix est vite fait. L’un aime la région
et l’a prouvé dans l’action, et l’autre va bénéficier d’une loi mécanique dans
laquelle il ne joue aucun rôle : elle a pour nom l’alternance. A moins que
les Normands décident de se mobiliser…
La primaire « de la droite
et du centre » comme ils disent ne semble pas à voir la faveur de Nicolas
Sarkozy. Il voit là un piège destiné à le marginaliser. C’est si vrai que le président
de l’Ex-UMP a indiqué, hier, que le nombre de bureaux de vote prévus lui
paraissait excessif compte tenu des forces militantes qu’ils nécessitent.
Pour avoir tenu la présidence
d’un bureau de vote lors de la primaire socialiste, je peux affirmer que l’affirmation
de Sarkozy « on aura besoin de huit personnes » est archi fausse. Si l’Ex-UMP n’est
pas capable de mobiliser six personnes (et pas huit), trois le matin, trois l’après-midi,
pour tenir les bureaux de vote, c’est que ce parti est bien mal en point. En réalité,
plus le nombre de bureaux de vote sera important, plus la possibilité de voter
sera grande et c’est bien ce qui inquiète l’ancien président peu habitué à ces
méthodes démocratiques. Il prend un prétexte fallacieux pour tenter de réduire
les chances des autres candidats…et rien ne dit qu’il ne réussira pas à
torpiller cette primaire décidément bien embarrassante. En prenant la présidence
de l’Ex-UMP, Sarkozy croyait avoir un boulevard, que dis-je un boulevard, une
autoroute vers la candidature à la présidentielle. Le chemin est semé d’embuches.
Gare à la sortie de route.
(1) les policiers ont justifié cette interpellation groupée pour éviter toute concertation entre les protagonistes.
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