Les travailleurs de l'usine Zimmerfer de Louviers en grève en 1972 n'avaient pas été soutenus par le PCF local. |
François Hollande a suscité
un tollé en comparant le contenu d’un tract du PCF des années soixante dix à
des propos défendus, aujourd’hui, par le Front national. Le président de la République
a rappelé dans un entretien avec Maïtena Biraben sur Canal Plus que le PC de
Georges Marchais ne pratiquait pas la langue de bois en soulignant que « les
immigrés mangeaient le pain des Français »…ou une autre formule ayant le même
sens.
Sur la forme, François
Hollande a eu tort. Oser une proximité sémantique entre les communistes et les
Frontistes, voilà qui ne pouvait que déclencher la colère de Pierre Laurent et
quelques autres responsables actuels du Parti communiste français. Sur la forme
seulement et aussi dans le temps puisque les communistes d’aujourd’hui ne sont pas
les communistes d’hier même s’ils portent le même nom.
Sur le fond, François
Hollande n’avait, malheureusement, pas tout à fait tort. L’ancien responsable
du PCF a en effet commis un texte indiquant combien la main d’œuvre étrangère
portait préjudice aux travailleurs nationaux tant dans les conditions de
travail que dans leurs rapports avec le patronat.
Je me souviens des arguments
du PCF de l’époque et de l’émotion que ses textes rendus publics avaient soulevé
dans la Gauche française. Pierre Laurent affirme que ces années-là étaient
dominées par le Programme commun de gouvernement signé par le Parti socialiste,
le Parti communiste et le Mouvement des radicaux de gauche. En effet, mais ce
programme ne faisait pas des immigrés des intrus ou des adversaires de classe. Au
contraire, il proposait de donner le droit de vote aux élections locales aux étrangers
ayant une certaine ancienneté dans notre pays…promesse demeurée en l’état
quarante ans après malgré les multiples reprises lors des congrès du PS par
exemple.
Sans vouloir polémiquer plus
avant, il faut tout de même noter que le vote Front national se situe géographiquement
dans des régions où le vote communiste a été fort. Il est de notoriété publique
que les ouvriers, en 2015, votent majoritairement pour le FN lequel représente
le parti de la contestation et de la lutte contre l’Etablissement. Des ouvriers
qui, jadis, votaient pour le Parti communiste français pour des raisons presqu’identiques.
Les socialistes ont toujours été considérés comme des traîtres par les
communistes et les accords électoraux n’ont jamais été autre chose que des manœuvres
visant à assurer la représentation des uns et des autres.
Les temps changent. Le PCF
est allié au Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon qui a fait du PS son
adversaire principal. François Hollande semble avoir tiré les conséquences de
ce positionnement et n’attend rien, en vérité, de ses anciens alliés. J’ai cru
que la petite phrase prononcée à la télévision l’avait été dans l’urgence du
direct. A la réflexion, je n’en suis plus si sûr.
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