« Le choix, selon toute
apparence, est fait. Pour aider à oublier le sigle UMP, désormais entaché de
turpitude gênantes, Nicolas Sarkozy et son équipe revendiquent comme pro- priété,
ce qui, en fait, est largement commun aux français, depuis 1945 (car,
avant...), la République. Le tour de passe-passe se veut marquer au coin de l’habileté.
Les autres mouvements politiques ne seraient pas, alors, vraiment républicains
! C’est une manière de théoriser ainsi la stratégie du « ni-ni », et de
continuer à mettre, sur le même plan, les socialistes et les frontistes, au mépris
des réalités.
Ce qui mérite, également,
l’attention est la manière dont Nicolas Sarkozy définit ce qu’il entend par République.
Son interview récente, dans le Journal du Dimanche, est explicite. Il y
parle d’autorité, d’effort, de laïcité et, ajoute-t-il, « bien sûr de liberté ».
Il faut remarquer que la notion d’égalité est absente. Ce n’est pas étonnant
quand on considère ce qui est annoncé comme programme économique et social où
il s’agit d’ôter le maximum de garanties sociales. C’est, en fait, la
philosophie du programme de 2012 qui est reprise. Avec deux cibles affichées et martelées : « l’assistanat », d’une part, « l’islam », d’autre part. Cela
revient à remettre en cause, fondamentalement, la valeur de solidarité et la
conception de la laïcité, telle qu’elle sous-tend les principes de la loi 1905,
qui se veut avant tout protectrice des libertés de tous, pour les croyants,
comme pour les incroyants. Ce n’est pas une République qui rassemble, comme le
prétend Nicolas Sarkozy, qui est proposée, mais, hélas, une République qui
divise et accentue les inégalités.
On voit bien pourquoi cela est fait. Il s’agit de continuer à
tutoyer l’électorat du Front national pour l’amener à soutenir les candidats «
républicains » au deuxième tour des élections à venir - tout en continuant à bénéficier
des voix de l’électorat de la gauche face à des candidats du Front national. Ce
qui est une constante, avec Nicolas Sarkozy, c’est l’instrumentalisation
permanente des valeurs et des thèmes politiques. C’est le cas, aujourd’hui,
avec la République. A nous, de montrer sans cesse, et avec force, le contenu réel
du programme, qui est aux antipodes du projet historique de la République. Ce n’est
pas avec les pères fondateurs de la IIIe
République qu’il renoue, les Ferry, les Gambetta, les Clémenceau,
mais plutôt avec les Républicains américains, qui représentent ce que les
droites mondiales ont de plus inégalitaires. »
Alain Bergounioux dans « Regards sur la droite »
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