Le parlement grec réuni en séance. (DR) |
Je cherche vainement les
points communs entre les propositions du mouvement Syriza, en Grèce, et les fondements idéologiques
du Front national. Cette question mérite d’être posée puisque la responsable du
FN vient de déclarer publiquement qu’elle souhaitait le succès de Syriza lors des
prochaines élections législatives grecques programmées le 25 janvier !
Syriza est soutenu, en
France, par le PC, le Parti de Gauche, certains membres du PS et certains adhérents d’Europe-Ecologie-Les
Verts. Plusieurs animateurs de ces partis ont d’ailleurs accusé Marine Le
Pen de jouer les coucous pour tirer à elle la couverture lors du succès
possible (probable ?) de Syriza ainsi que l’indiquent certains sondages.
Interrogée, Marine Le Pen ne
voit pas de contradiction à soutenir un parti dit d’extrême gauche, ni raciste,
ni xénophobe, ni islamophobe aux antipodes de l'extrême-droite. Elle le soutient, assure-t-elle, parce que les
dirigeants de Syriza disent vouloir mettre un terme à la politique d’austérité
imposée à la Grèce par la Troïka (FMI, BCE, Commission européenne) politique
sensée sauver la Grèce de la faillite. Elle lui reproche quand même ses positions sur l'immigration…
Une différence fondamentale
devrait pourtant conduire Mme Le Pen à plus de prudence. Car Syriza — ses
leaders ont pensé un instant pouvoir sortir de la zone euro voire de l’union
européenne — sont revenus à des propositions bien moins favorables aux thèses du
Front national. En effet, Alexis Tsipras, la tête de liste de Syriza, s’il
affirme vouloir atténuer les conséquences de l’austérité sur la vie quotidienne
des Grecs et des Grecques, dit vouloir demeurer au sein de l’UE et vouloir
conserver la monnaie commune.
La sortie de l’Euro aurait
eu pour effet de rétablir le Drachme (δραχμή) avec une
baisse de valeur de 30 à 40 %, diminuant d’autant les avoirs et le bas de laine
(quand il existe) des citoyens du Péloponnèse. Cette assurance à l’égard des créanciers
européens, privés et publics, de la Grèce ne doit pas les étourdir. Alexis
Tsipras veut renégocier la dette extérieure de son pays mais pour ce faire, il
devra réussir à rassembler une majorité au parlement et obtenir l’accord
des dits créanciers qui ne devraient pas s’opposer à un remboursement échelonné
de cette dette. Il n’est dans l’intérêt de personne de mettre le couteau sous
la gorge du futur gouvernement grec ni d’accroître les difficultés économiques
et financières de cet état.
Il n’empêche que le
gouvernement, s’il est dirigé par des ministres de Syriza, devra quand même
engager des réformes internes. Mettre en place un cadastre digne de ce nom, créer
un vrai impôt foncier, imposer les armateurs, exiger une contribution des églises
orthodoxes. Le poids du secteur informel, équivalent à 35% du PIB grec, entraîne,
par ailleurs, un manque à gagner pour l’État grec estimé à 20 % des
recettes fiscales. Il s’explique par le souci des professions libérales, des
artisans et des entreprises d’échapper à l’impôt. Par ailleurs, la faiblesse
des salaires en Grèce incitent les ménages à cumuler des emplois dans le secteur
informel.
Ce serait également oublier
que le déficit commercial grec est colossal et que la banque Goldman Sachs a
aidé un ancien gouvernement à Athènes à maquiller les comptes de l’Etat pour
lui permettre de demeurer dans la zone euro. Alexis Tsipras, s’il devient
premier ministre, aura également l’ardente obligation de constater qu’être
opposant ou dirigeant n’a pas du tout le même sens ni n'engage la même responsabilité.
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