La LDH communique : « Gaza croule sous les
bombes, Israël s'enferre dans la répression, les interdictions de manifester du
gouvernement français attisent les tensions. La
Ligue des droits de l’Homme réaffirme son rejet absolu de toute forme de
racisme et d’antisémitisme. Elle appelle tous ceux et toutes celles qui sont
attachés à ces principes fondateurs de la République à ne rien tolérer en ce
domaine. Elle exprime en même temps son attachement déterminé à la liberté
d’expression et de manifestation. Il revient aux pouvoirs publics de faire
respecter le droit de chacun à exprimer ses opinions pacifiquement, et dans le
cadre des lois de la République. La paix civile, comme le libre débat
démocratique, ne seront préservés que si les pouvoirs publics ont une attitude
claire et impartiale.
Les actes antisémites commis à Sarcelles autour
d’une manifestation interdite ne servent en rien la cause palestinienne et
sont, en tout état de cause, inexcusables ; ils appellent enquêtes et
sanctions. Rien, en revanche, ne justifie qu’ils puissent servir à
l’interdiction de « toutes les manifestations présentant un
risque » comme des voix, déjà, le réclament… Sous couvert de ne pas
attiser un affrontement communautaire, le gouvernement est en train d’en créer
toutes les conditions, en faisant vivre un « deux poids, deux
mesures » injustifié et dangereux.
Cette dynamique perverse est le fruit de trois
contre-vérités alimentées par la parole gouvernementale :
— il n’est pas vrai que celles et ceux qui
entendent manifester leur douleur, leur inquiétude et leur solidarité se
« laisseraient entraîner par des querelles qui sont trop loin d’ici
pour être importées ». D’abord parce que ramener l’offensive sur Gaza à une
« querelle », c’est déjà et presque prendre le parti de
l’agresseur, en évacuant sa dimension aussi illégale que tragique. Ensuite
parce que la solidarité, l’humanité et les droits de l’Homme ne sont pas une
affaire de kilométrage, et que prétendre l’ignorer revient à dire aux
Françaises et Français à quoi ils devraient être sensibles et à quoi ils ne le
devraient pas ;
— Il n’est pas vrai que critiquer Israël et son
offensive miliaire contre la population de Gaza soit manifester quelque
antisémitisme que ce soit. Il est donc honteux que le Premier ministre ait
instrumentalisé la commémoration du 72e
anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv pour stigmatiser, en les qualifiant de
« nouvel antisémitisme », celles et ceux qui exigent que cesse
le massacre à Gaza. Les responsabilités d’un Etat ne sont en aucune façon
celles de personnes ou de communautés ; cela vaut aussi pour l’Etat
d’Israël ;
— Il n’est pas vrai, enfin, que les débordements et
incidents survenus à Paris autour de la manifestation de solidarité avec la
population de Gaza justifient a posteriori son interdiction. Le prétendre,
c’est délibérément confondre la cause et les conséquences. La décision
d’interdire, prise au plus haut degré de l’Etat a, au contraire, enclenché une
dynamique de colère, avivé un sentiment d’injustice flagrante et fait le jeu de toutes les provocations. La preuve c’est
que partout où elles ont été autorisées, en France comme ailleurs, ces
manifestations se sont déroulées de façon pacifique.
Au moment où tout indique que le gouvernement israélien
entend poursuivre son offensive militaire sans tenir aucunement compte des lois
et conventions internationales protégeant les vies civiles, il est plus que
légitime de soutenir les actions pour un cessez-le-feu et pour la paix. C’est
pourquoi la Ligue des droits de l’Homme appelle à manifester pacifiquement le mercredi 23 juillet, à Paris, à partir de 18h30,
de Denfert-Rochereau aux Invalides. »
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