Joël Bourdin à Louviers avec ses compagnons Maurey et Poniatowski (debout). (photo JCH) |
La presse régionale évoque,
ce matin, la tentative des barons de l’UMP de l’Eure de marginaliser Joël
Bourdin, sénateur de l’Eure et président de l’association des maires du département.
Le sénateur, spécialiste des finances locales, ne s’attendait pas à être
victime d’un pu-putsch à la veille de l’élection du nouveau bureau de l’association
systématique après le renouvellement des conseils municipaux. La droite, déjà
majoritaire, le sera encore plus et Bruno Le Maire, le chef d’orchestre de la
manœuvre en cours, veut du changement à tous les étages de la vie politique.
L’ancien ministre, très
actif sur le plan national, s’attribue une bonne part du succès départemental
des jeunots à Louviers, Vernon, Les Andelys, Evreux, et dans des communes de
moindre importance. Il considère que les électeurs ont été sensibles à cette
image de renouvellement et de rajeunissement. Si bien qu’il veut poursuivre sur
la même voie, notamment en vue des élections sénatoriales de l’automne où il
escompte un triomphe de la droite. Il est vrai que le retour à la
proportionnelle devrait — c’est théorique — dans les départements de trois sénateurs
permettre l’élection d’un sénateur de gauche dans l’Eure. Bruno Le Maire
souhaite évidemment la réélection de ses amis Maurey et Poniatowski et n’hésite
pas à vouloir sacrifier Joël Bourdin.
Sur quels critères ?
Essentiellement celui de l’âge. A 76 ans, Joël Bourdin doit aspirer selon ses
ex-amis à une retraite paisible mais en dehors de la vie politique. Élu au sénat
depuis 1989, maire de Bernay pendant vingt ans, Bruno Le Maire considère que M.
Bourdin, ancien recteur, a fait son temps, qu’il a bien mérité de la patrie et
qu’il doit, de gré ou de force, passer la main à quelqu’un de plus jeune. C’est
ainsi que le maire de la Couture-Boussey, de droite mais non encarté, se présentera
en fin de semaine, avec l’appui de MM. Maurey, Gilard, Le Maire, Poniatowski,
Morin, tous parlementaires, et désireux de régler son compte à leur vieux compagnon
devenu indésirable. Joël Bourdin affirme qu’il maintiendra sa candidature ce
qui rend le sort du vote incertain. La Gauche jouera-t-elle les trouble-fête
pour réduire à néant les projets de Bruno Le Maire ?
Le problème de l’âge s’est
posé, avec moins d’acuité il est vrai, lors de l’élection du président de la CASE.
Il est évident que l’âge de Patrice Yung même s’il n’atteint pas un âge
canonique, n’a pas joué en sa faveur. Les élus de la CASE appréciaient l’homme,
certes, mais ils ont surtout profité de l’occasion pour opérer un changement même
factice car on ne peut pas considérer Bernard Leroy comme un perdreau de l’année.
Le vrai changement aurait été l’élection de François-Xavier Priollaud à la présidence. Le maire de Louviers, désirant finalement poursuivre son travail d’administrateur de l’Assemblée
nationale — contrairement à sa promesse de campagne — a compris que ses
fonctions électives allaient dévorer ses nuits et ses jours. Il a souhaité
partager le fardeau.
Quant à la gauche, elle
devra, elle aussi, repenser sa stratégie en terme de renouvellement. L’association
en cours de constitution pour reprendre la mairie de Louviers en 2020, ne peut
pas être animée par des élus battus et surtout présents sur la scène depuis 25
ans voire 40 ! Il faut de nouvelles têtes, des hommes et des femmes pouvant échapper
au poids de l’histoire locale et animés de projets novateurs plus conformes aux
besoins exprimés aujourd’hui : protection de l’environnement, transition écologique,
économies d’énergie…la régionalisation en cours et les compétences attenantes (dont on
ignore presque tout) se chargeront de mettre en œuvre le changement.
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