Vue en surplomb de la plage d'Omaha beach (Basse-Normandie). (photo JCH) |
Franck Martin n’aura bientôt
plus besoin d’aller se promener, main dans la main, avec Hervé Morin, sur le
pont de Normandie. En général, c’est là que les partisans de la réunification
des deux Normandie se rassemblent pour hisser le drapeau du régionalisme. Il y
a quelques semaines, ils étaient quelques dizaines à braver les embruns pour
rappeler une revendication aussi vieille que le mouvement normand de Didier
Patte. Un mouvement plus autonomiste qu’indépendantiste mais tout de même un
peu mâtiné d’une forme de particularisme.
La vérité veut que la
Normandie ait été, pendant longtemps, une province composée de cinq départements :
L’Eure, la Seine-Maritime, l’Orne, le Calvados et la Manche. Il a fallu un découpage
à la sauce gaullo-centriste pour permettre à Jean Lecanuet d’être maître chez
lui et c’est ainsi qu’on créa la Haute-Normandie et la Basse-Normandie, l’une étant
située plus au nord. Lecanuet voulait Rouen comme capitale régionale, il eut
gain de cause.
François Hollande, en
faisant publier, ce matin, la liste des 14 futures nouvelles régions remplaçant
les 22 régions existantes, n’a pas finassé. Point de Picardie en Normandie comme le souhaitait le président Mayer-Rossignol,
cette dernière sera ce que l’histoire a enseigné : la Haute et Basse réunies.
Et c’est là que les ennuis
commencent. Si la réunification ne s’est pas produite plus tôt, ce n’est pas
parce que les hommes au pouvoir sont méchants ou stupides, qu’ils soient de
droite ou de gauche, c’est parce que le pouvoir, justement, ne se partage pas. « Je veux Rouen pour capitale régionale (avec
le siège de la région) » dit l’un. «
Je veux que ce soit Caen » dit l’autre. Je veux ceci, je veux cela. Et l’intérêt
des habitants ? Quel est l’intérêt de la réunification pour les habitants
de la Haute et de la Basse-Normandie ? C’est la seule et vraie question
qui se pose. Le reste, c’est de l’intendance et comme chacun sait, elle devra
suivre.
Quelques repères. La Basse
Normandie c’est près d’1,5 million d’habitants, une superficie de près de 18
000 km2, quelques villes importantes : Caen, Saint-Lô, Alençon, Cherbourg,
c’est aussi un conseil régional de 47 membres la majorité d'entre eux étant issus du Calvados.
La Haute-Normandie c’est 1 850
000 habitants, une superficie de 12 000 Km2, des villes importantes comme
Rouen, Le Havre, Dieppe, Evreux. Actuellement, les deux régions sont dirigées
par des socialistes, Nicolas Mayer-Rossignol à Rouen et Laurent Beauvais à
Caen.
Leur proximité politique facilitera sans doute le dialogue et la
recherche de solutions. Et dans quelques mois on ne pourra plus dire « j’aimais tellement la Normandie que j'étais
bien content qu’il y en ait deux. »
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