3 juin 2014

« J'aimais tellement la Normandie que j'étais bien content qu'il y en ait deux »


Vue en surplomb de la plage d'Omaha beach (Basse-Normandie). (photo JCH)
Franck Martin n’aura bientôt plus besoin d’aller se promener, main dans la main, avec Hervé Morin, sur le pont de Normandie. En général, c’est là que les partisans de la réunification des deux Normandie se rassemblent pour hisser le drapeau du régionalisme. Il y a quelques semaines, ils étaient quelques dizaines à braver les embruns pour rappeler une revendication aussi vieille que le mouvement normand de Didier Patte. Un mouvement plus autonomiste qu’indépendantiste mais tout de même un peu mâtiné d’une forme de particularisme.
La vérité veut que la Normandie ait été, pendant longtemps, une province composée de cinq départements : L’Eure, la Seine-Maritime, l’Orne, le Calvados et la Manche. Il a fallu un découpage à la sauce gaullo-centriste pour permettre à Jean Lecanuet d’être maître chez lui et c’est ainsi qu’on créa la Haute-Normandie et la Basse-Normandie, l’une étant située plus au nord. Lecanuet voulait Rouen comme capitale régionale, il eut gain de cause.
François Hollande, en faisant publier, ce matin, la liste des 14 futures nouvelles régions remplaçant les 22 régions existantes, n’a pas finassé. Point de Picardie en Normandie comme le souhaitait le président Mayer-Rossignol, cette dernière sera ce que l’histoire a enseigné : la Haute et Basse réunies.
Et c’est là que les ennuis commencent. Si la réunification ne s’est pas produite plus tôt, ce n’est pas parce que les hommes au pouvoir sont méchants ou stupides, qu’ils soient de droite ou de gauche, c’est parce que le pouvoir, justement, ne se partage pas. « Je veux Rouen pour capitale régionale (avec le siège de la région) » dit l’un. « Je veux que ce soit Caen » dit l’autre. Je veux ceci, je veux cela. Et l’intérêt des habitants ? Quel est l’intérêt de la réunification pour les habitants de la Haute et de la Basse-Normandie ? C’est la seule et vraie question qui se pose. Le reste, c’est de l’intendance et comme chacun sait, elle devra suivre.
Quelques repères. La Basse Normandie c’est près d’1,5 million d’habitants, une superficie de près de 18 000 km2, quelques villes importantes : Caen, Saint-Lô, Alençon, Cherbourg, c’est aussi un conseil régional de 47 membres la majorité d'entre eux étant issus du Calvados.
La Haute-Normandie c’est 1 850 000 habitants, une superficie de 12 000 Km2, des villes importantes comme Rouen, Le Havre, Dieppe, Evreux. Actuellement, les deux régions sont dirigées par des socialistes, Nicolas Mayer-Rossignol à Rouen et Laurent Beauvais à Caen. 
Leur proximité politique facilitera sans doute le dialogue et la recherche de solutions. Et dans quelques mois on ne pourra plus dire « j’aimais tellement la Normandie que j'étais bien content qu’il y en ait deux. »

Aucun commentaire: