8 mai 2014

Le député UMP Thierry Mariani veut «déculpabiliser» l'histoire française de l'esclavage


Thierry Mariani se distingue. En 140 signes sur tweeter, le député UMP a réussi à se mettre à dos toutes les personnes sensées et raisonnables. On se demande encore comment cet ancien ministre, rompu aux us et coutumes du pouvoir, habitué des prises de bec et autres gracieusetés, a pu se laisser aller, tout seul comme un grand, à proférer une vérité historique, certes mais au mauvais moment, dans de mauvaises conditions pour un mauvais mobile. Autrement dit, Mariani a tout faux.
Qu’a-t-il donc voulu prouver ? Sous le titre « déculpabilisation », Mariani a souhaité rappeler, à l’occasion de l’enlèvement de centaines de jeunes filles nigérianes par des membres de la secte islamiste Boko Haram, que l’esclavage auquel elles ont été promises par le gourou de cette secte violente et morbide, n’est pas une invention occidentale et que ce comportement pourrait déculpabiliser les esclavagistes européens pourtant auteurs de crimes contre l’humanité depuis le vote de la loi Taubira.
Ne nous contentons pas de ces 140 signes. Essayons de comprendre comme un député de la droite forte (en quoi ?) a pu en arriver là. Car il faut avoir accumulé de l’amertume, de l’aigreur, de la rancœur, pour tenter de profiter d’une occasion dramatique afin de tenter de disculper les Français notamment, dont on sait qu’ils ont enlevé, transporté, vendu, des centaines de milliers d’Africains utiles aux Antilles et ailleurs à Saint-Domingue par exemple. Le Code noir n’est pas une invention américaine, il s’agit d’une décision royale et française.
En quoi le fait historique prouvant que des émirats, des sultanats, ont fait du commerce avec des hommes et des femmes africaines nous exonèrerait, nous occidentaux, d’autres faits historiques tout aussi crapuleux ? Mariani, Italien d’origine, nés de parents modestes, a fait de solides études et a occupé diverses fonctions d’élu (RPR puis UMP) dans le Vaucluse, un département du sud de la France où le Front national s’implante durablement.
Mais aujourd’hui, Mariani est député de l’étranger. Il devrait donc avoir les yeux ouverts et la mémoire plus sélective. A droite comme à gauche, de nombreuses voix se sont élevées pour déplorer le tweet de Mariani. A-t-il pensé un seul instant au sort de ces centaines de jeunes filles, âgées de 9 à 16 ans, promises à l’esclavage ou au mariage, au Cameroun, au Tchad ou ailleurs, victimes de la folie d’intégristes fanatisés ? Interrogé sur son tweet, Mariani a refusé de reconnaître son erreur. Il en a même rajouté. Il s'agit donc bien d'une vraie conviction. Odieuse.

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