15 mai 2014

Le 25 mai prochain un choix simple en Europe : Juncker, le défenseur des paradis fiscaux, ou Schulz, le social-démocrate en Euro-vision


Benoit Hamon a dû s'expliquer sur la politique qu'il conduit. (photo JCH)
Pendant une décennie on a eu à la tête de la Commission européenne PDVMV (pas de vague mon vieux) le surnom de José Manuel Barroso (1) considéré comme faible et mou. Surtout, il fut le porte parole et le porte flingue des conservateurs et des libéraux au service d’une politique qui a conduit l’Europe là où elle est : dans les limbes de l’austérité et hors des cœurs et des esprits des européens.
Cette déplorable situation doit changer. C’est du moins la conviction de Benoit Hamon, ministre de l’Education nationale, venu soutenir Claude Roiron, candidate PS aux élections européennes dans notre grande région nord-ouest, lors du meeting organisé, hier soir à Val-de-Reuil, par Marc-Antoine Jamet, maire et premier secrétaire fédéral du PS de l’Eure devant 300 militants ou sympathisants.


Une autre Europe ! Un autre président pour la Commission ! Une autre majorité parlementaire, si possible socialiste et sociale-démocrate avec l’appui de ceux et celles qui croient en une Europe sans dumping social ou fiscal (2) ! Voilà ce que souhaitent Benoit Hamon et Claude Roiron (3). La résolution de cette équation à plusieurs inconnues s’opèrera le 25 mai en « un seul jour un seul tour » puisque les Européens des 28 pays de l’Union éliront à la proportionnelle (en France) leurs représentants au Parlement de Strasbourg. La France aura 74 élus et les projections actuelles placent le FN et l’UMP devant le PS. Situation irréversible ? Sans doute pas. Surtout après les derniers développements de l’affaire Bygmalion et des « marchés » mettant en Cause Jean-François Copé (président de l’UMP) dont Jérôme Lavrilleux (candidat aux Européennes dans notre région) était le bras droit.

Les derniers sondages effectués dans l’ensemble de l’union donnent, en revanche, 212 sièges à la droite et 209 aux socialistes et socio-démocrates. Autrement dit, rien n’est joué et Martin Schulz, le candidat de cette gauche entreprenante, président sortant du Parlement, a une vraie chance de devenir l’animateur de la future Commission. Les socialistes sont en campagne. Après le coup de massue des municipales, relever la tête et améliorer les positions a tout de la gageure. Les résultats du vote de 2009 avaient été si mauvais pour le PS. Il est toujours possible de faire pire mais quand même…D’autant que le gouvernement a décidé de mouiller le maillot.

Hier sous le chapiteau installé sur la voie de la Palestre, un parfum d’optimisme flottait dans l’air baigné des rayons du soleil enfin présent en Normandie, qu’elle soit Haute ou Basse. Ce soleil se lèvera-t-il meilleur le 26 mai ? Les orateurs se succédaient, tantôt remontés contre les populismes (et contre Marine Le Pen) tantôt confiants dans un avenir plus ouvert, plus social, plus favorable à la croissance et à l’emploi. Le chômage demeure la principale préoccupation des Français et un Euro moins fort pourrait aider à la relance notamment par une augmentation des exportations.
 
Benoit Hamon, Claude Roiron et Marc-Antoine Jamet : ils mettent la dernière main à la campagne euroise. (photo Jean-Charles Houel)
Claude Roiron et Benoit Hamon, chacun dans son registre, et en faisant appel à des exemples concrets, ont bien expliqué les enjeux du vote prochain. Le choix est simple entre deux personnalités bien différentes : soit Jean-Claude Juncker, l’ancien premier ministre luxembourgeois, le protecteur des paradis fiscaux, devient le président de la Commission avec les fâcheuses conséquences connues depuis une décennie de gestion libérale, soit Martin Schulz est élu par une nouvelle majorité et l’Europe prendra une orientation très différente et plus conforme au modèle espéré par les électeurs de gauche ou de centre-gauche. Car pour la première fois, les citoyens européens ont la possibilité d’aider à désigner démocratiquement le principal acteur d’un organe de propositions. Pour la première fois depuis 1979, les peuples ont une parole autre qu’institutionnelle. Benoit Hamon nous invite donc à ne pas laisser passer cette chance.
Claude Roiron, elle, craint le déficit démocratique, la démobilisation de l’électorat. Elle insiste pour que l’école de la République permette de dépasser la nation et offre un devenir de citoyen français et Européen sur un continent qui, depuis 70 ans, n’a pas connu la guerre…et alors même que les nationalismes fleurissent tout autour. A plusieurs reprises la citation de François Mitterrand — « le nationalisme c’est la guerre » — a été rappelée avec émotion. 



Le comité d'accueil avec notamment Jean-Louis Destans, Leslie Cléret, Christophe Bouillon et Nicolas Rouly (à gauche) président du conseil général de Seine-Maritime et Claude Roiron. (photo JCH)

Sommes-nous conscients de la chance de vivre dans un pays et une union de pays où les crises sont surmontées par la négociation, le débat, le vote ? Sommes-nous conscients de vivre dans cette Europe, première puissance économique mondiale, berceau des droits de l’homme (avec l’Amérique des pèlerins) où la paix demeure une valeur sublimée ? Bien sûr, les crises n’épargnent pas l’UE. Mais celle de 2008-2009 — due aux imprudences coupables du monde de la finance — a été surmontée grâce à la solidité des institutions et à leur rôle protecteur.
Le 25 mai, n’ayons pas la mémoire courte. Alors que nous commémorons le centième anniversaire de la première guerre mondiale et que nous nous apprêtons à nous souvenir du débarquement du 6 juin 1944 en Normandie, goûtons notre fraternité d’anciens ennemis ou adversaires devenus des partenaires et pour certains, des amis.

       (1) Ce sobriquet a été rappelé par Nicolas Meyer-Rossignol, président du conseil    régional de Haute-Normandie, ancien fonctionnaire à Bruxelles.
300 personnes sous le chapiteau. (photo JCH)
(2)  Tant que des pays européens continueront d’imposer différemment les sociétés et entreprises et donc de jouer la concurrence des taux, la construction européenne n’avancera qu’à petits pas.
(3)  Claude Roiron a 51 ans. Inspectrice générale de l’Education nationale, elle a été présidente du conseil général d’Indre-et-Loire et sillonne depuis des mois les terres de l’Eure et de la Seine-Maritime. Elle est seconde sur la liste PS-PRG-PSE de la circonscription Nord-Ouest. On la sent passionnée et convaincante.

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