68 % des Français ne font
pas confiance à Marine Le Pen et 78 % d’entre eux la jugent incapable de
gouverner la France. Voilà un sondage qui remet, un peu les pendules à l’heure.
Depuis les élections municipales, nombre de médias n’en avaient que pour le
Front national et son égérie. Avec une dizaine de villes gagnées par le FN, on
a eu l’impression d’un raz de marée alors qu’il ne s’agissait que d’un
soubresaut conjoncturel. N’oublions pas que, sauf exception, les maires FN ont été
élus grâce à des quadrangulaires ou des triangulaires motivées par des
batailles internes à la gauche ou à la droite. Ce qui a causé un effet de loupe
bien supérieur à l’influence réelle du FN.
Que nous enseigne ce sondage
récent ? Que si Marine Le Pen et ses sbires sont capables de rassembler des
protestataires et des déçus de tous les camps dont celui de la gauche, elle ne
semble pas posséder toutes les clés lui ouvrant les portes du pouvoir national.
Et c’est bien normal. Parce que son programme se limite à quelques aspérités et
ne couvre pas l’ensemble du champ politique dans toutes ses dimensions économiques,
culturelles, sociétales. Défendre le nationalisme et le protectionnisme, lutter
contre l’Euro et l’Europe, mettre en avant l’islamophobie et l’insécurité, ce n’est
pas répondre aux questions posées par les Français et par la complexité du
pouvoir.
Et de cela, les Français
sont conscients. Bien sûr, lors du scrutin européen du 25 mai, il est possible
que le FN soit en tête dans l’hexagone. Avec 21 ou 22 % des suffrages, il est
probable que Marine Le Pen dira du FN qu’il est le premier parti de France. Ce
sera un trompe l’œil car Marine Le Pen n’aura pas de majorité pour gouverner ce
pays, ni d’alliés pour conquérir le pouvoir. Même si la droite forte empiète
sur les plate bandes idéologiques du FN, même si on a déjà vu la droite s’entendre
avec le FN pour diriger des régions (en Haute-Normandie notamment) on n’a pas
encore entendu des responsables de l’UMP et encore moins de l’UDI envisager une
alliance de gouvernement avec Marine Le Pen, Bruno Golnisch, Louis Aliot et Florian
Philipot.
Quand 78 % la jugent
incapable de gouverner la France, cela veut dire que seulement 22 % la jugent capable
du contraire. C’est le plafond de verre du FN. Ce parti reste dans ses eaux
habituelles autour de 20 %, un maximum pour un parti dont les idées sont ce qu’elles
sont à l’exemple du maire FN de Villers-Cotterêts qui a refusé de commémorer l’abolition
de l’esclavage tout comme il refusera de commémorer la fin de la guerre d’Algérie
ou de reconnaître que le colonialisme a été une erreur historique. On sait d’où
vient Jean-Marie Le Pen. On sait quelle est sa charpente idéologique, celle de
sa fille est la même, mieux dissimulée, mieux présentée. Ce sont pourtant les mêmes
mots, le point de détail en moins.
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