Entre 2002 et 2012, 44
fichiers de police ont été créés. 45 millions de personnes sont enregistrées
par la police ou la gendarmerie, soit comme suspects soit comme victimes. Cela
représente 68 % de la population française. «
C’est une proportion considérable, constate François Loncle, député, qui suscite l’inquiétude d’autant plus que
ces fichiers contiennent de nombreuses inexactitudes puisque le taux d’erreurs
relevé par La Commission nationale informatique et liberté est de près de 40 %.
»
Mais depuis 2004, cette
Commission n’exerce plus qu’un rôle consultatif. Dépourvue de moyens de contrôle
efficaces, les procédures de vérification des fichiers par la CNIL durent deux
ou trois fois plus longtemps que le temps prévu par la loi. Il y a donc là un
dysfonctionnement évident et dangereux pour les libertés individuelles.
Le contexte créé par les révélations
d’Edward Snowden concernant les activités de la NSA sur les pratiques d’espionnage
à grande échelle nous fait prendre conscience de la nécessité pour chaque citoyen
d’être vigilant, attentif aux actes d’organismes sur lesquels nous n’avons que
peu de connaissance ou d’expertise. Il est bien évident que les réseaux sociaux
(Facebook, Twitter, Linkelden…) favorisent cette mise au jour de nos données
personnelles, de nos préférences, de notre histoire et de nos habitudes. Les spécialistes
de la vente en ligne s’en donnent à cœur joie tout comme les officines chargés
de dénicher les algorithmes ou les sites que nous préférons. On sait aussi que
les employeurs n’hésitent pas à consulter les profils de leurs éventuels futurs
collaborateurs lesquels ont donc intérêt à ne pas trop en dire s’ils considèrent
que ces renseignements pourraient nuire à une embauche éventuelle.
Dans une question écrite au
Premier ministre, François Loncle aimerait savoir ce que le gouvernement
envisage pour « permettre à la CNIL de
remplir convenablement sa mission » et par conséquent pour veiller « à ce que l’informatique ne porte atteinte
ni aux droits de l’homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles ou
publiques. » Je publierai, dès que j’en aurai connaissance, la réponse des
services de Manuel Valls. Il est absolument indispensable que le pouvoir démocratique
prenne conscience des dangers suscités par un trop grand laxisme ou, au
contraire, le recensement d'un trop-plein d’éléments de notre vie qui, par définition, n’intéressent
que nous-mêmes et ceux qui nous sont proches.
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