1 février 2014

Frigide Barjot invite ses amis et supporteurs à ne pas descendre dans la rue demain


Yves Thréard, rédacteur en chef du Figaro, invité plus qu’à son tour dans l’émission C dans l’air sur la 5 affirmait, avant-hier, que l’école de la République doit apprendre aux élèves à « lire, écrire et compter. » Point barre. Il ne faut pas confondre, ajoutait-il, « enseignement et éducation ». Quelques minutes avant, il avait mis en cause le socialisme et les socialistes dont le projet « caché » est une vraie « tyrannie » puisqu’il consiste à changer la société et donc, selon M. Thréard, à changer de société. Pour lui, le pouvoir actuel, impuissant face au chômage, à la crise économique, n’a d’autre solution pour contenter son électorat de proposer des lois « qui ne coûtent rien » comme la loi sur le Mariage pour tous, l’amendement modifiant la loi sur l’interruption volontaire de grossesse et les lois en gestation — si j’ose dire — sur la PMA (on verra plus tard a déclaré aujourd’hui la ministre de la famille) et la fin de vie.
Cynthia Fleury, philosophe, invitée de la même émission rongeait son frein. Car elle n’osait dire tout à trac ce qu’elle pensait vraiment des affirmations de M. Thréard sur le machisme, le sexisme, l’égalité des sexes, l’école, « la théorie du genre » (très à la mode à l’extrême droite) et autres inepties avancées comme des évidences. Yves Calvi, respectueux de ses invités, balança tout de même quelques vannes à M. Thréard dont la position ne varia pas d’un iota. Et Cynthia Fleury envoya ensuite le journaliste du Figaro dans les cordes avec le tact et la délicatesse dont elle est capable de faire preuve grâce à sa culture et à la qualité de sa pensée. A l’évidence, les fantasmes de M. Thréard sont à ranger sur les étagères de la superficialité et du prémâché. Quel pénible exemple de journalisme couché ! L’enseignement, M. Thréard, c’est aussi de l’éducation. Ne parle-t-on pas d’éducation physique, d’éducation civique ?
Après que Sarkozy a affirmé que la droite avait gagné la bataille des idées, il en est qui le croient. Et qui veulent, chaque jour, pousser leur avantage. On en retrouve dans tous ces mouvements fanatiques, identitaires, fascisants qui, s’ils n’ont pas choisi le 6 février (mais le 2) pour descendre dans la rue, exhalent les mauvaises odeurs de 1934. Tantôt c’est contre le mariage pour tous, tantôt c’est contre l’IVG, tantôt c’est contre « la familiphobie ». Ils forment un ramassis de contrits, de frustrés, d’opposants violents et systématiques, si dangereux que Frigide Barjot elle-même conseille à ceux qu’elle influence de ne pas défiler dans les rues de Paris demain. C’est dire.
Les enseignants et la FCPE, fédération des conseils de parents d’élèves, ont décidé de ne pas laisser les réactionnaires occuper l’avant-scène car il s’agit bien de cela. Va-t-on encore longtemps tolérer que des factieux en puissance dictent leur loi dans nos écoles, nos collèges ou nos lycées au point d’amener d’autres parents à boycotter les cours ? Vincent Peillon va-t-il conserver encore longtemps ce ton lénifiant, modéré pour tout dire impuissant ? Je le dis tout net, face à la puissance du mouvement en cours, il faut contre-attaquer sans tarder. Et il faut mettre le paquet. Il appartient au gouvernement de mesurer la néfaste influence de l’extrême droite et de certains à droite et d’agir sur les terrains politique et médiatique. On doit entendre les ministres et ne pas attendre, comme avec Christiane Taubira (elle aurait aimé qu’une belle et haute voix s’élève pour la défendre) des semaines pour répliquer face à ce déferlement de mensonges et de rumeurs.

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