Yves Thréard, rédacteur en
chef du Figaro, invité plus qu’à son tour dans l’émission C dans l’air
sur la 5 affirmait, avant-hier, que l’école de la République doit apprendre aux
élèves à « lire, écrire et compter. » Point barre. Il ne faut pas confondre, ajoutait-il, «
enseignement et éducation ». Quelques minutes avant, il avait mis en cause le
socialisme et les socialistes dont le projet « caché » est une vraie « tyrannie
» puisqu’il consiste à changer la société et donc, selon M. Thréard, à changer
de société. Pour lui, le pouvoir actuel, impuissant face au chômage, à la crise
économique, n’a d’autre solution pour contenter son électorat de proposer des
lois « qui ne coûtent rien » comme la loi sur le Mariage pour tous,
l’amendement modifiant la loi sur l’interruption volontaire de grossesse et les
lois en gestation — si j’ose dire — sur la PMA (on verra plus tard a déclaré
aujourd’hui la ministre de la famille) et la fin de vie.
Cynthia Fleury, philosophe,
invitée de la même émission rongeait son frein. Car elle n’osait dire tout à
trac ce qu’elle pensait vraiment des affirmations de M. Thréard sur le
machisme, le sexisme, l’égalité des sexes, l’école, « la théorie du genre »
(très à la mode à l’extrême droite) et autres inepties avancées comme des
évidences. Yves Calvi, respectueux de ses invités, balança tout de même
quelques vannes à M. Thréard dont la position ne varia pas d’un iota. Et
Cynthia Fleury envoya ensuite le journaliste du Figaro dans les cordes avec le
tact et la délicatesse dont elle est capable de faire preuve grâce à sa culture
et à la qualité de sa pensée. A l’évidence, les fantasmes de M. Thréard sont à
ranger sur les étagères de la superficialité et du prémâché. Quel pénible
exemple de journalisme couché ! L’enseignement, M. Thréard, c’est aussi de
l’éducation. Ne parle-t-on pas d’éducation physique, d’éducation civique ?
Après que Sarkozy a affirmé
que la droite avait gagné la bataille des idées, il en est qui le croient. Et
qui veulent, chaque jour, pousser leur avantage. On en retrouve dans tous ces
mouvements fanatiques, identitaires, fascisants qui, s’ils n’ont pas choisi le
6 février (mais le 2) pour descendre dans la rue, exhalent les mauvaises odeurs
de 1934. Tantôt c’est contre le mariage pour tous, tantôt c’est contre l’IVG,
tantôt c’est contre « la familiphobie ». Ils forment un ramassis de contrits, de
frustrés, d’opposants violents et systématiques, si dangereux que Frigide
Barjot elle-même conseille à ceux qu’elle influence de ne pas défiler dans les
rues de Paris demain. C’est dire.
Les enseignants et la FCPE,
fédération des conseils de parents d’élèves, ont décidé de ne pas laisser les
réactionnaires occuper l’avant-scène car il s’agit bien de cela. Va-t-on encore
longtemps tolérer que des factieux en puissance dictent leur loi dans nos
écoles, nos collèges ou nos lycées au point d’amener d’autres parents à
boycotter les cours ? Vincent Peillon va-t-il conserver encore longtemps ce ton
lénifiant, modéré pour tout dire impuissant ? Je le dis tout net, face à
la puissance du mouvement en cours, il faut contre-attaquer sans tarder. Et il
faut mettre le paquet. Il appartient au gouvernement de mesurer la néfaste
influence de l’extrême droite et de certains à droite et d’agir sur les
terrains politique et médiatique. On doit entendre les ministres et ne pas
attendre, comme avec Christiane Taubira (elle aurait aimé qu’une belle et haute
voix s’élève pour la défendre) des semaines pour répliquer face à ce
déferlement de mensonges et de rumeurs.
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