Des observateurs avisés et
lecteurs de ce blog ont été étonnés, à la lecture de mon billet relatant la
conférence d’Olivier Wieviorka à Val-de-Reuil, de n’y lire que des observations
sur le populisme de droite ou d’extrême droite. Je me dois donc d’éclairer un
peu plus ces lecteurs et de leur exprimer un regret. Je n’ai pas, il est vrai, été
tout à fait complet. Non pas que j’ai souhaité censurer le propos d’Olivier
Wieviorka mais j’ai jugé que les principaux griefs et les dangers encourus par
la démocratie représentative relevaient surtout des menées d’extrême-droite.
Alors, existe-t-il un
populisme de gauche ? La réponse est oui, malheureusement. L’Amérique du
sud semble être le continent le plus affecté par ce dernier. Le péronisme en
Argentine et le Chavezisme au Vénézuela, par exemple, sont des formes de
populismes dans la mesure où le pouvoir s’incarne dans des leaders
charismatiques et l’absence de relais des corps intermédiaires.
Et la France ? « En 1968, rappelle Olivier Wieviorka, il a existé un populisme de
gauche, le gauchisme. Ce fut l’appel des intellectuels maoïstes à rejoindre le
monde du travail, les ouvriers ou les paysans…combien d'entre eux ont arrêté leurs études pour aller travailler à l'usine. » On se souvient de l’accueil
glacial réservé aux gauchistes chez Renault à Boulogne-Billancourt. Aujourd’hui,
a poursuivi l'orateur, un Jean-Luc Mélenchon pourrait être taxé de populiste mais avec des nuances
essentielles très importantes : « Mélenchon
n’est pas antiparlementariste, il est républicain et surtout, il n’est ni
nationaliste, ni raciste, ni xénophobe. » Son populisme à lui tiendrait
plus de l’anti-élitisme et de l’anti-journalisme. Une forme d’antisystème donc
n’ayant rien à voir avec un Dieudonné, par exemple, un populiste d’extrême-droite, antisémite et révisionniste.
Le sondage du
JDD publié dimanche dernier, plaçant le FN en tête des intentions de vote des
Français lors des prochaines européennes, montre bien que le populisme d’extrême-droite
est le plus influent. Il rassemble les nostalgiques du pétainisme, de l’Algérie
française et de la colonisation, il réunit les membres des réseaux
identitaires, souverainistes, intégristes catholiques, homophobes, islamophobes, (1) il attire à lui une
frange non négligeable de citoyens déboussolés et sensibles au discours anti
UMPS. Avec 23 % des intentions de vote lors du scrutin du 25 mai prochain, le
FN est en tête devant l’UMP (21 %) le PS (18 %) les centristes (11 %) le Front
de Gauche (9 %) les écologistes (6,5 %) le NPA (2,5 %) les 6 autres % se répartissant
entre des groupes ou mouvements tels que celui de Nicolas Dupont-Aignan. Il reste quatre mois pour convaincre certains de ces électeurs égarés de réviser leur jugement et leur intention actuelle.
(1) Tous ces mouvements étaient
dans la rue hier à Paris composant un fourre tout idéologique n’ayant qu’un
point commun : l’anti-Hollandisme.
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