Une machine relancée chez M-Real devenu Double A. (photo JCH) |
«
L’avenir appartient à ceux qui luttent » Victor Hugo avait bien raison. L'usine
de pâte à papier, fermée depuis 5 ans va redémarrer, et c'est la confirmation,
tardive et inattendue, des positions martelées par le "Collectif pour le
maintien et le développement de l'emploi chez M-Real" et de
l'intersyndicale CGT-CGC, appuyée par une expertise indépendante. Le groupe M-Real
avait à l'époque balayé ces conclusions d'un revers de main, car il n'avait
d’autre objectif que de se débarrasser du site tranche par tranche. Il se
trouve que cette logique a été enrayée par la détermination d'hommes et de
femmes qui ne se sont pas laissé faire. En refusant tout licenciement, en se
manifestant sur tous les terrains sans se préoccuper de savoir si c'était légal
ou pas, elles et ils sont devenus incontournables. Avant les présidentielles,
le détour par M-real était devenu un point de passage obligé, avec son lot de
promesses qui ont fait pschitt...M-real a fini par fermer, mais deux choses
essentielles avaient été arrachées: un PSE de très haut niveau, et l'engagement
à céder le site si un repreneur se manifestait. Ce fut Double A. On sait bien
que si ce groupe a investi à Alizay, c'est en fonction d'objectifs de
développement qui n'ont rien à voir avec la philanthropie. Mais Il faut être
bien aveuglé pour ne pas voir dans la relance d'aujourd'hui
l'empreinte de la formidable mobilisation qui a marqué la région. Et la lutte
reprendra, pour de nouveaux acquis, soyons en sûrs ! »
Ce communiqué du NPA appelle de ma part plusieurs
remarques. Au-delà du style habituel franc et direct, on peut comprendre que le
NPA, eu égard à ce qu’il est, se contente, au fond, de mettre en avant la
lutte, encore la lutte, toujours la lutte. La politique a besoin de la lutte
mais pas tout le temps et pas partout. La lutte sert d’abord à établir des
rapports de force et ensuite à rechercher des compromis (Oh, le gros mot) sans
lesquels aucune solution durable ne peut faire l’objet d’un consensus. Quand
des salariés sont menacés de licenciement pour cause de fermeture d’usine —
c’était le cas chez M-Real puisque le propriétaire ne souhaitait pas vendre son
outil de travail à un concurrent — la lutte des salariés a permis de faire connaître
le problème, mais surtout d’associer des salariés et des élus dans une volonté
commune de déboucher sur des solutions industrielles.
La lutte c’est bien mais il est encore mieux de
bénéficier du relais et du vote, surtout, d’élus de gauche en situation de
peser sur les décisions patronales et sur leurs modalités administratives et
financières. Il faudrait être bien aveuglé pour ne pas voir dans la relance
d’aujourd’hui — comme dirait
l’autre — le rôle essentiel joué par le conseil général et sa majorité et par
l’Etat représenté par le préfet au nom du ministre dans le montage qui a permis
cette solution industrielle et ce sauvetage de nombreux emplois.
Ce ne sont pas les élus du NPA qui facilitent ces
solutions puisqu’ils n’en ont pas. Ni au département, ni à l’Assemblée
nationale, ni au gouvernement. Il faut donc bien que la lutte soit relayée par
quelqu’un, quelque part, et le NPA a beau jeu de railler ces vendus de
socialistes soumis au capital et adeptes du libéralisme à tout crin.
Bienheureux les salariés dont l’emploi n’a pas été supprimé. Bienheureuses les
familles dont l’avenir n’est pas bouché, bienheureuses les minorités agissantes
qui trouvent des hommes et des femmes responsables pour assumer des choix sans
doute partiels mais fort utiles.
Je ne me lasserai pas de dénoncer les lanceurs de
slogans et d’anathèmes tant qu’ils n’auront pas prouvé ce qu’ils savent faire
au pouvoir. S’ils y parviennent un jour par les voies légales.
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