Le préfet Hayem, le député Delahaye, Jean-Paul Lacaze. (photo JCH) |
La première pierre de la
ville nouvelle du Vaudreuil — c’est ainsi qu’on l’appelait alors — a été posée
en 1973. A quelques jours de la fin d’année 2013, je me rends compte que le 40e
anniversaire de la ville n’a pas été fêté. Je me dépêche de rattraper ce manque
en publiant des souvenirs photographiques de l’événement.
Sur l’une des photos on
reconnaît le préfet Hayem, présent au nom de l’Etat, Jean-Paul Lacaze,
directeur de l’Etablissement public de la ville nouvelle et un entrepreneur
lovérien représentant le monde du BTP. La pose de cette première pierre d’un
immeuble d’habitation situé dans la future rue Pierre première, ne se déroula
pas dans la joie mais l’optimisme des bâtisseurs compensa la colère ambiante.
Près de la tente montée pour
l’occasion, les manifestants et les opposants vinrent en nombre. Parmi eux des
agriculteurs locaux et du département et des habitants des communes dont
certains furent expropriés par l’Etat. En effet, la Zone d’aménagement différé
(ZAD) du Vaudreuil de 4500 hectares destinée à éviter une spéculation foncière
effrénée était composée de terrains agricoles situés sur les communes du
Vaudreuil, de Léry, de Saint-Etienne-du-Vauvray, de Poses, Portejoie,
Tournedos-sur-Seine, Incarville et certains maires furent sur le terrain aux
côtés de leurs concitoyens. J’ai souvenir de la présence de M. Femel, maire de
Léry et de Mlle Dugue-Mac-Carthy, maire de Saint-Etienne-du-Vauvray.
La vraie première pierre. (photo JCH |
Les communes concernées se virent
amputer de superficies importantes et leur territoire fut redessiné, un acte
portant évidemment atteinte à leur développement individuel. La définition des
nouvelles limites communales fut d’ailleurs l’objet de maints débats et de
maintes délibérations dans les conseils municipaux concernés.
Le décès très récent de
Jean-Paul Lacaze a permis de réveiller quelques mémoires endormies et de se
souvenir des oppositions farouches de certains hommes politiques (très connus)
à la création de cette ville nouvelle. Le plus déterminé contre ce projet de
ville fut sans conteste René Tomasini, député-maire des Andelys, opposé par
principe à cette équipe de post soixante-huitards, doux rêveurs symbolisant
l’utopie des villes à la campagne. L’ancien président du RPR fut associé dans
le déni à Jean Lecanuet, maire centriste de Rouen, lequel voyait dans ce projet
de ville nouvelle un adversaire potentiel de taille régionale capable de damer
le pion à la capitale de la Haute-Normandie. N’évoquait-on pas la présence de
140 000 habitants en l’an 2000 ?
Rappelons en quelques
lignes ce que souhaitaient les pionniers de l’époque : Val-de-Reuil devait
être le lieu privilégié d'une recherche innovante et d’un développement
concerté. En 1969, La pensée ambiante des hommes de l'art raisonnait par
réseaux et superpositions, continuités et complexités. Ce que les architectes souhaitaient,
c'était éviter les effets de ghettos, les ségrégations pour aménager une ville
équilibrée dans l'espace et dans les têtes. L’objectif était aussi d’anticiper le
développement en équilibrant les zones urbaines, les zones d’emplois et les
équipements collectifs : gymnases, médiathèque, terrains de sport, école
de musique, théâtre, piscine etc. A l’évidence, la domination du logement
social pesa et pèse encore dans un certain déséquilibre socio-économique petit
à petit corrigé.
Si Jean-Paul Lacaze fut le
premier directeur de l’EPV et donc le plus créatif, il serait injuste d’oublier
Pierre Troude, le plus pragmatique, Michel Doucet, le plus politique. Le
dernier, un quatrième dont tout le monde a oublié le nom, liquida en 1986 — sur
ordre du pouvoir politique — les affaires, vendit les meubles, supprima l’EPV,
et disparut dans un anonymat dont il n’aurait jamais dû sortir.
Ils furent les quatre mousquetaires d'une aventure qui n'en finit pas.
Paysans et habitants des villages amputés. (JCH) |
Comment évoquer le 40e
anniversaire de la ville sans rappeler que la ville fut gérée au départ par un
Ensemble urbain, entité administrative et politique unique en France ! L'Ensemble urbain aggloméra Incarville et Poses, Léry et
Portejoie, Tournedos-sur-Seine et le Vaudreuil. Bernard Chédeville, alors maire du
Vaudreuil, fut le premier très bon président de cet
Ensemble urbain. Nous aurons l’occasion de poursuivre notre récit par d’autres
étapes importantes de l’ex-ville nouvelle.
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