Jacques Dorival (au centre sur la photo) lors de la rentrée solennelle du tribunal de commerce en 1980. (photo JCH) |
Jacques Dorival était, à une époque où la
conjonction des deux mots n'était pas immanquablement automatique, un policier
républicain. Toute sa vie, il fut un homme d’engagement et de combat. A la
fois, un grand serviteur de l’Etat avec ce que cela comporte de devoir et d'abnégation,
et un vrai socialiste avec ce que cela implique de générosité et d'altruisme. Parce
qu'il savait que sous certains ordres apparents couvent les plus grands désordres,
il avait su faire cohabiter en lui deux impératifs, celui du fonctionnaire
attaché à remplir sa tâche, celui du militant capable de libre-arbitre, sans
contradiction, sans affrontement, sans violence. La sécurité est avant tout le
droit des plus faibles. Il le savait et en avait fait, à juste titre, la
légitimité de son travail. Son métier servait ses convictions. Il
appliquait ses convictions dans son métier.
Inspecteur divisionnaire, Jacques Dorival
avait terminé sa carrière à la tête de la circonscription de police de
Louviers. C'est dans cette ville, alors qu'il était déjà à la retraite, que je
l'avais rencontré en 1999, coiffé d'un feutre héroïque, un regard malicieux
derrière ses lunettes. Il avait pu déployer dans la cité drapière ses
remarquables talents de négociateur, son sens de l'autorité, sa volonté de préserver
l'ordre public. Il y était aimé. C'était un homme simple, sincère, profondément
imprégné de l'esprit de Justice et du désir de Solidarité, dont il n'extrayait
pas son action. Grand Humaniste, fin connaisseur de chaque milieu social et
admirable meneur d'hommes, manager avant que le terme ne s'applique à la
fonction publique, Jacques Dorival savait, en arpentant les quartiers
difficiles, en n'ignorant rien des passions et des conflits propres aux êtres
humains, prévenir et anticiper toutes les situations. Prévenir pour guérir. Guérir
en prévenant. C'était un médecin attentif tout autant qu'un policier vigilant.
Apprécié de ses subalternes dont il avait su
rester proche, de ses supérieurs auxquels il ne cachait aucune vérité, Jacques
Dorival était aussi respecté des élus qu'il prenait le temps d'écouter et qu'il
estimait. Ces derniers savaient trouver en lui, quand les situations
s'envenimaient, dans une rue, dans un immeuble, entre deux communautés, un
conseiller au discernement apprécié, un fin médiateur, ferme sur le fond et sur
l'exigence de légalité, ouvert sur la forme et ne mésestimant pas le rôle du
dialogue. Pierre Joxe n'avait pas encore imposé l'affichage de la Déclaration
des droits de l’homme dans les postes de police, mais Jacques Dorival en citait
volontiers l'article XII : « la garantie des droits de l'Homme et du
Citoyen nécessite une force publique : cette force est donc instituée pour
l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de ceux auxquels elle
est confiée. »
Infatigable supporter de la Gauche à Evreux,
il fut de toutes de toutes les campagnes. Ardemment. Pleinement. L’élection de
François Mitterrand, en 1981, marqua la concrétisation de ses espoirs en une
société plus juste, plus laïque, plus fraternelle. De 1983 à 1995, en
tant que conseiller municipal à la prévention, il agit, il travailla auprès de
Roland Plaisance créant, notamment, le conseil local de la prévention de la délinquance
et une importante Maison de la Justice. Tout l'indique. Sa vie, Jacques Dorival
avait choisi de la consacrer aux autres.
La Fédération de l’Eure du Parti socialiste
perd un militant exemplaire, attaché aux valeurs essentielles qui nous guident
et dont il fit ce qui n'est pas une loi universelle, une règle de conduite
permanente dans sa vie professionnelle et personnelle. Nous nous associons avec
émotion à la peine de ses enfants, de ses petits-enfants et de la famille
et leur adressons nos condoléances solidaires et fraternelles.
Au nom de tous les militants, une gerbe de
fleurs rouges a été déposée en un dernier hommage sur le cercueil de Jacques
Dorival à la Maison Funéraire d'Evreux. »
Marc-Antoine Jamet
Premier secrétaire de la fédération du PS de l'Eure
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