La proximité des élections
municipales et européennes pousse les partis de gauche à mettre au point leur
stratégie. Cette dernière peut avoir des objectifs différents : exister ou
gagner les élections. Les deux mois à venir vont permettre de décanter des
situations locales, d’une part, et d’apprécier la loyauté des partis de
gouvernement, d’autre part.
La direction d’Europe-Ecologie
Les Verts fera cavalier seul aux Européennes alors qu’aux municipales, on peut
s’attendre à des accords à la carte. Le PS national propose une large union (à
gauche) il sera sans doute entendu par le PCF, EELV et le PRG, seul Jean-Luc Mélenchon
ira à la bataille municipale sous ses propres couleurs du Parti de Gauche.
Cette décision des
communistes de poursuivre les accords locaux avec les socialistes tient à deux évidences :
la situation financière du PCF qui dépend du nombre de ses élus, l’entente
locale sur des programmes plus à gauche que ne le pense le Front de Gauche après
plusieurs mandats souvent exercés dans l’union même si comme chacun le sait :
l’union est toujours un combat. D’ailleurs, la contradiction mise en avant par
Mélenchon et son entourage ne tient pas : ils veulent assimiler politique
nationale et politique locale pour condamner par avance les accords du PCF avec
le PS. C’est un vieux débat aussi vieux que l’existence des groupes d’action
locale et des partis à vocation nationale. A Louviers, on a bien connu cette
problématique, elle a toujours tournée à l’avantage de ceux et celles qui défendent
leur ville en fonction des projets, des actions, de l’implantation réelle des
hommes et des femmes candidats aux fonctions électives. JLM conserve une vision
sectaire de la politique. J’ai bien peur que ses obsessions personnelles n’hypothèquent
la formation de majorités de gauche larges et donc respectueuses des us et
coutumes des différents partis.
Pierre Laurent et JLM sont donc
en froid. L’université d’été du Front de Gauche a permis aux deux leaders de se
faire la gueule et de se serrer la main à quelques minutes de la clôture des débats
dans un climat glacial. Pierre Laurent reproche à JLM d’invectiver le
gouvernement, la majorité, les socialistes. De tout faire pour rendre irrémédiable
une opposition irréductible. Les communistes sont plus réalistes et aussi plus
malins. Même si leur électorat n’a jamais sincèrement aimé les socialistes, ils
savent que les majorités de second tour sont indépassables pour conserver des
mairies, les postes de maires et d’adjoints et donc les indemnités qui vont
avec. Et puis, aujourd’hui, les communes sont regroupées dans des communautés d’agglomérations
ou de communes, lesquelles permettent des programmes d’investissement d’intérêt
général. A ce jeu-là, les communistes n’en sont pas les derniers bénéficiaires.
Quand ils ne sont pas aux manettes, les communistes ont également la possibilité
de s’exprimer et de populariser leurs thèses. Jean-Luc Mélenchon, issu des
rangs socialistes, n’en est plus là.
A Louviers, par exemple, les
communistes ont fait alliance dans l’opposition avec le PS depuis plus de cinq
ans. Sur les dossiers les plus controversés, tous les élus de gauche (avec le
NPA) ont souvent fait cause commune. Au sein de Seine-Eure, les élus
communistes d’Alizay bénéficient d’une situation enviable et ils ne sont pas
les seuls. Il ne fait pas de doute que dans un cas comme dans l’autre, les
communistes vont privilégier une politique réaliste plutôt qu’une lutte
frontale sans lendemain. Quant aux Verts, ils ont encore le temps de choisir l’option
d’une union à gauche. La municipalité actuelle ne brille pas particulièrement
pour la qualité de son combat écologique. Les positions de Franck Martin sur
les autoroutes, les délégations de services publics et autre avenir des sites
industriels (M-Real) répondent plus aux impératifs de la croissance à tout prix
qu’à la protection de l’environnement et la nécessaire transition écologique.
La Dépêche nous apprend que
Mme Gateau et M. Bidault ne sont pas certains de repartir pour un second mandat.
L’une (docteur en médecine) prend une retraite attendue (le 30 septembre
prochain) l’autre conditionne, semble-t-il, la poursuite de son travail d’adjoint
à la composition de la liste. Il est évident que l’absence de ces deux
personnalités affaiblirait la liste du maire sortant. Mais comme celui-ci en
est quand même à 19 ans de mandat, on peut comprendre qu’il aspire lui-même à
plus de tranquillité et de temps libre. Un poste se sénateur lui conviendrait
très bien. Beaucoup de disponibilité et une indemnité conséquente. Ce serait l’aboutissement
d’une vie politique sans les tracas du quotidien et sans le management difficile d’un
collectif.
Les Lovériens reçoivent,
aujourd’hui, le premier journal électoral du maire sortant. Il repart donc avec
un nouveau slogan prometteur : «
garder Martin, j’y tiens. » On avait eu droit à « Voter Martin, c’est bien ». Martin ! Pas l’équipe Martin. On
aurait pu imaginer qu’un homme dit de gauche vante le bilan d’un collectif…à
moins que le maire sortant considère qu’il est le seul maître à bord. Ses colistiers
et ceux qui travaillent autour de lui apprécieront. Comme les Lovériens apprécieront
cette remarque qui en dit long sur l’avenir : « La dette ? Ce qui compte ce n’est pas le volume global mais le
coût annuel de l’emprunt. » Les contribuables lui rétorqueront : ce
qui compte ce n’est pas le coût des impôts. C’est le volume de ce qu'on paie.
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