Christiane Taubira avait
affaire à forte partie, hier soir sur France 2. Invitée de l’émission politique
« Des paroles et des actes » la ministre de la Justice a expliqué en détail
quelle serait la réforme pénale arbitrée par le Président de la République. Obsédée
par la nécessité d’éviter la récidive, Mme Taubira, pour écrire son projet de
loi, s’appuie sur des valeurs aussi basiques que l’obligation pour la
collectivité de favoriser la réinsertion sociale de ceux et celles qui sortent
du droit chemin et organiser les réparations des dommages causés aux victimes.
La surpopulation carcérale
et l’échec patent du tout sécuritaire sont le résultat de la politique aveugle
de Sarkozy. Une politique fondée sur la vengeance, les peines planchers, l’automatisme
de la sanction. Hier soir, Christian Estrosi, maire de Nice, auteur d’une pétition
nationale contre la loi Taubira exprimait une vision caricaturale de la droite,
très proche de celle du Front national. On a revu tous les clichés, on a
entendu tous les gros mots assénés sans aucune démonstration acceptable, et le
laxisme par ci, et l’angélisme par là, alors que la gauche a révisé depuis
longtemps son logiciel fondé sur la prévention et la répression.
Je considère même que Manuel
Valls va au-delà de ce qui serait compatible avec des idéaux inscrits dans les
gênes de la gauche. Les socialistes ne demandent pas l’impossible. Ils ont en
charge les responsabilités de l’action. Ils doivent donc protéger autant que
faire se peut, les personnes et les biens. Ils doivent contribuer à faire
baisser les tensions et apporter une sérénité bienvenue sans rien lâcher sur la
présence, la surveillance, l’anticipation. Une politique de gauche est une
politique équilibrée. Elle n’oppose pas les policiers aux magistrats. Ni la répression
à la prévention. Elle concilie le respect des personnes et de la présomption d’innocence
sans omettre le traumatisme des victimes. C’est une obligation difficile. Nul
ne le nie. Elle implique pourtant d’éviter les simplifications, les outrances, les
attaques personnelles. Christiane Taubira, anciennement favorable à l’indépendance
de la Guyane, ne serait pas légitime
aux yeux d’un Eric Ciotti, pour figurer au gouvernement de la France. Christiane Taubira a
donc eu raison de réaffirmer son indépendance d’esprit, sa vision personnelle de ses
devoirs et de renvoyer ses détracteurs à leur bilan : catastrophique !
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