L’affaire Tapie devient les
affaires Tapie. Non pas que Nanard soit plus embêté qu’un autre car avec ses
403 millions d’euros, il peut voir (provisoirement ?) l’avenir en rose, mais ceux qui ont permis
cette forfaiture, comme dirait François Bayrou, ont du souci à se faire. Outre
Estoup, l’ancien magistrat devenu arbitre, Stéphane Richard (actuel PDG d’Orange)
et M. Rocchi, ancien président du Consortium de réalisation, mis en examen pour
escroquerie en bande organisée, il semblerait que M. Claude Guéant, ancien
ministre de l’Intérieur, l’homme lige de Nicolas Sarkozy soit lui aussi sur la
sellette.
Je ne parle pas des
tableaux, des primes mensuelles en espèces, et d’autres petites tracasseries
qui doivent nuire au sommeil de l’ancien secrétaire général de l’Elysée. Claude
Guéant a été à la manœuvre — si je puis dire — pour adopter la solution de l’arbitrage
(très favorable à Tapie) sur ordre vraisemblable de l’Elysée. Mais comme
Sarkozy est protégé par son statut de président de la République (à l’époque)
il demeure inattaquable judiciairement. Dans ces cas-là, que se passe-t-il ? On s’en
prend aux lampistes. Christine Lagarde est de ceux-là. Même si elle « bénéficie
» actuellement du statut de témoin assisté, il
est possible qu’au fil du temps et des investigations, l’ancienne ministre soit
moins protégée.
On sait maintenant que l’arbitrage
a permis de dédommager Tapie au-delà du raisonnable. Les arbitres, MM. Mazeaux,
Bredin et Estoup, surtout le dernier nommé, risquent d’y perdre bien plus que
les 300 000 euros touchés pour leur ouvrage. Il risque de perdre leur honneur,
ce qui est tout de même bien dommage pour des serviteurs de la République et du
droit.
Et Tapie ? Il rigole.
Il se moque bien de la décision du gouvernement de contester l’arbitrage devant
la cour d’appel. Il se moque bien du sort des protagonistes qui lui ont permis
de faire des folies avec un argent coulant à flot. Je rencontrais hier un
ancien cadre de l’usine Wonder dans une rue de Louviers. Il me racontait ce qu’il
pensait de Tapie, acheteur d’une usine qu’il s’est dépêché de vendre avec un
super-profit. « Ce n’est pas un homme d’affaires,
c’est un affairiste. » On ne saurait mieux dire.
Il va de soi, qu’à Louviers,
ceux qui ont perdu leur emploi par la faute de Tapie suivent les méandres
judiciaires avec attention. Bien que le sort de leur ancien patron soit sans doute
loin de leurs préoccupations quotidiennes, il serait juste que la bête noire de
Jean-Edern Hallier (1) venu à Louviers pour dénoncer les manipulations de Nanard
paie à son tour le prix fort de ses turpitudes.
(1) Jean-Edern Hallier était
en effet venu vendre son journal « l’Idiot International » à la sortie des usines Wonder pour dénoncer ce qu'il considérait comme un scandale.
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