« Monsieur le Préfet,
Au nom de l’ensemble des militants de la
Fédération de Paris de la Ligue des droits de l’Homme, je tiens à vous
manifester notre profond étonnement quant aux évènements qui auraient eu lieu
le jeudi 6 juin à Barbes.
Les informations que nous avons pu obtenir,
si elles s’avéraient exactes, font état d’une opération de police de très
grande ampleur. Un impressionnant dispositif policier aurait bouclé le quartier
de Barbes pendant 2 heures, entravant la libre circulation des résidents et des
passants.
Entre 40 et 50 de personnes auraient été
arrêtées et placées dans des bus spécialement affrétés pour cette opération.
Plusieurs d’entre elles seraient désormais retenues dans le Centre de rétention
administrative de Vincennes. Je ne fais pas état des informations qui laissent
entendre que les contrôles auraient été réalisés de manière sélective, au
faciès. Bref, il semblerait que les conditions de cette opération
contreviennent à l’article 78-2 du code de procédure pénale. Sauf à penser que
la couleur de peau soit en elle même un délit.
Vous comprendrez alors la vive émotion qui est la
notre. Convaincu que notre République se doit de respecter les droits de tous,
nous nous étonnons de cette opération dont la méthode fait davantage penser à
une « rafle » qu’à une opération de contrôle d’identité. Ce d’autant
plus que la veille nous avions pu rencontrer vos services à propos des
conditions d’accueil des migrants et de travail du personnel préfectoral car
nous constations que ces conditions ne favorisaient pas un accueil digne et
respectueux envers les étrangers.
La ligue des droits de l’Homme défend une République
respectueuse de ses valeurs et des droits de tous. Elle demande la mise en
place d’une attestation de contrôle d’identité. Elle condamne fermement toutes
opérations policières qui bien loin d’apporter une quelconque réponse à l’insécurité
se traduisent par une stigmatisation accrue d’un public déjà fragilisé et entraîne
une défiance accrue à l’égard des forces de police de la République.
Dans l’attente d’une réponse à notre interpellation,
nous vous prions d’agréer, Monsieur le Préfet, l’assurance de nôtre considération
distinguée.
Julien Molesin
Président de la Fédération de Paris de la LDH
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