(photo DR) |
La photo de la Une de la Dépêche
d’hier m’a bien fait rire aujourd’hui. On y voit le maire de Louviers, Franck
Martin, tenir la barre du Marité, jouant au capitaine de voilier, le seul
navire normand, précise le journaliste, participant à l’Armada rouennaise. Le
Nirvana, quoi ! Le vent lui raconte l’histoire de marins couverts de
gloire. Il y est, il s’y croit.
Sans revenir en détail sur l’aventure
et la rénovation, de la cale aux mats, de l’ancien Terre Neuva fécampois et sur
son coût exorbitant, je souhaite simplement confirmer mon opposition citoyenne à
la participation financière de la CASE à ce projet devenu réalité grâce aux
efforts de M. Martin, président du groupement économique créé pour l’occasion.
Il va de soi que la restauration du Marité, au-delà du défi artisanal, demeure
une lubie du grand timonier Martin à l’exemple de son ancien grand maître, lui
aussi habitué des foucades, l’ancien président chinois Mao Tsé tung dit Mao
Zedong dans le langage d’aujourd’hui. Franck Martin, ancien mao militant du
temps de sa folle jeunesse, apprécie donc les métaphores marines autant que les
citations latines.
Malgré les soutiens des
maires de Martot et ceux d’ailleurs, je persiste et signe : à aucun moment,
Franck Martin n’avait de légitimité ni d’intérêt local ou d’excuse historique pour
s’engager dans le rachat du vieux gréement Marité et dans sa remise en état. Que
les mânes de ses pairs lui aient légué l’amour des embruns et des pelletées de
sel marin pour empêcher le poisson de pourrir n’autorise en rien Franck Martin à
s’autoproclamer défenseur des vieilles coques. Il est maire de Louviers, pas
maire de Fécamp.
La participation financière
de la CASE est certes minime. D’ailleurs le bateau s’il est né Haut-Normand est
devenu Bas-Normand. La ville de Rouen ayant retiré ses billes depuis longtemps
et la région Haute-Normandie ayant d’autres dépenses plus urgentes. On aurait
aimé que l’ancien président de la CASE mît autant d’ardeur à défendre des
projets plus vitaux et plus locaux. Je sais bien qu’il raconte partout que la
culture marine ou maritime n’est pas la plus répandue, que seuls les vrais
marins peuvent comprendre ce qu’il en coûte de sueur et de sous pour la remise à
flot d’un bateau attaqué par le temps et le désintérêt des hommes…désargentés.
Il ne s’est pas trouvé
beaucoup d’élu(e)s pour oser s’opposer à la tocade de l’ex-président de la CASE
et lui demander de changer de cap. Les délégués n’en pensaient pas moins mais
ne souhaitaient pas contrarier la passion de M. Martin pour le large de crainte
de représailles. Ils connaissent ses réactions épidermiques même si depuis, M.
Yung a pris le relais à la tête de la CASE et se montre plus conciliant.
Le 16 juin, les voiliers
descendront la Seine jusqu’à l’embouchure. Si vous apercevez le Marité, ayez une
pensée pour tous ces matelots et ces commandants de bord à l’image du capitaine
de pêche Récher qui a si bien raconté (dans la collection Terres humaines) les
souffrances de ceux qui passaient des mois en mer, par tous les temps, pour
attraper des morues et faire vivre leurs familles. C’était autre chose que de
se pavaner derrière un gouvernail pour la photo de…famille.
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