Lorsque le site Médiapart a
sorti l’affaire Cahuzac, de nombreux journalistes et parmi eux, le célèbre
Jean-Michel Apathie, de RTL-Canal-plus, sont tombés à bras raccourcis sur Edwy
Plenel et Fabrice Arfi, auteur des premières investigations. Alors même que
deux juges d’instruction viennent d’être désignés pour faits de blanchiment de
fraude fiscale, Jean-Michel Apathie, sur son blog, continue de crier « les
preuves, les preuves ! »
considérant que la bande enregistrée par Michel Gonelle à l’insu de Jérôme
Cahuzac ne peut servir d’indice suffisant.
Sur ce point, Apathie a
raison. S’il n’existait que cette bande où l’on reconnaît la voix de Jérôme
Cahuzac évoquant un compte en Suisse chez UBS en 2000, l’enquête serait bien
insuffisante. Il se trouve que les journalistes de Médiapart — cinq ou six d’entre
eux me semble-t-il — ont enquêté sur les années 1990-2000 à une époque durant
laquelle M. Cahuzac exerçait au sein d’un cabinet conseil de l’industrie
pharmaceutique et avait créé sa clinique de soins capillaires pour ne pas dire
de chirurgie esthétique puisque cette qualification requiert un diplôme spécifique. M. Cahuzac sortait d'un cabinet ministériel au sein duquel il avait eu à traiter du prix du médicament ! Son carnet d'adresses devait donc être bien rempli…
La théorie de Médiapart est
que M. Cahuzac pourrait avoir reçu des fonds de la part des laboratoires
pharmaceutiques (pour des raisons à creuser) que le futur maire de
Villeneuve-sur-Lot ne voulait pas voir apparaître au grand jour. D’où sa réflexion
possible « UBS n’est pas la banque la plus planquée. »
Aujourd’hui, les
journalistes de Médiapart bénéficient d’une forme de reconnaissance. Je sais
bien qu’Edwy Plenel ne fait pas l’unanimité. Mais on devrait s’intéresser de
plus près — pour en apprécier la réussite — à une entreprise de communication permettant à 40 personnes de
travailler, de faire mieux que s’équilibrer avec 60 000 abonnés à 9 euros le
mois et surtout de jouer un rôle irremplaçable de contre-pouvoir. Arnaud
Montebourg et Vincent Peillon ont salué l’existence de Médiapart aujourd’hui.
Non pas pour se féliciter de la démission de Jérôme Cahuzac mais pour aller à l’encontre
de tous ceux et toutes celles qui ont traité M. Plenel d’hitlero-fasciste, au
service d’officines de gauche (quand il met en cause des gens de droite) ou d’officines
de droite (quand il met en cause Jérôme Cahuzac ». Et si M. Plenel ne faisait
que son métier dans une démocratie normale ? Peut-être même au mépris de ses propres opinions puisqu’on
sait qu’il est de cœur et d’engagement plus à gauche qu’à droite. Plenel est tout simplement un journaliste digne de ce nom. Ce que n’est pas à l’évidence M.
Apathie dont on entend les sermons tous les soirs lors de la grand messe de
Canal-plus. Ce commentateur doit avoir oublié ce qu’est le terrain ou comment
se conduit une enquête de proximité. Il suffisait de regarder sa tête, hier
soir, quand Michel Denisot interrogeait Edwy Plenel : il faisait une de ces tronches.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire