François Loncle à l'Assemblée nationale. (photo JCH) |
« M. François Loncle interroge le
ministre des Affaires étrangères sur l’utilité des ambassadeurs thématiques. Créés
en 1998 par le Président Jacques Chirac et multipliés par son successeur, les
ambassadeurs thématiques ont une double particularité : d’une part, ils ne
sont pas en général des diplomates ; d’autre part, ils n’ont pas d’ambassade.
Au nombre de 28, ils ont des attributions variées qui suscitent une certaine
perplexité. Si certains intitulés de ces postes semblent correspondre à une réelle
activité, d’autres laissent pantois. On peut en effet se demander pourquoi le
Quai d’Orsay aurait besoin d’ambassadeurs chargés de la bioéthique, de l’environnement,
de la cohésion sociale, des relations avec la société civile, de l’adoption
internationale, des questions migratoires, de la science, de la lutte contre le
sida… Il y a même un ambassadeur qui est censé s’occuper de la mobilité externe
des cadres du ministère des affaires étrangères, en quelque sorte un
ambassadeur des ambassadeurs.
Dans la mesure où l’inventivité sémantique
des bureaucrates paraît illimitée, on peut très bien imaginer un ambassadeur
itinérant des vignobles étrangers, un autre chargé d’observer la fonte des glaces,
un qui pousserait la chanson française dans le monde, un qui comparerait les hôtels
de luxe, un qui ferait le tour des plages tropicales. Il convient d’ailleurs de
remarquer que les titulaires de ces fonctions se dévouent à promouvoir la
diplomatie française de préférence dans des contrées exotiques comme l’Océan
indien, la Méditerranée, le Pacifique, la Mer Noire, les Antilles. Les bénéficiaires
de ces affectations, hautement honorifiques et parfois généreusement rétribuées,
se recrutent surtout parmi le personnel politique, anciens ministres ou sénateurs,
ce que des esprits malveillants pourraient interpréter soit comme une récompense
octroyée à des amis du pouvoir soit comme une compensation accordée à des recalés
du suffrage universel.
Ces ambassadeurs itinérants ont, en
outre, un impact financier qui apparaît encore plus sensible en ces temps de
disette budgétaire. D’aucuns ponctionnent des sommes qui ne s’avèrent pas dérisoires.
Ainsi, l’ambassadeur chargé de la lutte contre la criminalité organisée, au
demeurant un journaliste respectable, jouissait, en 2011, d’une rémunération
confortable de 145 000 euros, à laquelle s’ajoutaient 15 582 euros de
frais de mission et 1 557 euros de frais de représentation, sans compter
les frais de personnel.
M. François Loncle demande au
ministre des affaires étrangères si une évaluation de ces ambassadeurs thématiques
a été entreprise et quelles en sont les conclusions. Il souhaite savoir s’il ne
serait pas souhaitable de tout simplement les supprimer, ou tout au moins d’en
réduire drastiquement le nombre. Il voudrait savoir si les missions confiées à
ces ambassadeurs ne pourraient pas être exercées, tout aussi bien et à plus
faible coût, par des fonctionnaires des ministères concernés, notamment le
ministère des affaires étrangères dont l’encadrement supérieur rencontre des
difficultés croissantes de débouchés. Il lui demande s’il envisage de désigner
un ambassadeur chargé de se pencher sur cette question...»
François LONCLE
député de l'Eure
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire