« J'ai appris votre intention d'inaugurer le 20 novembre à Fréjus, sur le site du Mémorial des guerres en Indochine, une stèle destinée à accueillir les cendres du général Bigeard décédé en 2010. Je me permets de vous faire part de ma vive émotion. Je pense que cette cérémonie n'est pas opportune au moment où les parlementaires débattent de la guerre d'Algérie et des événements du 19 mars. En outre, le général Bigeard, qui a certes fait montre de courage lors de la guerre d'Indochine, a joué un rôle détestable durant la guerre d'Algérie notamment en recommandant et en cautionnant la torture.
Cette cérémonie officielle et l'annonce de votre présence heurtent nos convictions et nos valeurs. Et je ne peux imaginer que vous donniez suite à ce projet. »
Cette lettre adressée par François Loncle à Jean-Yves Le Drian, Ministre de la Défense, n'exprime pas seulement l'opinion d'un parlementaire. Elle symbolise également la colère qu'éprouveraient nombre de Français si le ministre allait au bout de son intention. Alors même qu'à Louviers où se tient l'exposition consacrée à la vie de Pierre Mendès France (1) on peut lire sa lettre de démission du gouvernement rédigée en 1956 eu égard, notamment, au comportement de notre armée et sur ordre, on verrait d'un mauvais œil un ministre socialiste vanter les mérites du bras droit du général Massu, « vainqueur » de la bataille d'Alger. Mais à quel prix ! Est-il nécessaire de raviver aujourd'hui des plaies non cicatrisées quand François Hollande tente justement de rétablir des liens confiants avec l'Algérie. On dira, c'est l'homme de l'Indochine qui est mis à l'honneur ! Bigeard était fait d'un seul socle. Il avait une seule manière de faire la guerre aux «viets» ou aux «fels». Bien des Français s'interrogent. Ce gouvernement n'a-t-il pas mieux à faire que de célébrer la mémoire d'un ancien député, qui plus est, connu pour ses positions et interventions rétrogrades.
(1) l'homme qui mit fin à la guerre d'Indochine.
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