La condamnation pour injure d'Arnaud Montebourg doit-elle conduire Jean-Marc Ayrault, premier ministre, à lui demander sa démission du gouvernement ? Arnaud Montebourg était poursuivi par les patrons de SeaFrance après qu'il les avait qualifiés d'escrocs lors d'un mouvement social puissant conduite par une intersyndicale active. A cette époque, le nouveau ministre était député. Il agissait évidemment dans le cadre de ses fonctions parlementaires et avec la liberté de ton qui sied à un tel mandat. Que les patrons licencieurs aient choisi de poursuivre l'élu de la nation plutôt que d'entendre les doléances des salariés menacés est un choix que leur permet notre démocratie.
Mais que cette liberté aboutisse à la condamnation (provisoire puisque M. Montebourg a fait appel) d'un élu dans l'exercice de ses fonctions et pour l'euro symbolique ne doit pas conduire à le mettre au ban du gouvernement. Jean-Marc Ayrault a raison de souligner que les motifs visés par la « loi » Hollande ont trait à des attitudes d'enrichissement, de corruption, d'abus de bien social, et non à un excès verbal. Ce qui est visé par la jurisprudence Hollande c'est une attitude morale contraire à l'évidente honnêteté des ministres ou un comportement manifestement en contradiction avec les valeurs de la République.
D'ailleurs, les Français ne s'y trompent pas. Des sondages indiquent qu'ils sont largement majoritaires à souhaiter le maintien d'Arnaud Montebourg à son poste. Les rencontres qu'il mène actuellement avec les artisans semblent indiquer un sens du dialogue qui a fait défaut aux précédent gouvernement et pourrait déboucher, à terme, sur des créations d'emplois très attendues dans le pays. C'est autre chose — comme le fait Rachida Dati — d'invoquer un quelconque manquement à la parole donnée. Elle qui avait promis un combat sans merci à Fillon — « j'irai jusqu'au bout »—et qui vient lâchement de céder sous la pression de ses amis. Elle devra se contenter de son siège d'eurodéputé.
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