Les épousailles des communautés d'agglomération Seine-Eure et
Rouen-Elbeuf-Austreberthe, les fiançailles ayant été prononcées à Val-de-Reuil
en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, ce qui fit jaser, se dérouleront
à Rouen ce soir. Dans la corbeille, la promise de l'Eure déposera, rougissante,
la dote qu'elle apporte à son futur seinomarin. Ce trousseau aura cependant
ceci de particulier qu'il aura été fourni ou payé, au moins partiellement, par
un invité qui n'a pas été convié au banquet. Parmi les participants à
l'émouvante cérémonie qui verra les deux familles se partager délégations et
commissions, probablement regardera-t-on le bout de ses souliers cirés
lorsqu'on évoquera les mérites et les vertus, pas petites assurément, de la
jeune fille à caser.
En effet, en vantant, si ce n'est la beauté de celle au doigt de laquelle
l'anneau haut-normand sera passé, du moins la qualité des équipements dont le
domicile conjugal sera bientôt agrémenté, on parlera au fil de l'ordre du jour
et des compétences abordées, transports sans que la commune qui, pour la CASE,
abrite la gare SNCF, sera le point d'arrivée de la l'A28, supporte l'échangeur
avec la A154 ne soit conviée. On causera, pendant le repas des noces, de
tourisme fluvial sans que le territoire qui permettra à la base de loisirs de
Léry-Poses de se doter d'un port accessible depuis la Seine soit représenté. On
parlera sans doute au café développement économique sans que la ville qui a su
attirer (EDF, Orange…) ou développer (Sanofi…) de grands noms de l'industrie
française, celle qui constitue selon l'administration fiscale, rarement prise
en défaut lorsqu'il s'agit de débusquer richesses et activités, le principal
pôle d'attraction économique de l'Eure devant le "Long Buisson"
d'Evreux ne puisse seulement intervenir.
Pourquoi ce parti pris ubuesque ? Pourquoi retrancher lorsque l'on va unir
? Le Président de la Communauté d'Agglomération a décidé, seul, que la plus
jeune commune de France et la plus vaste de l'intercommunalité ne serait pas
incorporée dans la délégation qu'il conduira. Il n'en veut pas. Il n'en aime
pas le maire qui, parfois, ne dit pas la même chose que lui. Veut-on une raison
plus transcendante ? Laurent Fabius qui, selon une phrase qu'il cite souvent,
"a une excellente mémoire puisqu'il oublie tous", outre le pardon des
offenses qu'il a largement pratiqué en passant l'éponge sur les jugements à
l'emporte-pièce et autres qualificatifs «délicats» dont le Maire de Louviers
sût très généreusement, jusque dans le passé le plus récent, le combler,
a eu beau se dépenser sans compter pour qu'il soit renoncé à cette aberration
qui met en cause la crédibilité et la légitimité du nouvel ensemble, le pôle
métropolitain se fera sans les 15 000 Rolivalois. Rien n'y a fait. On ne fait
pas boire un âne qui n'a pas soif. Il n'est pire sourd…etc...
On dira "qu'importe". Il importe justement et ce pour trois
raisons qui sont essentielles. D'abord parce que l'arbitraire ne peut triompher
en République. C'est même pour cela que le peuple a pris la Bastille. Ensuite
parce que l'efficacité ne sera pas au rendez-vous ce qui peut, pour le
Président de la CASE, être une habitude, mais qui sera une exception pour le
premier adjoint de Grand-Quevilly. Enfin parce que la démocratie n'y trouvera
pas son compte. Concernés au premier chef par les compétences du pôle ainsi
créé, plusieurs milliers de citoyens, de contribuables, d'usagers ne pourront,
par leur vote aux élections municipales de 2014, n'exercer aucun contrôle sur
les décisions censées, biaisées ou ratées que ce rassemblement d'établissements
publics composé de délégués et non d'élus prendra. Voter pour ou contre leur
conseil municipal ne changera rien. Il a été mis de côté. La République, la
démocratie et l'efficacité absentes, d'autres bonnes fées ont sans doute
concouru à ce que le mariage soit célébré. Pourra-t-il ainsi raisonnablement
durer ? Il peut encore, par exemple, s'amender et, ainsi, s'améliorer.
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