11 janvier 2012

Le Monde et l'histoire des crises politiques de 1958 à 2011

Pendant le débat (photo JCH)
La société des lecteurs du Monde organisait, hier soir au siège du quotidien à Paris, un débat centré sur la sortie d'un livre d'articles (1) consacrés aux grandes crises politiques de 1958 à 2011. Les éditions Perrin ont, en effet, proposé à la direction du Monde, la publication d'un ouvrage s'inscrivant dans le contexte des grandes élections appelées à rythmer la vie politique de la France en 2012. Gérard Courtois, Caroline Monnot, chef du service politique « actif » et Sébastien Carganico, chef du service documentation du journal ont répondu aux questions du public très motivé par la campagne présidentielle.
Au fil de la discussion, j'ai essentiellement retenu que Le Monde est sur le point de sortir son enquête annuelle sur les idées du Front national et que l'analyse de Gérard Courtois tient en un mot : « inquiétant ». Il semble donc que la lepénisation des esprits soit devenu un élément important de la vie politique française et que les citoyens s'apprêtant à voter pour la fille de son père le fasse « avec espoir de voir s'améliorer leur situation individuelle » et non « seulement pour protester ». Si cette lepénisation se traduit dans les urnes, cela voudra dire que certains électeurs(trices) préfèrent l'original à la copie et que tous les efforts des Sarkozy-Guéant pour séduire les plus xénophobes de l'électorat auront été vains. Cela, on le sait depuis 2002 et pourtant, on n'est pas à l'abri d'un  nouvel accident de l'histoire. Accident étant d'ailleurs un terme faible s'agissant de l'extrême-droite eu égard aux propositions avancées par le Front national : le protectionnisme, la fin de l'euro, le retour de la peine de mort, le mépris des immigrés sans oublier le détricotage du droit du travail. Gérard Courtois a souligné le changement opéré par Marine Le Pen depuis plusieurs années. « Elle a travaillé, elle a des réponses à tout. » Même dérangeantes, même irréalisables, même dangereuses…
Autre remarque du même Gérard Courtois : si les institutions de la 5e République ont permis à un exécutif fort de conduire des politiques dans la durée avec des majorités solidades, elles font fi des contre-pouvoirs. Dans la société française de 2012, aujourd'hui comme hier, d'ailleurs, les contre-pouvoirs n'existent pas. L'Assemblée nationale se couche devant le président, les syndicats de salariés sont faibles. Restent la rue, la grève, la manifestation. Nous ne sommes pas l'abri de soubresauts comme la France en a le secret.
Quand on constate la violence et la brutalité de la campagne des Sarkozystes, on peut même se poser la question de savoir s'ils ne cherchent pas un nouveau mai 68 avec une chambre bleu horizon à la clé ! Caroline Monnot est convaincue, enfin, que le Net va jouer un rôle sinon décisif, du moins essentiel, dans la campagne à venir. Le journal compte des journalistes jeunes, attentifs aux blogs, aux réseaux sociaux, aux circulations d'informations « mais rien ne remplacera le contact direct avec les politiques ni les enquêtes sur le terrain. »Tant mieux.

(1) Avec d'éminentes signatures : Pierre Viansson-Ponté, Raymond Barillon, André Laurens, Patrick Jarreau et évidemment Hubert Beuve-Méry…

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