Depuis plusieurs décennies les déremboursements se sont multipliés rendant pratiquement obligatoire l’adhésion à une complémentaire pour pouvoir se soigner et ouvrant là un fabuleux marché aux assurances privées.
Délibérément on plombe les comptes de la sécu, on détruit un système basé sur la solidarité pour offrir aux actionnaires privés un pactole sur lequel ils bavent depuis de nombreuses années. En 2001, la Sécurité Sociale présentait un excédent de 2.5 milliards d’euros. En 2003, elle présentait un déficit de 13 milliards d’euros, pourtant entre 2001 et 2003, ce n’était pas la crise. La masse salariale n’a pas diminué, au contraire, elle a augmenté sous l’effet conjugué des créations d’emplois et de la Rémunération Mensuelle Garantie nées de la loi des 35 heures. Les cotisations sociales ont donc augmenté. Alors pourquoi ce déficit vertigineux ? Simplement par le détournement d’impôts et taxes prélevés au nom du financement de la Sécurité Sociale mais réaffectés au déficit de l’état pour masquer les « frais de bouche du gouvernement, et le train de vie de nos dirigeants »
Entre autres ne serait pas reversées à la Sécurité Sociale par l’Etat, une partie des sommes et des taxes suivantes : - Taxe sur les tabacs - Taxe sur les alcools - Part maladies professionnelles de la TIPP - TVA sur les hôpitaux payée par la Sécurité Sociale - Taxe sur les industries polluantes .A cela s’ajouterait des charges indues supportées par le Régime Général à savoir le déficit des régimes particuliers au nom de la « Compensation Démographique ». Il y a aussi également de gros retards de paiement de la part des entreprises !
Il y a aussi « les escroqueries à la sécu ». Si un assuré social gruge le système et qu’en plus celui-ci est un étranger, cela alimente bien des propos, mais il faut savoir que les plus grosses escroqueries sont à mettre à la charge des professionnels de santé eux-mêmes. Le nombre de contrôleurs étant insuffisant et les sanctions quasi inexistantes, nombre d’actes de chirurgie esthétique sont remboursés sans aucune raison médicale et certains praticiens ont même prescrit des soins à des patients morts depuis deux ans ! Et dans des maisons de
convalescence, nombre de personnes signent en partant des tas de documents sans se soucier de vérifier si les actes décrits ont bien été pratiqués !
L’assurance maladie ne doit plus être la vache à lait de l’industrie pharmaceutique, des cliniques privées, de l’industrie des 3èmes et 4ème âges, des professions médicales libérales… Plus que jamais, la cohabitation entre un système solidaire et une organisation libérale des soins est une énorme contradiction. Les capitalistes veulent liquider un système qu’il faut au contraire amplifier.
Et pour 2012, quel programme pour sauver la sécu ? Sur les trente propositions du PS, dix concernent le social au sens large du terme : l’emploi, le travail, les salaires, la formation, les retraites, la dépendance, la santé. Mais rien ou quasiment rien n’est dit du financement de notre système de protection sociale. Le document du parti socialiste se borne à confirmer le rétablissement de la retraite à 60 ans et à indiquer qu’il serait fait appel à la solidarité nationale pour améliorer la prise en charge des personnes dépendantes. C’est un peu court. Dans ce domaine d’autres formations politiques bien à gauche ne devraient pas avoir trop de problèmes pour nous proposer une courageuse politique sociale.
Alain Lefeez
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire