Combien de disparitions tragiques en mer Méditerranée faudra-t-il encore pour que l’Union européenne se décide à assumer ses engagements internationaux et à accueillir les migrants qui, venant du Maghreb, se présentent actuellement à ses frontières ?
L’AEDH déplore la disparition des centaines de migrants somaliens et érythréens après que leur embarcation a chaviré près de l’île italienne de Lampedusa le 6 avril dernier. Elle reconnaît que l’Union européenne n’a, certes, pas pu anticiper le flux de migrants que généreraient les révolutions du monde arabe, mais elle estime que les états membres n’en ont pas moins la responsabilité d’accueillir dignement les migrants arrivés en Europe ces dernières semaines et de proposer des solutions pour contribuer à la réinstallation des dizaines de milliers de réfugiés qui, tentant de fuir la Libye, n’ont pas d’autre issue que de rejoindre la Tunisie ou l’Égypte.
La politique de sécurisation des frontières de l’Europe s’avère lourde de conséquences puisque, contraints de prendre toujours plus de risques pour éviter les contrôles, nombre de migrants trouvent chaque année la mort en tentant de déjouer les barrages dressés devant eux. Que l’Union européenne, par la voix de la Commissaire chargée des questions d’immigration, Cecilia Malmström, envisage de renforcer, une fois de plus, les moyens de Frontex témoigne du peu de prix que l’Europe attribue à la vie des « étrangers ».
Qu’en cette période - difficile mais réjouissante - de reconstruction démocratique et économique de la Tunisie, elle s’obstine à vouloir lui imposer le contrôle de ses frontières et le retour de ses ressortissants montre le peu d’ambition qu’elle accorde au partenariat euroméditerranéen.
L’Aassociation européenne pour la défense des droits de l'Homme (AEDH) rappelle que nul ne peut être privé du droit à quitter son pays. Migrer, quitter son pays, quel qu’en soit le motif est toujours un choix douloureux, mais un choix personnel qu’aucune mesure étatique, y compris d’enfermement, ne pourra empêcher dans un monde où circulent librement marchandises, services et capitaux et où la liberté de circulation des personnes est et doit rester un droit.
L’AEDH considère que l’Europe ne peut se décharger de sa responsabilité d’accueil des requérants sur les pays tiers et doit garantir un accès au territoire européen des migrants en quête d’asile ou de protection, du fait de la situation dans leur pays d’origine. L’accueil des migrants par les états membres ne doit pas se limiter à tolérer leur présence sur leur territoire mais doit concrètement engendrer l’octroi d’un titre de séjour. Dans ce contexte, elle estime choquant et indigne le jeu de poing-pong auquel se livrent certains États.
L’AEDH demande, en conséquence, au Conseil de l’Union de mettre en œuvre et sans délai le dispositif permettant d’accorder la protection temporaire prévue par la directive du 20 juillet 2001[1] à toutes les personnes pouvant s’en prévaloir.
L’AEDH appelle également l’Union européenne et les États membres à témoigner de leur solidarité internationale et de leur engagement à faire vivre la convention de Genève par l’accueil des réfugiés sub-sahariens ainsi qu’à la solidarité entre états membres dans l’accueil des migrants.
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