15 janvier 2011

La version officielle sur la mort des otages n'était pas la bonne

Antoine Glaser (Vigilance démocratique)
J'avais bien raison de ne pas prendre pour argent comptant les déclarations d'Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères et celles des membres du gouvernement peu après la mort des deux jeunes otages français morts au Niger…ou au Mali. Après la nécessaire période de consensus compassionnel, les déclarations des autorités nigériennes,  les résultats des autopsies pratiquées sur les corps calcinés ou meurtris, et maintenant le communiqué d'AQMI qu'il faut évidemment prendre avec des pincettes, on constate que l'intervention armée des Français n'est sans doute pas aussi simple et aussi claire qu'il y paraissait de prime abord. Et surtout elle a certainement abouti au destin tragique des deux jeunes habitants du nord de la France.

Hier soir, sur la cinq, lors de l'émission C dans l'air, Antoine Glaser, spécialiste de l'Afrique, expliquait que selon lui, la France avait décidé de changer de stratégie à l'égard des terroristes. Pierre Servent, journaliste, ancien officier de l'armée française acquiesçait avec prudence assurant que la théorie, aujourd'hui, visait à agir au cas par cas. François Loncle, que j'interrogeais ce matin, m'a affirmé que l'amiral Guillot, chef d'état major des armées, avait roulé les parlementaires dans la farine, lundi soir, en présentant les faits selon une vérité tronquée.

On sait maintenant que les soi-disant terroristes interpellés n'étaient autre que des gendarmes nigériens enlevés par les membres d'AQMI (1) après une embuscade tendue dans le désert et que ces gendarmes sont morts sous le feu français. La lettre des amis du jeune otage venu participer à la célébration du mariage d'un ami commun en dit long également sur le peu de confiance qu'ils accordent aux affirmations d'Alain Juppé. Celui-ci les a d'ailleurs invités à venir le voir pour qu'ils puissent en discuter avec lui.

A entendre Alain Juppé et l'utilisation qu'il fit du verbe « assumer » laissait comprendre une réalité plus difficile à accepter. Il semble bien que le gouvernement et le président de la République aient décidé de ne plus accepter les prises d'otages français dans le Sahel et c'est pourquoi des commandos et des matériels volants et au sol sont stationnés au Niger, en Mauritanie et sans doute ailleurs. Dominique de Villepin a raison d'affirmer que la seule conduite responsable est de sauver à tout prix la vie des ressortissants français. Que les terroristes considèrent chaque Français comme une cible potentielle, représentant de l'Etat sarkozyste, est stupide et criminel. Mais le fait est là. Et n'importe quel homme politique sensé devrait en tenir compte.

(1) Al Qaida au Maghreb islamique

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