Les conseillers municipaux de Louviers ont eu droit à un comité d'accueil composé d'une trentaine de porteurs d'eau, hier soir, à l'occasion de la réunion de l'assemblée communale. Ou plutôt de bouteilles d'eau portant des étiquettes (voir photo) d'un genre nouveau : « la facture d'eau est imbuvable, l'accès à l'eau potable est un droit fondamental, l'eau n'est pas une marchandise. » Autant de slogans repris en chœur par des manifestants aussi joyeux qu'une eau vive.
L'association pour l'amélioration de l'environnement et du cadre de vie (1) avait opté pour une prise de position publique et rayonnante à l'occasion de l'examen des rapports sur les services publics délégués : l'eau et l'assainissement, le ramassage et l'élimination des ordures ménagères, les transports publics. Tous services de la compétence de la communauté d'agglomération et dont la gestion est à des années-lumières de la transparence due aux citoyens.
Depuis plus de douze mois, maintenant, cette association agit localement pour défendre l'intérêt général et pour un retour en régie publique du service de l'eau et de l'assainissement. Nous avons, aujourd'hui, les preuves financières et matérielles des surcoûts, des surfacturations et pour tout dire des énormes bénéfices réalisés par la multinationale de l'eau sur le dos des usagers. Bien des communes de droite et de gauche s'emparent d'ailleurs à bras le corps de ces dossiers à la fois pour préserver la ressource et aussi pour protéger les familles des coûts exorbitants.
L'arrêt Olivet (et non l'arrêté) du conseil d'Etat permet aux communes courageuses de mettre un terme à leur contrat (ou de le renégocier) avec les sociétés privées après vingt ans. La ville de Louviers a la possibilité avec la CASE de mettre un terme au contrat avec Véolia en février 2015 ce que Franck Martin a toujours contesté. Hier soir, devant les élus, il a reconnu cette réalité juridique mais pour ajouter aussitôt que les compensations financières seraient telles qu'il n'est pas question de changer quoi que ce soit. On connaît bien des communes qui ont accéléré le processus sans pour autant être perdantes financièrement. Il y faut de la volonté, des avocats compétents et, surtout, du courage moral.
Le renoncement de Franck Martin est un double aveu. Un aveu d'impuissance, tout d'abord, face à ces mastodontes mondiaux de l'eau, et un aveu politique, ensuite, exprimant la conviction du maire de Louviers : les régies privées font mieux que les régies publiques. Franck Martin, maire et président de la CASE, levant les bras au ciel s'est écrié dans une entrée théâtrale: « tous des comiques » ! Le fou du roi n'est-il pas celui qui crie des vérités quand les courtisans et les cireurs de pompes n'osent pas l'ouvrir ?
(1) L'association tiendra son assemblée générale le samedi 27 novembre à 16 heures dans la salle Pierre Mendès France de l'hôtel de ville. Toutes les personnes intéressées par notre action seront les bienvenues.
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