Le 16 juin 1940, la France bascule dans le reniement, le renoncement, la lâcheté. Alors que Paul Reynaud, président du conseil, veut continuer la lutte contre les Allemands et qu'Edouard Herriot et Jules Jeannenay (1) sont sur la même ligne, il se trouve des généraux (Gamelin et Weygand) pour pousser à l'armistice et encourager le maréchal Pétain à revendiquer cette position au sein du gouvernement.
Le 16 juin 1940, il s'agit bien d'un naufrage. Emportés par la déferlante de l'invasion nazie, nombre de politiques se laissent aller au découragement. Il y a bien Georges Mandel et un certain colonel de Gaulle pour appeler à la poursuite des combats, il y a bien André François-Poncet, ancien ambassadeur à Berlin, pour encourager le pouvoir à gagner Alger et y poursuivre la lutte. Malgré la mort de 92 000 soldats français partis au secours de la Belgique et luttant sur des fronts désorganisés, Pétain devient président du conseil et demande l'armistice pour éviter aux militaires l'humiliation de la capitulation.
Éric Roussel, bien connu de la société d'études diverses de Louviers, était invité, samedi dernier, à évoquer son dernier ouvrage (2). Je n'ai pas pu assister à cette conférence mais j'ai lu son livre avec un grand intérêt. Il situe le 16 juin 1940 dans un contexte historique vaste qui va de 1919 à la défaite et explique bien pourquoi le pacifisme et la volonté de faire « payer » la République ont abouti à la signature dans le wagon de Rethondes.
Ce 16 juin 1940, c'est le triomphe de Laval. Cet ancien président du conseil, sûr de lui et de sa politique, va enfin pouvoir prendre sa revanche sur une Assemblée nationale et des hommes de gauche qu'il hait profondément. Le régime qu'il préconise ? Un régime autoritaire calqué sur les totalitarismes allemand et italien…mais qui ne serait pas une dictature !
Heureusement, il y eut l'appel de De Gaulle, la naissance de la France Libre, les balbutiements de la Résistance et le courage de Français et Françaises, d'étrangers aussi, juifs, communistes, socialistes, des Français de droite attachés à la patrie et à la liberté. « La Flamme de la Résistance ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas ». Pétain, après la libération a été condamné à mort puis gracié par De Gaulle. Laval a connu le même sort sans obtenir la grâce du pouvoir.
(1) Herriot et Jeannenay étaient présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat.
(2) « Le naufrage » 16 juin 1940. Les journées qui ont fait la France. Gallimard.
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