Les Amis de la terre ont analysé les activités du groupe pétrolier Total et leurs conséquences dans sept domaines : le changement climatique, le respect de l'environnement, les énergies renouvelables, le respect des droits humains, la transparence des revenus, la corruption et la publicité. « Afin de faire évoluer positivement les pratiques du groupe Total, les Amis de la Terre formulent des recommandations à son usage ainsi qu'à l'attention des pouvoirs publics français et européens et d'autres parties prenantes. »
Qui est Total ? Il s'agit d'une des plus puissantes entreprises du monde. Fondée en 1924, elle figure aujourd'hui parmi les cinq grandes majors pétrolières privées. Il s'agit de la première capitalisation boursière française, la quinzième mondiale. En 2007, Total a réalisé 158 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 12,2 milliards d'euros de bénéfice net, un rentabilité de 26 % pour une capitalisation de 130 milliards d'euros. Les Amis de la Terre constatent de graves lacunes éthiques et organisationnelles : Total appartient à 88 % à des investisseurs institutionnels (fonds de pension etc.). L'actionnariat individuel ne représente que 8 % du capital et les salariés moins de 4 %.
Les dirigeants ont des salaires mirobolants : en 2007, le président et le directeur général ont été rémunérés à hauteur de 4,8 millions d'euros soit 312 salaires minimum.
En termes de gouvernance, un administrateur dit indépendant entretient un conflit d'intérêt évident avec l'entreprise en tant qu'un de ses principaux actionnaires. La parité est un leurre : une femme pour 15 membres au sein du conseil d'administration ! Une femme pour 33 personnes au sein du comité directeur ! Quant aux énergies nouvelles, elles sont délaissées malgré les grandes déclarations des dirigeants sur le développement durable.
En 2007, Total a extrait 2,39 millions de barils de pétrole par jour dans 29 pays. Le groupe vend quotidiennement 3,8 millions de barils en produits raffinés : engrais, produits pétrochimiques, sans oublier la gaz naturel. Le continent africain est désormais la première zone de production avec 33 % des hydrocarbures produits en 2007. De graves problèmes éthiques se posent compte tenu de la nature des régimes qui dirigent les pays dans lesquels Total est présent : Libye, Nigéria, Angola, Congo, Cameroun, Gabon etc.) et du taux de corruption élevé qui y sévit.
L'enquête conduite par les Amis de la Terre démontre que les performances du groupe dans la limitation de production des gaz à effets de serre se dégradent : torchage (1) du gaz, extraction des sables bitumeux, charbon : « Les prévisions d'investissements massifs orientés vers des projets fossiles plus fortement émetteurs de GES (gaz à effets de serre) laissent prévoir une aggravation notable des mauvaises performances climatiques du groupe durant les prochaines années et décennies. »
S'agissant de l'environnement, Total est évidemment très marqué par le naufrage de l'Erika « dont les conséquences écologiques, économiques et sociales pour le littoral atlantique français en ont fait une des plus grandes catastrophes environnementales de l'histoire. » Le procès s'est tenu en 2007. Le groupe a été condamné pour faute caractérisée soit un versement solidaire de 200 millions d'euros d'indemnités à 70 parties civiles. En 2001 avait lieu l'explosion de l'usine AZF de Toulouse faisant plusieurs dizaines de morts et des milliers de blessés. Total nie toute responsabilité dans l'attente du procès. S'ajoutent des accidents de raffineries, de canalisations…quant aux investissements dans les énergies renouvelables, Total leur consacre des sommes dérisoires.
Sur le plan purement éthique, les activités de Total posent des gros problèmes. En Birmanie, notamment, le comportement du groupe est critiqué par nombre d'ONG et de forces syndicales dans le monde entier. La Birmanie est dirigée par une junte militaire qui opprime 50 millions d'habitants depuis 50 ans. Total vers 350 millions d'euros à cette junte chaque année pour exploiter un gisement de gaz…
La justice a agi contre certains dirigeants du groupe Total. Des mises en examen ont eu lieu contre eux pour complicité d'abus de biens sociaux, corruption d'agents publics étrangers, versements illégaux pour obtenir des contrats de concession. Il existe également des soupçons de corruption d'agents publics au Cameroun.
Le rapport conclut par une mise en cause du groupe qui laisse vraiment à désirer en matière de transparence de ses revenus, notamment dans les nombreux pays du sud où la corruption est structurelle. Enfin, Les Amis de la Terre accusent Total de mener des campagnes de publicité « donnant une image trompeuse du groupe aux consommateurs, en décalage avec ses activités réelles. »
Si j'ai publié ce texte, c'est parce qu'il me parait important de faire connaître au grand public un travail sérieux, précis, et parce que Les Amis de la Terre recommandent aux clients de Total et aux citoyens français de participer à la campagne sur la responsabilité environnementale et social de Total, en particulier, et des entreprises multinationales françaises et européennes en général.
Ce texte a été écrit sur la base du rapport rédigé par Les Amis de la Terre.
Contact : Gwenael Wasse, tel 01 48 51 18 99, e-mail : gwenael.wasse@amisdelaterre.org
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