Les législatives 2007 : «…J’ai, comme d’habitude, parcouru toutes les communes, tout mis en œuvre pour que nous parvenions à la victoire avec un formidable réseau militant. La tâche n’était pas facile d’autant qu’il y a eu cette extravagante candidature de Franck Martin, le maire de Louviers. Ne pouvant plus tenir à l’idée qu’il se fait que sa seule vocation soit d’être un jour député, il n’a pas pu s’empêcher de se présenter dans des conditions qui, non seulement ne lui laissaient aucune chance de gagner, bien entendu, mais encore avaient pour seul objectif de mettre la gauche en difficulté. J’observe, d’ailleurs, que j’ai été la seule cible de sa campagne et qu’il a employé des arguments indignes. Néanmoins, il a eu le succès qu’il méritait c’est-à-dire un score inférieur à 5 %. J’ai été quand même surpris de l’ampleur de sa défaite. Cela prouvait tout simplement que les électeurs avaient perçu la réalité de ce mauvais combat.
En ce qui me concerne, j’ai mené une campagne de proximité, de contact avec les élus, avec la population, j’ai eu un premier tour difficile puisque je n’ai rassemblé que 27 % du fait de la dissidence Martin et que j’avais en face de moi deux candidats de droite. J’ai fait un second tour équivalent à celui de 2002 puisque j’ai recueilli 53,5 % des suffrages. Et cela pour deux raisons. J’ai affronté une candidate qui manifestement a souffert de son parachutage. Les électeurs savent aussi que je ne suis pas sectaire et que je fais mon travail correctement…
…Dernier point, j’ai bénéficié de la formidable intuition politique de Laurent Fabius qui, au soir du premier tour, à la télévision, a dénoncé les projets du gouvernement et en particulier cette TVA sociale qui, pour l’instant, n’a pas vu le jour et qui a fait réfléchir les électeurs : « qu’est-ce qui va nous tomber dessus ! » Et depuis ils ont vu : les franchises médicales, le paquet fiscal, l’incacapité à assurer du pouvoir d’achat etc. mais il y avait surtout ce danger de TVA sociale, cet impôt injuste que Laurent fabius a fait avouer au ministre Borloo sur un plateau de télévision…»
Le cas Ingrid Betancourt… « Je pourrais écrire un livre. Je finirai peut-être par le faire. J’ai suivi cette affaire depuis le jour de sa capture. J’étais alors président de la Commission des affaires étrangères (c’était en janvier 2002) son ex-mari est venu me voir pour me raconter ce qu’il s’était passé et pour me demander d’intervenir. Depuis le premier jour, je suis ce dossier avec attention.
Les motivations d’Ingrid Bétancourt étaient incontestables puisqu’elle était candidate à la présidence de la République de Colombie. Mais sa démarche a été suicidaire, elle s’est jetée dans la gueule du loup. Cela n’empêche en aucune façon de compatir au drame qu’elle vit depuis plus de six ans. La réalité c’est qu’elle s’était livrée à une démarche électorale devenue tragique pour elle. La vérité c’est que tout le monde doit s’employer à obtenir sa libération, cela n’a que trop duré.
Depuis le début de cette affaire, les gouvernements successifs ont tout faux. On a cru qu’on pourrait traiter directement avec les FARC (Forces armées révolutionnaires colombiennes) ou les amadouer. Quant aux FARC, il s’agit d’une entreprise de barbarie absolue même s’il y a quelques illuminés en France qui pensent que les FARC sont une organisation révolutionnaire telle que celles qui ont occupé le souvenir en Amérique latine.
En réalité, cette entreprise de barbarie n’a aucun motif politique sérieux, elle trafique la drogue, elle vit là-dessus et vit aussi de la capture des citoyens colombiens ou étrangers. Traiter avec les FARC, pour nous Français, c’est d’une absurdité totale. Le problème ne pourra être résolu que si c’est le président colombien, Uribe, qui traite avec les FARC et personne d’autre. Qu’il y ait des interventions à la Hugo Chavez (président du Vénézuela) pourquoi pas si cela peut mener à des actions humanitaires ou des libérations ? En France, on a fait de la libération d’Ingrid Bétancourt une priorité absolue, on en a fait une icône et ainsi on augmente sa valeur marchande. Je souhaite de tout mon cœur qu’elle soit libérée mais je crains qu’elle ne soit la dernière des détenues politiques à l'être. Elle a trop de valeur médiatique aux yeux des FARC !
…Il y a eu de la part du gouvernement français la rocambolesque et lamentable équipée de M. De Villepin qui a envoyé un avion dans la jungle en 2003 pour tenter de récupérer Ingrid Bétancourt qui était prisonnière et qui n’a rien pu faire d’autre que de constater son malheur. Il y a eu ensuite des démarches totalement inefficaces ou inopportunes. Philippe Douste-Blazy a essayé, sur le plan humanitaire de faire quelque chose mais Bernard Kouchner comme il le fait souvent a confondu les choses, brouillé les pistes…
…Si j’ai accompagné bernard Kouchner en Colombie c’est parce que je lui avais envoyé une note dans laquelle je formulais quelques conseils amicaux comme par exemple cesser d’utiliser le directeur des Amériques au Quai d'Orsay qui n’a fait que des erreurs depuis le début de cette affaire. Il est le beau-frère d’Ingrid Bétancourt et il a confondu affaire de cœur et affaire d’Etat. Je lui avais demandé de faire en sorte que la famille d’Ingrid Bétancourt, à Paris, son ex-mari en l’occurrence (pas en Colombie où cette famille est digne et agit avec mesure) se taise car à chaque fois qu’il prend la parole c’est contre-productif et négatif pour la cause qu’il prétend défendre. Selon moi, j'insiste beaucoup là-dessus, la solution passe par le président Uribe et personne d’autre.
J’ai dit à Bernard Kouchner qu’il fallait diriger les contacts, le dialogue et le travail exclusivement vers lui. C’est pourquoi il m’a demandé de l’accompagner. Il s’est comporté là-bas de manière intelligente. Hélàs, Les conseillers ont repris le dessus, la confusion a repris son cours dès que Bernard Kouchner est rentré en France. On assiste, depuis, aux mêmes pataugeages comme l’envoi de cet avion humanitaire alors qu’on savait très bien qu’il n’y aurait aucun résultat à la clé. C’est simplement pour rassurer l’opinion et quelques gogos. Et laisser croire qu’on fait quelque chose.
Je suis très sévère à l’égard du gouvernement car il s’agit de vies humaines. Mais jusqu’au bout j’aiderai tous ceux qui me le demanderont et j’unirai tous les efforts pour libérer Ingrid Betancourt. Car le cas Betancourt n'est pas une affaire partisane…»
Les mémoires sont courtes et on oublie un peu trop vite ce que font les uns et les autres. Sur le cas Martin, il n'est pas inutile de rappeler la violence des écrits du candidat PRG à l'égard de François Loncle. Il traitait le député sortant, son collègue au conseil municipal de Louviers, de vieillard gâteux et voulait le renvoyer « au musée d'Epinay. »
Quant à l'analyse du cas Betancourt, les faits ont donné raison à François Loncle. La solution passait par le président Uribé et pas par les négociateurs envoyés dans la jungle par Nicolas Sarkozy. On apprend aujourd'hui, qu'un Suisse a versé 500 000 dollars du compte vénézuélien en faveur de Reyes le numéro 2 des FARC, mort depuis !
François Loncle n'avait pas prévu (qui le pouvait ?) l'opération conduite par l'armée colombienne et qui a magnifiquement réussi.
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