23 mai 2008

« Un Grenelle du sport français ! »


Dans une tribune libre parue dans le JDD du 18 mai dernier, Bernard Amsalem, président de la Fédération française d'athlétisme met en cause sévèrement la politique sportive suivie par Roselyne Bachelot et Bernard Laporte. D'ailleurs, invité aujourd'hui sur France Inter, à répondre aux arguments avancés par l'ancien maire de Val-de-Reuil, l'admirateur de la lettre de Guy Moquet n'en menait pas large. Quand il répondait, il était à côté de la plaque, et quand il ne répondait pas, ses silences pesaient lourds. En tout cas plus lourd que le budget du sport qui s'établit, précise Bernard Amsalem, à 0,2 % du budget de l'Etat autrement dit une misère.
Et comme on est en période de vache maigre, Bernard Laporte va devoir crier « maman j'ai rétréci mes potes » ! Ces potes des sports collectifs et des fédérations qui, l'une après l'autre, ont appris que la subvention que l'Etat leur verse allait être amputée de 10 %. Vous me direz, 10 % de peu, c'est pas grand-chose. D'accord mais justement, quand on en a peu, on y tient beaucoup ! D'autant que certaines fédérations (les plus riches ou les moins correctes politiquement ?) vont perdre jusqu'à 30 % de leur subvention 2007.
Bernard Amsalem énumère les conséquences de ces économies forcées : diminution drastique des athlètes de haut niveau, baisse forte et rapide des aides aux fédérations, remise en cause du statut de nombreux cadres techniques d'Etat et suppression de nombreux postes. Comme il fallait s'y attendre, quand l'Etat a les poches vides, il fait celles des autres. C'est ainsi que les collectivités locales vont récupérer les questions sociales et de santé. Cette politique de transfert de charges sur les régions et les départements est d'autant plus facile que la majorité d'entre eux sont « gouvernés » par la Gauche. Après, on reprochera à cette dernière de mal gérer les finances publiques puisque, tôt ou tard, les régions et les départements devront augmenter les impôts car il leur est interdit (ce n'est pas comme l'Etat) de présenter des budgets en déficit. Plus on a de services à assurer et de personnels à payer plus il faut augmenter les dépenses. CQFD.
Autre solution décrite par Bernard Amsalem : l'appel aux investisseurs privés. Le sport est un domaine où la compétition côtoie le loisir. Où l'amateur et le professionnel doivent s'équiper, s'entrainer, s'affronter parfois…il faut des terrains, des stades, des pistes, des gymnases, des salles de sport…Jusqu'à maintenant, la puissance publique y pourvoyait. Que va-t-il se passer demain ? Et le mouvement sportif ? Lui aussi va « morfler » puisque les crédits ministériels vont diminuer sans compensation possible par les ressources issues des prélèvements sur les jeux, eux aussi en diminution.
Le sport en France ne tient que parce que des dizaines de milliers de bénévoles s'investissent personnellement dans l'animation, l'encadrement, la gestion, la vie associative : « Ces bénévoles, insiste Bernard Amsalem, sont essentiels dans le domaine de l'insertion sociale et professionnelle des jeunes ou encore de la santé publique. » Et le président de la FFA de lancer un cri d'alarme pour que l'irréparable ne soit pas commis. « Pour qu'une table ronde se tienne avec la présence de tous les protagonistes : Etat, fédérations, mouvement sportif. Pourquoi pas un Grenelle du sport ? »
Comme par hasard, l'annonce des mauvaises nouvelles intervient quelques semaines avant l'Euro de football (qui peu me chaut) et les Jeux Olympiques de Pékin où M. Sarkozy sera tout fier (si cela arrive) de poser pour la photographie avec les médaillés du sport français. En attendant, Bernard Amsalem invite les sportifs à se mobiliser et à faire savoir en haut lieu qu'ils ne se laisseront pas faire même s'ils sont incapables de bloquer les ports et les dépôts d'essence. Encore que…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Un autre parent pauvre : la culture. Qu'il est loin le temps où persque 1% du budget de la nation était consacré à la culture (il me semble que l'on est maintenant à environ 0,3%).

Le sport, la culture, mais aussi et bien sûr l'éducation... des mots qui résonnent dans ma tête en cette journée.