16 mai 2008

Maurice Pons et Norman Mailer

Séance de dédicaces au salon du livre à Paris en 2006
lors de la sortie de Douce-amère aux éditions Le dilletante

(ce recueil de nouvelles publié pour la première fois en 1985 chez Denoël
avait obtenu le grand prix de l'Académie française)


Le journal Le Monde publie, chaque jour, une page de ses éditions de mai 68. Sur la première page du journal daté du 15 mai 1968, on peut lire une publicité de l'éditeur Grasset vantant les mérites d'un livre de Norman Mailer. « Pourquoi sommes-nous au Vietnam ? » est un livre complètement de son époque puisque les pourparlers entre les Nord-Vietnamiens et les Américains avaient lieu à Paris pendant les événements de mai. Que lit-on sous le titre du livre ? « Quelle verve, quelle force, quel humour féroce, et quelle beauté jaillissent de ces pages folles et exhubérantes. Un prodigieux écrivain. » L'auteur de ces lignes choisies par l'éditeur pour promouvoir le livre de Norman Mailer est Maurice Pons. Notre ami Maurice Pons.
A cette époque, Maurice habitait déjà au Moulin d'Andé. En plus des romans personnels qui ont eu un vrai succès auprès des amateurs de très bonne littérature, Maurice Pons était critique, traducteur, auteur de scénarii pour le cinéma ou, déjà, la télévision. Il lui arrivait même d'écrire des chansons ce qui n'étonnera pas ceux qui savent qu'il aime chantonner.
Maurice Pons est toujours au Moulin d'Andé. Il va et vient entre Andé et Paris où on l'a fait, l'an dernier, chevalier des Arts et des Lettres. « Les Mistons », une nouvelle qui inspira Truffaut, « Virginales » « Les saisons » « Rosa » « Mlle B » « La Maison des Brasseurs »… autant de titres de nouvelles, d'essais ou de romans, qui jalonnent la vie de celui que nous n'hésitons pas à qualifier de grand écrivain. Un écrivain qui prêta sa plume pour écrire plus qu'un mot, des biographies et des histoires romancées.
En mai 1968, Maurice Pons était un compagnon de route du Parti communiste Français. Il signa en 1960 le manifeste des 121 contre la torture, contre le militarisme pendant la guerre d'Algérie qu'ils qualifièrent de guerre coloniale. Avec ses 120 confrères, Maurice Pons fut interdit. A ses côtés, on comptait des hommes et des femmes très illustres (voir le site du Monde diplomatique) qui ont souffert moralement et financièrement des conséquences d'un acte considéré aujourd'hui comme historique.
En mai 2008, Maurice Pons est conquis par la musique. Elle vit, elle bat, elle se promène depuis des années dans le parc du Moulin d'Andé et dans le théâtre que fit aménager Suzanne Lipinska. Comment évoquer le Moulin et Maurice Pons sans saluer cette grande dame toujours prête à soutenir les causes les plus justes, aux Antilles, en Afrique, en Caraïbes, en Asie…
D'une page du monde du 15 mai 1968, nous avons fait un petit saut jusqu'en 2008. Quand on sait qu'il a fallu attendre le 30 avril 1975 pour que Saïgon devienne Ho Chi Min ville, on mesure l'ampleur des dommages et des souffrances (morts et blessés) qu'a causés la guerre du Vietnam. Norman Mailer n'a jamais trouvé de vraie réponse à sa question : « Pourquoi sommes-nous au Vietnam ? »…
« Pourquoi sommes-nous en Irak ? » « Pourquoi sommes-nous en Afghanistan ? » Que de livres encore à écrire…et de douleurs à supporter.

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