Notre photo : J'ai retrouvé dans mes archives cette photographie d'Henri Fromentin datant de 1989. Elle le montre tel qu'il est. Le regard droit, la conviction intacte, la volonté totale. Cet homme de gauche exceptionnel, déporté résistant à 18 ans, imprimeur par filiation et goût personnel, militant d'une générosité et d'une valeur inestimables, savait s'opposer. Jamais il ne fut médiocre ou vil. Jamais il n'eut à se poser cette question que certains devraient pourtant se poser : quelle est la ligne de partage entre vos convictions de combat pour la Gauche et la paranoïa nécessaire à votre autorité de chef ?
A l'occasion de l'attaque portée contre la presse, Nicolas Sarkozy a fustigé les médias qui suppléent, selon lui, une opposition inexistante : « Quand il n'y a pas d'opposition, la presse s'arroge ce rôle. » Que faut-il penser de cette phrase rapportée par un député UMP après la rencontre des parlementaires avec le Président de la République plus que jamais chef du parti majoritaire face au rôle mineur joué par Patrick Devedjian et Jean-Pierre Raffarin ?
Depuis les élections législatives de juin 2007, il est vrai que la principale force d'opposition — le Parti socialiste — a eu du mal à se remettre des deux graves échecs que furent la présidentielle et l'élection des députés. François Hollande, premier secrétaire du PS, l'affirmait un an avant l'élection : « Nous n'avons pas le droit de perdre, nous ne pouvons pas perdre. » Et pourtant…
Un champ de ruines
La campagne interne entre les trois postulants a été séduisante et démocratique mais elle a laissé un champ de ruines dans la mesure où la droite s'est emparée des arguments de Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn pourt tomber sur Ségolène Royal à bras raccourcis. La compétence de Ségolène a constamment été mise en cause et sa crédibilité en a pâti tout au long de la campagne. Le fait qu'elle ait contourné le PS pour être désignée in fine (où sont passés les dizaines de milliers de militants-adhérents-supporteurs à 20 euros ?) qu'elle ne se soit pas du tout appuyée sur les forces militantes du PS et son premier secrétaire (pour des raisons intimes qui n'ont été dévoilées qu'après l'élection) qu'elle ait improvisé nombre de réponses sur des sujets essentiels : l'école, le budget, le poste de premier ministre à Bayrou, l'ouverture au MODEM, certains aspects de politique étrangère…qu'elle ait ensuite avoué que certains thèmes (le SMIC à 1500 euros) lui avaient été imposés contre son gré…tout cela a contribué à créer du désordre dans la maison socialiste.
Mutisme
Le mois qui a précédé les législatives a suscité un vrai mutisme au PS (on verra plus tard, tel était le mot d'ordre) sur l'analyse de la défaite et je ne suis pas certain que celle-ci ait été conduite à son terme comme ne l'a pas été, non plus, l'analyse de la victoire du Non au référendum sur le projet de traité européen. Si le débat est mort né, il n'y a pas de débat. Sans débat, pas de clarté. Alors la confusion est mère de toutes les aventures individuelles. Valls, Royal, Moscovici, Dray, Bartolone, Delanoë…il y a du monde dans la maison du père et c'est bien pour cela que le PS est inaudible.
Quand cinq, dix, vingt personnes parlent au nom d'un parti politique, ils expriment des points de vue individuels et sont incapables de rassembler. Sarkozy s'appuie sur son comportement personnel. Son analyse repose sur sa prise de l'UMP en 2004 et le rapport au chef qui en a découlé. Les bonapartiste ne le sont pas pour rien. Et Sarkozy a sûrement raison sur ce point : l'opposition n'existe pas parce qu'elle ne parle pas d'une seule voix, d'une voix forte, une voix (d'homme ou de femme) qui serait animée d'idéaux, de valeurs, de projets susceptibles de rassembler une majorité de Français. Alors que Sarkozy est au plus bas, les Français demeurent timides face à la Gauche. Ils ne la croient pas capable de se transcender.
Que va-t-il se passer au PS ? Les Français de gauche ou non, ont le droit de savoir où veut aller, où va aller la principale force d'opposition celle qui a gagné les municipales et les cantonales. Ils ont le droit de savoir quelle idée globale a motivé la nouvelle Déclaration de principes soumise aux militants ainsi que le changement de statuts.
Attention, danger !
En l'état, la Déclaration de principes plait à certains centristes, à certains radicaux de gauche alors, attention, il y a danger ! Les socialistes ne doivent pas devenir des gestionnaires du quotidien ou du capitalisme financier. Ils ne doivent pas non plus renoncer à ce qui fait leur originalité : accepter le pouvoir pour conduire une politique sociale plus juste et donc pour mieux répartir les richesses. La Gauche doit également agir pour le respect de la dignité de chacun, l'éducation, la recherche…l'égalité, la Laïcité. J'écris la Gauche car le Parti socialiste n'est pas seul. Le PCF subsiste, les Verts résistent, les radicaux de gauche vivotent, l'extrême gauche devient policée sous l'infulence d'Olivier Besancenot et tous les Français non partisans, mais favorables à la gauche, attendent du PS qu'il soit le fédérateur, l'unificateur pour l'alternance et la victoire présidentielle.
Dans un manifeste dit d'Union des gauches écrit à Louviers en 1965, on trouve cette phrase : « Toi qui sais que la dignité c'est d'accepter de s'exprimer au-dehors en refusant que le dehors s'exprime à travers toi, par le conditionnement, la propagande, le sectarisme, le racisme, jusqu'à l'angoisse de vivre, jusqu'au besoin impérieux du refuge dans la propriété, la possession, l'avilissement d'autres hommes… » Voilà une phrase qui demeure totalement actuelle et que nous dédions à Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux. Elle pourrait être le levain d'une opposition de gauche pétrie dans le socialisme et son rapport à l'histoire. Pas seulement celle de la SFIO ou du PS et de son nouveau corpus idéologique.
Depuis les élections législatives de juin 2007, il est vrai que la principale force d'opposition — le Parti socialiste — a eu du mal à se remettre des deux graves échecs que furent la présidentielle et l'élection des députés. François Hollande, premier secrétaire du PS, l'affirmait un an avant l'élection : « Nous n'avons pas le droit de perdre, nous ne pouvons pas perdre. » Et pourtant…
Un champ de ruines
La campagne interne entre les trois postulants a été séduisante et démocratique mais elle a laissé un champ de ruines dans la mesure où la droite s'est emparée des arguments de Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn pourt tomber sur Ségolène Royal à bras raccourcis. La compétence de Ségolène a constamment été mise en cause et sa crédibilité en a pâti tout au long de la campagne. Le fait qu'elle ait contourné le PS pour être désignée in fine (où sont passés les dizaines de milliers de militants-adhérents-supporteurs à 20 euros ?) qu'elle ne se soit pas du tout appuyée sur les forces militantes du PS et son premier secrétaire (pour des raisons intimes qui n'ont été dévoilées qu'après l'élection) qu'elle ait improvisé nombre de réponses sur des sujets essentiels : l'école, le budget, le poste de premier ministre à Bayrou, l'ouverture au MODEM, certains aspects de politique étrangère…qu'elle ait ensuite avoué que certains thèmes (le SMIC à 1500 euros) lui avaient été imposés contre son gré…tout cela a contribué à créer du désordre dans la maison socialiste.
Mutisme
Le mois qui a précédé les législatives a suscité un vrai mutisme au PS (on verra plus tard, tel était le mot d'ordre) sur l'analyse de la défaite et je ne suis pas certain que celle-ci ait été conduite à son terme comme ne l'a pas été, non plus, l'analyse de la victoire du Non au référendum sur le projet de traité européen. Si le débat est mort né, il n'y a pas de débat. Sans débat, pas de clarté. Alors la confusion est mère de toutes les aventures individuelles. Valls, Royal, Moscovici, Dray, Bartolone, Delanoë…il y a du monde dans la maison du père et c'est bien pour cela que le PS est inaudible.
Quand cinq, dix, vingt personnes parlent au nom d'un parti politique, ils expriment des points de vue individuels et sont incapables de rassembler. Sarkozy s'appuie sur son comportement personnel. Son analyse repose sur sa prise de l'UMP en 2004 et le rapport au chef qui en a découlé. Les bonapartiste ne le sont pas pour rien. Et Sarkozy a sûrement raison sur ce point : l'opposition n'existe pas parce qu'elle ne parle pas d'une seule voix, d'une voix forte, une voix (d'homme ou de femme) qui serait animée d'idéaux, de valeurs, de projets susceptibles de rassembler une majorité de Français. Alors que Sarkozy est au plus bas, les Français demeurent timides face à la Gauche. Ils ne la croient pas capable de se transcender.
Que va-t-il se passer au PS ? Les Français de gauche ou non, ont le droit de savoir où veut aller, où va aller la principale force d'opposition celle qui a gagné les municipales et les cantonales. Ils ont le droit de savoir quelle idée globale a motivé la nouvelle Déclaration de principes soumise aux militants ainsi que le changement de statuts.
Attention, danger !
En l'état, la Déclaration de principes plait à certains centristes, à certains radicaux de gauche alors, attention, il y a danger ! Les socialistes ne doivent pas devenir des gestionnaires du quotidien ou du capitalisme financier. Ils ne doivent pas non plus renoncer à ce qui fait leur originalité : accepter le pouvoir pour conduire une politique sociale plus juste et donc pour mieux répartir les richesses. La Gauche doit également agir pour le respect de la dignité de chacun, l'éducation, la recherche…l'égalité, la Laïcité. J'écris la Gauche car le Parti socialiste n'est pas seul. Le PCF subsiste, les Verts résistent, les radicaux de gauche vivotent, l'extrême gauche devient policée sous l'infulence d'Olivier Besancenot et tous les Français non partisans, mais favorables à la gauche, attendent du PS qu'il soit le fédérateur, l'unificateur pour l'alternance et la victoire présidentielle.
Dans un manifeste dit d'Union des gauches écrit à Louviers en 1965, on trouve cette phrase : « Toi qui sais que la dignité c'est d'accepter de s'exprimer au-dehors en refusant que le dehors s'exprime à travers toi, par le conditionnement, la propagande, le sectarisme, le racisme, jusqu'à l'angoisse de vivre, jusqu'au besoin impérieux du refuge dans la propriété, la possession, l'avilissement d'autres hommes… » Voilà une phrase qui demeure totalement actuelle et que nous dédions à Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux. Elle pourrait être le levain d'une opposition de gauche pétrie dans le socialisme et son rapport à l'histoire. Pas seulement celle de la SFIO ou du PS et de son nouveau corpus idéologique.
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