30 novembre 2020

L'Académie de Versailles corrige sa boulette : trouver le remplaçant de Samuel Paty sur le site de Pôle emploi

 

Dans un premier temps le rectorat de Versailles a publié une annonce sur le site de pôle emploi : « L’académie de Versailles recrute professeur-professeure pour enseigner l’histoire et la géographie au collège du Bois d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine. Diplôme requis, licence d’histoire ou de géographie ou de science politique. Bonne culture générale. »

 

Le syndicat des professeurs d’histoire et de géographie a réagi aussitôt :

« Que l'on cherche à remplacer un collègue, cela se comprend bien évidemment, mais comment imaginer que les services de l'Académie de Versailles en charge de la gestion des ressources humaines ne se soient pas posés la question une seule seconde, de l'effet que pouvait avoir cette annonce ?

 

Comment imaginer ?


Comment imaginer que la dizaine d'inspecteurs pédagogiques régionaux de notre discipline, exerçant dans l'académie de Versailles, et donc en charge du recrutement des contractuels, n'aient pas été interrogés à ce propos ? Mais dans ce cas d'espèce, le pire n'est pas seulement probable mais certain. Nous avons bien là la démonstration de l'existence de services « hors-sol », déconnectés de la réalité du terrain. Le poste de Samuel Paty n'est qu'une variable qu'il convient d'ajuster, et l'objectif est évidemment de tourner la page, sans imaginer les conséquences à long terme de ce qui s'est produit dans cet établissement. Les discours lénifiants sur « l'école de la république » sonneraient-ils creux ? Une technostructure sans âme se chargerait-elle de faire tourner une machine qui n'a plus aucune considération pour l'humain ? On peut comprendre que les candidats ne se bousculent pas au portillon pour prendre ce poste, surtout lorsque l'on annonce une fourchette de salaire suffisamment large pour laisser place à l'interprétation. Mais au-delà du salaire, c'est bien d'un poste à profil qu'il s'agit.


Quel héritage devra porter celui qui remplacera Samuel Paty ?


Comme d'habitude, pour ne pas dire tout le temps, on se contentera de lâcher un contractuel dans le grand bain. Notre préoccupation n'est pas de dénoncer ce qui relève bel et bien d'une forme d'inhumanité en matière de gestion des ressources humaines, mais en tant qu'association de spécialistes de l'enseignement de l'histoire et la géographie, et dans le contexte de Conflans-Sainte-Honorine, nous avons des questions à poser. Sera-t-il accompagné ? Recevra-t-il une formation spécifique ? Nous aimerions bien avoir quelques certitudes. L'enseignement moral et civique ne s'improvise pas. Assumer cette mission c'est vouloir clairement poursuivre sur la voie que Samuel Paty a pu tracer, celle d'un enseignant qui a refusé tout compromis sur la liberté d'expression. Peut-on se contenter d'un « débutant accepté » au détour d'une annonce sur pôle emploi ? Quelle image donne-t-on de notre métier de professeur d'histoire-géographie, passeur de savoirs et éducateur à la citoyenneté ? Trouveriez-vous cela ailleurs ! »

 

L’Académie de Versailles a publié un communiqué ce dimanche à 15h15 : « Cette annonce inappropriée est une maladresse de nos services. Deux enseignants expérimentés, titulaires et volontaires ont été nommés depuis deux semaines pour prendre en charge les élèves de Samuel Paty au collège du Bois d’Aulne. » Ce communiqué rectificatif était attendu. Il est le bienvenu.

29 novembre 2020

Le gouvernement doit supprimer l'article 24 de la loi sur la sécurité globale

Lors de la création des réseaux de vidéo surveillance, j’ai milité contre les risques que cette technique faisait courir aux libertés individuelles et collectives. Les élus affirmaient, pour justifier leur usage, que la vidéo surveillance contribuait à la prévention des délits, sans être totalement affirmatifs sur la garantie de la vie privée et donc de l’intimité. S’il est vrai que les caméras ne sont ni de droite ni de gauche, elles ont été pendant de longues années une exclusivité pour ceux et celles qui réclament une forme de contrôle de nos vies mettant ainsi en cause une liberté démocratique fondamentale : celle d’aller et venir où bon nous semble.

 

Les temps ont changé. La violence sociétale augmente et bien des élus de gauche ont décidé d’installer des systèmes de vidéo surveillance dans les villes qu’ils dirigent allant même jusqu’à accepter de se doter d’une police municipale ce qu’ils refusaient jusqu’aujourd’hui comme Anne Hidalgo à Paris. Les mentalités ont donc évolué au fil du temps et les dangers, terroristes notamment, aussi. Sans l’intervention de la police municipale de Nice, le coupable de l’assassinat de plusieurs personnes présentes dans une église, aurait pu poursuivre son œuvre criminelle.

 

La loi sur « la sécurité globale » actuellement discutée au Parlement, avec le fameux article 24 qui, sur le papier, devrait protéger les policiers, tord le cou à une autre liberté fondamentale : la liberté de la presse. Comment imaginer que dans la France de 2020, une loi puisse empêcher des journalistes de photographier ou filmer les interventions des forces de l’ordre sous prétexte que lesdits journalistes (ou des citoyens ordinaires) auraient « l’intention » de nuire physiquement ou psychiquement aux pratiquants de la « violence légitime », seule violence admise dans une démocratie. Ce délit intentionnel, s’il n’est pas rejeté par le Parlement, sera sans doute jugé anticonstitutionnel car on voit mal comment prouver un délit non encore concrétisé.

 

La scandaleuse agression dont a été victime le producteur (noir soit dit en passant) parisien de la part de quatre policiers filmés par des caméras de surveillance dans ses locaux professionnels démontre, s’il en était besoin, que sans ces images, jamais la vérité n’aurait pu être administrée. La parole des policiers assermentés pèse toujours plus lourd devant les juges que les affirmations d’un citoyen lambda. Qui plus est, cette agression a été aggravée par des propos racistes et des faux en écritures publiques, les auteurs des coups ignorant qu’ils avaient été filmés…Ces policiers « font honte » à la France, comme le dit le Président de la République. Ils seront sans doute révoqués à la suite des enquêtes et des poursuites pénales à venir.

 

Pour autant, et on l’a encore déplorée hier à Paris à la fin de la manifestation pour défendre la liberté de la presse, les policiers et gendarmes sont eux aussi victimes de la violence. Des autonomes, des casseurs, des voleurs aussi, ont pris l’habitude de polluer les défilés citoyens très majoritairement pacifiques. D’où les gaz lacrymogènes, l’usage des LBD si dangereux et les interpellations musclées. Les auteurs échappent, pour la majorité d’entre eux, aux foudres de la loi pénale. Il appartient aux autorités légales de mettre au point des stratégies préventives en amont ou punitives en aval. En fait, ce qui est en cause c’est la chaine de commandement : les policiers en première ligne reçoivent-ils des ordres discutables et si oui, de la part de qui ? Le directeur général de la police nationale et le préfet de police détiennent la réponse…à moins que M. Darmanin, le ministre de l'Intérieur, ne la possède lui-même ?

26 novembre 2020

Il n'existe pas de vaccin contre le narcissisme trumpiste

  Trump ? Un pervers polymorphe, bon pour les cabinets de psys spécialisés dans la décompensation ou la dépression. Quand on est comme lui tourné uniquement sur soi-même, on prend de grands risques mentaux quand le monde s’écroule autour de vous. Evidemment, si on dirige la Russie ou la Chine, le problème ne se pose pas puisque les dirigeants, à la suite de fraudes massives ou l’existence d’un parti unique, s’accrochent au pouvoir jusqu’à leur mort ou le prochain coup d’état. L’Amérique des pères fondateurs ne nous avait pas habitués à cela : elle a connu le pire après les quatre ans de Trump mêlant mensonges, insultes, manœuvres, racisme, nationalisme… jusqu’à plus soif. Trump vient même de gracier l’un de ses proches empêtré dans l’affaire russe.

 

La victoire de Jöe Biden a été acquise au vote populaire par plus de six millions de voix d’écart ! Jamais un président des Etats-Unis n’avait réalisé un tel score. Si, dans les « swing states » il s’en est fallu de quelques dizaines de milliers de voix pour assurer la victoire du candidat démocrate, il n’en reste pas moins que Trump continue de crier à la fraude et de se déclarer vainqueur de l’élection ! Derrière cette façade, se cache un plan machiavélique.

 

Tout d’abord, il s’agit pour lui de conserver un électorat mobilisé en Géorgie où la majorité au Sénat se jouera le 5 janvier prochain. Deux sénateurs doivent en effet être élus ce jour-là puisqu’aucun des candidats n’a obtenu la majorité absolue au premier tour. Les démocrates sont déjà en campagne et eux aussi vont décréter la mobilisation générale à Atlanta et à Savannah. La victoire se jouera dans un mouchoir de poche alors même que les deux candidats républicains sortants font l’objet de critiques acerbes quant à certains de leurs comportements financiers notamment. Ce qui se jouera le 5 janvier prochain c’est la majorité au Sénat : soit les républicains la conservent et mènent la vie dure à Joe Biden, soit Kamala Harris (la nouvelle vice-présidente) aura une voix prépondérante en cas de victoire des candidats démocrates ! Excusez du peu. On peut s’attendre à un dépouillement fébrile surtout si des milliers d’électeurs(trices) optent pour le vote par correspondance puisque la pandémie va continuer ses ravages.

 

Ensuite, Trump doit préparer ses rendez-vous avec la justice civile et pénale. Comme homme d’affaires, il passé sa vie dans les prétoires et le paysage lui est familier (3500 procès). S’il ne se gracie pas lui-même, ce qui serait une première dans l’histoire des USA il ne pourra éviter ses rencontres avec les divers procureurs de l’état de New York notamment pour fraude fiscale, et d’autres procureurs pour viols et escroqueries diverses.

 

Enfin, continuer à crier au scandale lui permet de délégitimer Biden et de nuire à sa politique. La plupart des Républicains se taisent ou le suivent. Ils sont quelques poignées à avoir félicité Joe Biden et à avoir reconnu sa victoire incontestable. Les différentes actions judiciaires engagées par le mafieux Giuliani, entre autres, se sont toutes soldées par des déconvenues. Trump va jusqu’à convoquer des élus républicains (ceux du Michigan notamment) pour les empêcher de certifier le résultat des élections au mépris de toutes les lois fédérales. Rien n’y a fait, les délégués républicains n’ont pu que constater la défaite du président sortant.

 

La transition est en cours. Joe Biden nomme les premiers de ses ministres. Il privilégie compétence et diversité. Le secrétaire d’Etat (ministres des affaires étrangères) est même un francophone francophile qui a étudié à Paris. Il faudra évidemment les juger sur leurs actes et non sur la promesse d’une action « normale » après quatre années chaotiques dont la plus triste illustration est la gestion désastreuse de la pandémie. Malheureusement il n’existe pas de vaccin contre le narcissisme poussé à l’extrême. Donald Trump est incurable.

15 novembre 2020

« Qui tient l'eau tient le pays » : un collectif demande le retour en régie publique de l'eau et de l'assainissement

 

Il y a peu de temps, j’ai présidé une association aujourd’hui dissoute qui avait pour nom « Association pour le retour en régie publique des services publics de l’eau et de l’assainissement ». Nous avons avec de nombreux et nombreuses militant(e)s issu(e)s de partis et de mouvements différents agi auprès de la Communauté d’agglomération Seine-Eure alors présidée par Franck Martin, pour que ces compétences obligatoires reviennent dans le giron collectif. Face à l’obstination de la majorité de la CASE d’alors, nous n’avons pu obtenir gain de cause mais les graines semées sont peut-être sur le point de germer.

 

La Communauté d’agglomération Seine-Eure se trouve en effet à la croisée des chemins puisque ces services publics doivent prochainement faire l’objet soit d’une délégation avec des contrats proposés par des sociétés privées comme Véolia ou la SAUR ou de prestations réalisées dans un cadre communautaire sous la forme d’une régie publique pouvant prendre diverses formes.

 

Un collectif en cours de création vient de rédiger une lettre ouverte adressée à tous les élus de la CASE pour qu’ils soient correctement et complètement informés, dans un premier temps, et aptes à choisir la régie publique dans un second. Car l’eau n’est pas une marchandise comme les autres. De tous temps l’adage « qui tient l’eau tient le pays » démontre qu’en ces temps de réchauffement climatique et de préservation de la ressource, les choix des élus deviennent d’une importance vitale.

 

Le principe de la régie publique se fonde sur une évidence : pourquoi rétribuer des actionnaires de sociétés privées alors que les excédents des services peuvent soit conduire soit à une baisse de la facture d’eau, soit à l’augmentation sensible des investissements ou les deux en même temps. L’objectif du collectif n’est évidemment pas de se substituer aux élus qui conservent toute leur légitimité. Le collectif en cours de constitution, cependant, bénéficie des avis et conseils les plus éclairés d’experts en matière de marchés publics et de législation comptable.

 

C’est pourquoi ses animateurs souhaitent obtenir la participation des usagers (nous le sommes tous et toutes) qui, en signant la lettre ouverte publiée ci-dessous, apportent de l’eau au moulin de l’intérêt général. Je vous invite à rejoindre le collectif en signant à l’adresse suivante : regiepublique27@gmail.com

 

 

Pour une eau et un assainissement transparents en régie publique

J’ai  choisi de publier l’introduction de cette lettre ouverte aux élu(e) s de l’agglomération Seine-Eure, la suite étant composée des éléments techniques et financiers.

 

Mesdames, Messieurs,

Le collectif a pour objectif de porter au débat plusieurs modes de gestion de l’eau dans l’Agglomération Seine-Eure. Actuellement en contrat de délégation de service public (DSP) avec VEOLIA et SAUR, l’Agglomération ne sera plus liée au 31 décembre 2021 (pour l’eau) par ces contrats.

Grâce à notre mobilisation, le vote a été reporté de quelques semaines. Les élus de notre agglomération devront trancher le 17 décembre 2020 pour une reconduction de la DSP pour 7 ans, engageant plusieurs millions, ou pour d’autres solutions : rédaction d’un avenant au contrat d’un an pour se donner le temps de la réflexion, création d’une régie, d’une société publique locale, d’une société d’économie mixte…

La régie publique

Entité avec un compte séparé du budget de la collectivité, la régie présente des avantages indéniables :

- La réduction des prix à la facture

- Les marges de manœuvre d’investissement retrouvées

- La transparence et la maîtrise de l’information et des investissements

- L’efficacité d’une gestion centrée sur le renouvellement des réseaux et équipements plutôt que sur la rémunération d’actionnaires.

 

La régie publique de l’eau est déjà le mode de gestion pour huit communes de l’agglomération (La Harengère, La Saussaye, Le Bec Thomas, Mandeville, Saint-Didier des bois, Saint-Cyr-la-campagne, Saint-Germain-de-Pasquier, Vraiville) et la régie publique pour l’assainissement, déjà en place pour 15 systèmes d’assainissement.

Le choix n’est pas partisan, la régie a été décidée par des élus de tous bords politiques :

- A Nice, par M. Estrosi, marqué à droite,

- A Paris, par M. Delanoë, marqué à gauche,

- A Troyes, par M. Baroin, marqué à droite,

- A Grenoble, par M. Piolle, marqué à gauche et écologiste…

 

Il nous apparaît que le choix d’une DSP coûte objectivement plus cher à l’agglomération qu’une régie, en termes financiers, en termes de qualité et longévité de nos réseaux et en termes démocratiques de contrôle et d’information.

12 novembre 2020

Pourquoi le vote par correspondance n'est pas la panacée

Un certain nombre d’élus, du MODEM notamment, proposent de rétablir le vote par correspondance. Ce système a existé dans des temps pas si lointains mais le législateur l’a supprimé pour n’autoriser que le vote par procuration ou en personne. Pour connaître assez bien l’histoire politique de Louviers, je souhaite rappeler que le Comité d’Action de gauche, dans les années soixante-dix est parvenu à obtenir l’annulation d’élections municipales suite à des manœuvres frauduleuses de la part de certains élus de la liste Rémy Montagne relatives au vote par correspondance.

 

De quelles manœuvres s’agissait-il ? Avec mon ami Claude Dumer, nous avions remarqué que des votes par correspondance émanaient de lieux collectifs et qu’ils avaient été enregistrés groupés à la Poste. Enquête faite, il était apparu que des personnes « dévouées » avaient  réussi à obtenir le vote par correspondance d’hommes et de femmes âgées dont le discernement n’était plus évident. Autrement dit, on avait utilisé des électeurs et électrices qui ignoraient totalement que des élections avaient lieu. Et comme leur état de santé ne permettait pas un choix rationnel, les juges administratifs, face aux preuves rassemblées, avaient annulé l’élection. Il faut dire que l'écart séparant les candidats élus et non élus n'était pas très important.

 

Le vote par correspondance, dans la grande majorité des cas, pourrait être utile mais il ne permet pas une régularité absolue tandis que le vote par procuration — s’il n’est pas infaillible et l’élection municipale de Marseille l’a démontré en juin dernier — oblige un officier de police judiciaire à contrôler que la personne désirant voter s’adresse en toute connaissance de cause à un(e) représentant(e) dûment choisi(e). L’expérience prouve donc que Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, a raison de refuser de rétablir le vote par correspondance pour éviter les tricheries. Le vote par Internet, une voie à explorer compte tenu des progrès techniques, pose d’autres problèmes puisque tous les Français et toutes les Françaises ne possèdent pas un ordinateur…

8 novembre 2020

Trump est devenu un fait alternatif : il a perdu mais assure qu'il est vainqueur

Un grand ouf de soulagement. A compter du 21 janvier 2021, on  ne verra plus Donald Trump fanfaronner devant les networks. On ne l’entendra plus affirmer qu’il attrapait les femmes par leur « pussy ». On essaiera d’oublier qu’en 2016, aidé par la Russie et ses hackers, soutenu par la frange la plus raciste, la plus homophobe, la plus sexiste de cette grande nation que sont les Etats-Unis, les électeurs et électrices des 50 états ont élu un psychopathe dangereux pour son pays et un grand nombre d’autres. Sa façon de traiter la crise sanitaire en minimisant le COVID, ses morts et ses malades, ou ses affirmations sur le refroidissement à venir lors des incendies de Californie, le disqualifient totalement comme chef d’état. Il est ignorant comme sont ignorantes les sectes évangéliques créationnistes qui le soutiennent de manière fanatique. Non le monde n’a pas été créé il y a 8000 ans !

 

On ne le verra plus taper dans la main de Kim Jung Un, le président de la Corée du Nord, considéré comme un état terroriste et dangereux pour le monde entier et qui le demeure malgré les images de Trump et Kim faisant la risette. Les missiles coréens sont maintenant capables d’atteindre les Etats-Unis. Et ne parlons pas du conflit israélo-palestinien : Trump et Netanyaou ont foulé aux pieds toutes les résolutions de l’ONU ! En baisant les babouches des pétromonarchies il s’est discrédité. Il en sera de même terminé avec les insultes et des jurons à l’égard des journalistes du moins ceux et celles qui n’ont jamais accepté ses rodomontades permanentes ou ses crises d’enfant pourri gâté. D’ailleurs même Fox News, la chaîne favorite de Trump a franchi le Rubicon en annonçant la victoire de Joe Biden quelques minutes après les autres. Robert Murdoch est un patron de presse avisé. La directrice de ses publications demande aujourd’hui à Trump de ne pas dilapider l’héritage !

 

La nièce de Trump, qui le connaît bien, affirme qu’en 2024 il ne pourra pas se représenter à la présidence pour une raison simple : « Il sera en prison. » Je ne sais si cette prévision se réalisera. Il reste que le procureur de New York, Cyrus Vance, l’attendra de pied ferme le 22 janvier pour régler un tas de dossiers notamment fiscaux sans parler de ces plaintes pour agressions sexuelles ou même viol. Trump a utilisé tous les moyens de l’Etat (une enquête est ouverte) mélangeant sa campagne de candidat et sa fonction de président au mépris de tous les règlements. Comme il a utilisé tous les moyens de l’Etat (dont Air Force One) pour se rendre dans ses golfs où il triche honteusement…

 

Mais soyons positif. Plus que la victoire populaire de Joe Biden (avec un écart de cinq millions de voix au moins) je retiens surtout celle de sa vice-présidente, Kamala Harris. Cette femme d’origine jamaïcaine et indienne, ancienne procureur de Californie, dorénavant ancienne sénatrice, a beaucoup apporté à Joe Biden. Elle est considérée comme celle qui pourrait lui succéder. Elle aura quatre années pour continuer d’engranger expérience et meilleure connaissance du fonctionnement gouvernemental. Elle aurait, si les deux sièges de sénateurs de Géorgie reviennent aux Démocrates en janvier prochain (1) une voix prépondérante dans les principales décisions budgétaires de Joe Biden puisque Républicains et Démocrates seraient à égalité. D’ailleurs la campagne pour ces deux sièges sera ouverte dès demain ! Son entrée dans la Maison blanche illustre magnifiquement la promotion des femmes et des femmes de couleur notamment démontrant s’il en était encore besoin après la victoire de Barack Obama en 2008, que les Etats-Unis sont un pays plus ouvert et plus tolérant que l’épisode Trump a masqué.

 

Le trumpisme continuera pourtant de faire des ravages car les comportements machistes, les allures dominatrices, le langage simpliste sont des ingrédients fort répandus sur toute la planète. Les Erdogan, les Bolsonaro, les Orban…les Le Pen en France (une délégation du FN-RN était aux USA pour suivre la campagne) ne vont pas disparaître du jour au lendemain. La brutalité et l’arrogance de Trump sont des défauts partagés par les populistes les plus ringards. Joe Biden a du pain sur la planche mais la levée des jeunes, des afro-américains, des latinos, qui avaient boudé Hillary Clinton, devrait lui assurer une marche conquérante. 

 

(1) en Géorgie, le sénateur vainqueur doit avoir la majorité absolue. Les deux sénateurs soumis à renouvellement n'ont pas obtenu 50 % des suffrages plus un.

6 novembre 2020

« Les cons ça ose tout c’est même à ça qu’on les reconnaît. » Michel Audiard

 « J'ai divisé la société en deux catégories : mes amis ou mes cons à moi et les cons des autres que je ne supporte pas. Les cons ça ose tout c’est même à ça qu’on les reconnaît. » Plutôt que de traiter Donald Trump de « tortue obèse qui se débat carapace renversée face au soleil » (comme l’a déclaré un journaliste d’une chaine d’info aux Etats-Unis) je préfère la férocité et l’humour d’un Michel Audiard…dans  « les Tontons flingueurs. »

Car enfin, voir  et entendre un président des Etats-Unis, la plus grande puissance mondiale, financière, militaire, économique (polluante aussi après la Chine) qui ment, ment encore, ment toujours, dans une conférence de presse totalement surréaliste ne manque pas de surprendre. Au point que les directions de plusieurs chaines de télévision ont décidé, cette nuit,  de couper le son et l’image alors que Trump tenait le micro pour demander qu’on arrête le dépouillement dans plusieurs états tels que la Géorgie ou la Pennsylvanie deux états qu’il va vraisemblablement perdre dans les heures qui viennent.

Il s’est trouvé près de 70 millions d’Américains (Joe Biden en a quatre à cinq millions de plus quand même) pour donner leur voix à cet énergumène, bateleur de télé redoutable, qui a malmené sa fonction pendant quatre ans, nui aux institutions de ce grand pays, fait preuve d’une ignorance crasse à maintes reprises et qui a bien failli conserver son siège de président comme dans une mauvaise série qu’affectionnent tant les amateurs de coups tordus et de bras cassés. Mais il arrive que les voyous perdent dans la vraie vie et pas seulement dans les téléfilms. Trump l’animateur de  «the apprentice » s’est fait connaître des Américains et du monde entier pour sa fameuse phrase « you’re fired » (1) Il se trouve — si les résultats à venir se confirment — que Joe Biden « l’endormi » pourra lui balancer à la première occasion « Donald, tu es viré ». Le 20 janvier, quand Joe Biden jurera sur la Bible (la laïcité n’existe pas aux USA) il pourra regarder Trump (s’il est là) dans les yeux et sourire au destin.

Marine Le Pen qui soutenait Donald Trump a perdu, elle aussi, une belle occasion de se taire. La victoire annoncée de Joe Biden va porter un coup d’arrêt à tous les dictateurs, les tenants des thèses dites « illibérales » ces supporteurs des vérités alternatives et des phrases toutes faites. Finalement, l’élection américaine, en penchant du bon côté, nous donne une leçon de démocratie même si leur système (très ancien) nous paraît bien compliqué et surtout très bizarre, nous qui sommes habitués à « un homme ou femme, une voix. »

(1) « Vous êtes viré »

3 novembre 2020

Report de conférences à la SED

La SED (Sociétés d'études diverses de Louviers) avait prévu ce mois-ci deux conférences. Le samedi 14 novembre, à 16 heures, elle devait accueillir Gérard Gengembre, professeur émérite à l’Université de Caen, pour aborder un aspect de l’œuvre de Maurice Leblanc et de Georges Simenon : « La Normandie d’Arsène Lupin et de Maigret ». D’autre part, le jeudi 19 novembre, à 18 heures, l’Université populaire avait reprogrammé la conférence de Claude Cornu, initialement prévue le 19 mars et annulée en raison du confinement. Il devait évoquer la personnalité et l’œuvre de la première épouse de Pierre Mendès France, qui se consacrait avec talent à la peinture : « Lily Mendès France, peintre méconnue ». Le reconfinement en vigueur jusqu’au 1er décembre oblige à reporter en 2021 ces deux manifestations. La SED espére toutefois qu’une amélioration de la situation sanitaire permettra dès le mois prochain le retour à une vie normale. Si tel est le cas, elle pourrait maintenir, le samedi 12 décembre, la conférence d’Éric Roussel, historien et membre de l’Institut : « Printemps 1940 : de Gaulle entre dans l’Histoire ». Nous ne manquerons pas de vous en informer le moment venu.

2 novembre 2020

Le fonds d'archives consacré à la démocratie participative consultable depuis aujourd'hui

Les Lovériens apprendront sans surprise que, depuis aujourd’hui, mon fonds d’archives donné à la ville de Louviers en 2018 est accessible sur Internet grâce aux liens indiqués en bas de page. Ce fonds a été constitué à la fois dans le cadre de mon travail de journaliste à La Dépêche et de mon engagement militant auprès du Dr Ernest Martin, d’abord et Henri Fromentin ensuite, deux hommes exceptionnels aux qualités très différentes mais tellement complémentaires. Ce fonds comprend également divers articles de presse et éléments documentaires consacrés à Pierre Mendès France, un homme que j’ai toujours admiré pour son courage politique, son éthique et la haute qualité de ses idées et propositions. 

 

Je dois rendre hommage, tout d’abord, au remarquable travail de Vanina Gasly, archiviste en chef du pôle archives de l’agglomération qui, pendant plusieurs mois, a pris connaissance des documents, les a classés, répertoriés pour que leur consultation publique soit possible dans les meilleures conditions. J’imagine qu’elle a été assistée par ses collaborateurs(trices) à qui je manifeste une reconnaissance sincère.

 

Je dois, également, profiter de l’occasion pour remercier Hélène Hatzfeld (1). Cette belle personne est à l’origine de ce don. Amenée à consulter des documents épars pour l’écriture de son livre (en plus des rencontres avec des témoins encore vivants), elle m’a encouragé à fouiller dans mon grenier pour redonner vie à des délibérations, jugements, articles de presse, affiches, journaux militants ou journaux d’informations générales, évoquant « l’aventure » lovérienne et son expérience de démocratie directe et participative pour la période 1965-1983…tantôt au pouvoir, tantôt dans l'opposition.


 

Le pôle archives de l’agglomération Seine-Eure met donc, dès maintenant, à disposition des chercheurs, des historiens, des citoyens, un fonds qui eut pu disparaître sans la vigilance d’observateurs avertis. Je souhaite, enfin, que toutes les personnes disposant de documents patiemment collectés et conservés s’interrogent sur leur devenir. Le pôle archives se tient à leur disposition pour évoquer avec elles la possibilité d’écrire des histoires qui, souvent, font la grande Histoire.

 

-          Lien direct vers l’inventaire : https://www.agglo-seine-eure.fr/wp-content/uploads/2020/11/AggloSeineEure_Archives_Inventaire_JChouel_5S.pdf

-          Lien vers la page où sont proposés tous les inventaires du Pôle archives : https://www.agglo-seine-eure.fr/pole-archives%e2%80%af/moyen-age-jours-gouts/ (descendre dans la page jusqu’à « archives privées »

 

(1) Hélène Hatzfeld, « La politique à la ville, inventions citoyennes à Louviers » (1965-1983) Presses universitaires de Rennes avec le soutien de l'Institut Mendès France et de la Fondation Jean Jaurès.

 

Deux instituteurs de l'école laïque et républicaine ont forgé mon éducation intellectuelle

Ce matin, tous les élèves des écoles, collèges et lycées de France ont respecté une minute de silence en mémoire de Samuel Paty, ce professeur d’histoire et géographie décapité par un islamiste radical Tchetchène domicilié à Evreux. Jean Castex, le Premier ministre et Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale, étaient présents dans le collège de Conflans-Sainte-Honorine où M. Paty enseignait. Ce fut aussi l’occasion d’écouter la lecture d’un texte écrit par Jean Jaurès adressé à la jeunesse française dans le but de promouvoir un enseignement des fondamentaux et une éducation morale et civique. « Faire nation » pourrait résumer ce beau texte.

 

Serge Bove

Cette journée est pour moi l’occasion de saluer deux instituteurs aujourd’hui disparus qui ont marqué ma jeunesse à l’école Jules Ferry de Louviers. Je veux parler de Jean Fermanel et Serge Bove. L’un et l’autre exerçaient leur métier avec passion. L’un et l’autre veillaient à nous ouvrir au monde. On apprenait par cœur des poèmes, on écoutait Pierre et le loup, on assistait à des séances de cinéma dans la salle des colonnes de la cour de la mairie, sans oublier les dictées, les exercices de calcul, les commentaires de textes savamment corrigés et souvent préparés à la ronéo. Ils étaient savants, c’est un fait, mais surtout, ils étaient heureux de partager leur savoir et de forger des têtes bien faites plutôt que bien pleines.

Ces deux maîtres de l’école laïque et républicaine m’ont donné toutes les bases nécessaires à une culture générale indispensable dans le métier que je souhaitais exercer un jour : journaliste. Bien sûr, dans les années 1953-1957, Internet n’existait pas. La télévision n’avait pas encore connu le boum des années soixante et soixante-dix. Les réseaux sociaux n’étaient que le réseau de mes copains et de mes amies du quartier dit des Amoureux où d’autres apprentissages se développaient : courir les bois, chercher des vipères, pêcher des grenouilles, cueillir du muguet, se cacher dans les rhododendrons, manger des pommes pas mures. Le bois de Saint-Lubin, la porte au père, la mare même, nous étaient aussi familiers que les jardins de notre domicile.

Jamais, ô grand jamais, on n’aurait pu imaginer qu’un enseignant de cette école républicaine méritocratique enfant des Lumières pourrait mourir un jour sous les coups d’un ignorant fanatisé. Les temps changent, donc, mais le rôle des enseignant(e)s est toujours aussi fondamental. Apprendre à lire, à calculer, à connaître les mots, à faire des phrases…bien évidemment permet de classer ses pensées et de maîtriser les concepts abstraits. Mais aussi de forger un caractère, une personnalité pour vous accompagner durant toute la vie. Je dis encore merci à ces deux maîtres de ma jeunesse.