20 janvier 2020

Les municipales à Louviers : la situation à deux mois du premier tour de scrutin


Le dépouillement en 2008.
Quelle est la situation lovérienne à deux mois du premier tour des élections municipales ? A l’évidence, elle n’est pas claire. Si certaines listes poursuivent leur campagne menées depuis des semaines avec assiduité et persévérance, on trouve de nouvelles listes dont il n’est pas certain qu’elle iront jusqu’au bout c’est-à-dire jusqu’au 15 mars date du premier tour.

Rappelons que François-Xavier Priollaud, maire sortant, s’appuie sur la participation d’une équipe renouvelée (en partie) suite à des départs volontaires ou suscités. La task-force reste identique avec Anne Terlez (MODEM), Jacky Bidault (LREM), Daniel Jubert (LR) notamment, la composition politique alliant donc des Républicains (LR) des MODEM, des LREM, des sans partis dont d’anciens militants actifs auprès de Franck Martin. Le maire sortant a l’habileté de ne pas mélanger politique nationale et politique locale une manière d’éviter les conséquences du mouvement social en cours notamment sur le projet de loi concernant les retraites. Et puis, plus fondamentalement, François-Xavier Priollaud — c’est le reproche que lui fait Bruno Questel député LREM — n’a jamais vraiment mouillé le mot pour Macron, notamment lors des dernières élections européennes. Le maire sortant présente d’ailleurs ce soir au Moulin le programme de sa liste intitulée « Louviers au cœur » une sorte de rappel de la liste « j’aime Louviers » qu’avait conduite Odile Proust. L’amour et le cœur seraient-ils l’exclusivité du centre droit ?

Philippe Brun, jeune magistrat en disponibilité (depuis quelques temps) pour lui permettre de mieux se consacrer à la campagne électorale, a rassemblé une gauche diverse comprenant des écologistes, des adhérents du PCF, de la France insoumise mais a surtout fait appel à des personnalités dont Ingrid Levavasseur, ex-gilet jaune, connue pour la lucidité de ses analyses et le retentissement médiatique de son aventure. Si son livre ne s’est pas vendu autant qu’un prix Goncourt, il a le mérite de rendre compte dans le concret de la vie quotidienne d’une famille monoparentale pour laquelle joindre les deux bouts relève de l’exploit. De l’avis général, la campagne conduite par Philippe Brun et ses amis est assurément une des plus inventives mais le secret des urnes ne permet aucune espèce de pronostic à deux mois de l’échéance. Il n’en demeure pas moins que les sorties publiques de Philippe Brun et ses amis ne laissent personne indifférent tant dans le choix des lieux que dans celui des sujets liés à la vie quotidienne. A l’évidence, sa campagne est construite et progressive. Que nous réserve-t-elle d’ici le 15 mars ?

Je passe très rapidement sur les listes d’extrême droite, celle du RN de M. Timothée Houssin et celle de Mme Perrot, « Louviers d’abord » dont le titre avait été utilisé dans le passé et dans les années soixante-dix par des gaullistes qui doivent se retourner dans leurs tombes. Autant la liste Houssin récoltera les suffrages des fans de Marine Le Pen autant la liste de Mme Perrot me semble non assurée de figurer au premier tour.

A Gauche encore, Diego Ortega se présente à la tête d’une liste composée de personnes expérimentées. On y trouve d’anciens responsables des municipalités de Franck Martin qu’ils (ou elles) soient élu(e)s ou encore des fonctionnaires territoriaux maintenant dégagés de toute responsabilité professionnelle. Il s’agit évidemment d’une liste à prendre au sérieux dans la mesure où l’expérience de la gestion et la bonne connaissance des dossiers sont un avantage évident. De plus, la survivance des réseaux martinistes (Franck Martin a été maire pendant 19 ans) peuvent contribuer à placer cette liste dans de bonnes conditions pour discuter entre les deux tours avec la liste Brun mais à condition évidemment, de pas jalonner la route de l’union de chausse-trappes…ou de stratégie hasardeuse ou ambiguë.

Quelles pourraient être ces embuches ? Ce samedi, sur le marché, des membres de la République en Marche distribuaient un tract simplifié pour demander l’avis des Lovériens sur la…marche de leur ville. Il s’agit là d’une réponse au refus de François-Xavier Priollaud d’accepter sur sa liste quatre membres de LREM (dont deux adjoints et une vice-présidence de la CASE) celui-ci considérant que M. Bidault et Mme Ouadah, adjoints, sont déjà membres de la République en Marche. J’ai déjà écrit sur ce blog que l’adhésion de M. Bidault et Mme Ouadah, avait été un coup de maître tout comme le passage de M. Priollaud de l’UDI au MODEM. Hier opposantes ou indifférentes à Emmanuel Macron, ces personnalités se sont retrouvées parmi les supporters de la majorité présidentielle afin de préparer le terrain des municipales. Le moment de vérité et de clarté est donc arrivé. C’est d’ailleurs pourquoi M. Questel, député, a refusé de soutenir la liste Priollaud et c’est aussi pourquoi il regarde d’un œil complice la constitution d’une liste en Marche…dont on sait seulement qu’elle pourrait être emmenée par MM. Fessard et Rafah, ancien colistier de Franck Martin. A dire vrai, je ne crois pas (mais tout le monde peut se tromper) à la solidité de cette liste. Elle existe pour peser sur d’éventuelles négociations, LREM appliquant la stratégie du coucou consistant à occuper le nid qui vous accueille. Et puis, l’espace politique que convoiterait la liste LREM est bien occupée par l’équipe sortante. Si cette dernière continue de se montrer intraitable…

Reste la liste que conduit M. Hacen Mohamedi. J’ai du mal à apprécier ses chances bien qu’ayant des liens anciens et amicaux avec certains des membres de sa liste. J’ai partagé, de plus ou moins près, des combats communs avec Leila Seghir, actuelle élue au conseil municipal, et Christian Renoncourt, par exemple, ancien adjoint de Franck Martin puis tête de liste PS en 2008. J’ai la conviction que sur les trois listes de gauche, une est en trop ! Les électeurs diront si ces trois listes sont présentes le 15 mars, laquelle ils préfèrent et celle qu’ils rejettent. Ils diront s’ils souhaitent une fusion des listes contrairement à M. Mohamedi, hostile à tout changement entre le 15 et le 22. A l’évidence, la seule (petite) chance de battre l’équipe sortante, obligera la gauche à se rassembler sachant que le Front national entraînera pour le moins une triangulaire.


1 commentaire:

jacques calmon a dit…

Un petit faible pour philippe Brun ?