30 décembre 2019

Tout n'est pas permis. Gabriel Matzneff aurait dû le savoir. Il était grand temps de l'apostropher !


Gabriel Matzneff. DR
Gabriel Matzneff, écrivain et intellectuel français distingué, a connu son heure de gloire dans les années 70-80. Il s’est particulièrement illustré lors d’une émission littéraire de Bernard Pivot (Apostrophes) où il était présent pour défendre l’un de ses livres vantant la pédophilie…Denise Bombardier, une écrivaine canadienne invitée lors de la même émission, contesta l'œuvre et les actes de Matzneff. Elle n’eut droit qu’au mépris de ceux qui voyaient en Matzneff le comble de l’élégance et de la jouissance. Philippe Sollers, son éditeur de l’époque, lé défendit bec et ongle rejetant les arguments d’une société dite ouverte où la morale n’avait pas toute sa place. Seule « le talent » pouvait justifier de tels égarements. Ils présentaient même la pédophilie comme une pratique émancipatrice pour l’enfant, et donc révolutionnaire parce qu’elle remettait en question l’ordre social bourgeois, fondé sur la famille notamment. 
Il est vrai que mai 1968 avait transformé les rapports entre les sexes et au sein des sexes. La société embourgeoisée avait cadenassé les sentiments et les rapports entre individus de telle sorte que la liberté de « jouir sans entrave » figurait en tête des revendications d’une jeunesse économiquement — c’est toujours vrai — et sexuellement opprimée. Fallait-il pour autant en tirer la conclusion que tout était permis et que rien ne valait plus rien ? Certains virent en mai 68 une forme de nihilisme faisant fi de toute morale et de toute barrière. C’était un point de vue minoritaire. Matzneff s’est engouffré dans la brèche pour assouvir des penchants que rien n’autorisait alors ni n’autorise aujourd’hui. Surtout quand le prédateur s’en prenait à des jeunes adolescentes ou adolescents. Même en faisant des efforts, il est impossible de tolérer les comportements déviants d’une homme de 50 ans à l’égard d’une fillette ou d’un garçonnet de 14 ans. Cela peut faire joli dans un roman. Dans la vraie vie, il s’agit d’un viol des corps et des consciences. Bernard Pivot a récemment affirmé qu’on ne peut juger le passé en 1970 à l’aune de 2019. Sans justifier le moins du monde le comportement de Gabriel Matzneff, Il a tout de même admis que ces années-là nous faisaient vivre dans un autre monde que le monde actuel plus répressif et moins relatif. Les mouvements tels que mee-too montrent pourtant que les femmes ont décidé, justement, de ne plus accepter les vieilles règles non écrites qui faisaient d’elles des objets ou des témoins passifs. Depuis deux ans, la parole des femmes se libère, elle inonde le monde d’une révolte encore à ses débuts. Bien des hommes ont compris cette nécessité. Malgré les résistances, liées à l’histoire, l’éducation, le conformisme, chaque jour qui passe nous enseigne que le consentement, donné dans des conditions d’âge et de raison fixées par la loi, demeure un garde fou essentiel contre les fantasmes des pédophiles et des désirs pervers d’adultes abusifs.

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