Gabriel Matzneff. DR |
Gabriel Matzneff, écrivain
et intellectuel français distingué, a connu son heure de gloire dans les années
70-80. Il s’est particulièrement illustré lors d’une émission littéraire de
Bernard Pivot (Apostrophes) où il était présent pour défendre l’un de ses
livres vantant la pédophilie…Denise Bombardier, une écrivaine canadienne invitée lors de la même émission,
contesta l'œuvre et les actes de Matzneff. Elle n’eut droit qu’au mépris de ceux qui voyaient en Matzneff le comble de l’élégance
et de la jouissance. Philippe Sollers, son éditeur de l’époque, lé défendit bec
et ongle rejetant les arguments d’une société dite ouverte où la morale n’avait
pas toute sa place. Seule « le talent » pouvait justifier de tels égarements.
Ils présentaient même la pédophilie comme une pratique émancipatrice pour l’enfant, et donc révolutionnaire parce
qu’elle remettait en question l’ordre social bourgeois, fondé sur la famille
notamment.
Il est vrai que mai 1968
avait transformé les rapports entre les sexes et au sein des sexes. La société
embourgeoisée avait cadenassé les sentiments et les rapports entre individus de
telle sorte que la liberté de « jouir sans entrave » figurait en tête des
revendications d’une jeunesse économiquement — c’est toujours vrai — et
sexuellement opprimée. Fallait-il pour autant en tirer la conclusion que tout était
permis et que rien ne valait plus rien ? Certains virent en mai 68 une
forme de nihilisme faisant fi de toute morale et de toute barrière. C’était un
point de vue minoritaire. Matzneff s’est engouffré dans la brèche pour assouvir
des penchants que rien n’autorisait alors ni n’autorise aujourd’hui. Surtout
quand le prédateur s’en prenait à des jeunes adolescentes ou adolescents. Même
en faisant des efforts, il est impossible de tolérer les comportements déviants
d’une homme de 50 ans à l’égard d’une fillette ou d’un garçonnet de 14 ans.
Cela peut faire joli dans un roman. Dans la vraie vie, il s’agit d’un viol des
corps et des consciences. Bernard Pivot a récemment affirmé qu’on ne peut juger
le passé en 1970 à l’aune de 2019. Sans justifier le moins du monde le
comportement de Gabriel Matzneff, Il a tout de même admis que ces années-là
nous faisaient vivre dans un autre monde que le monde actuel plus répressif et
moins relatif. Les mouvements tels que mee-too montrent pourtant que les femmes
ont décidé, justement, de ne plus accepter les vieilles règles non écrites qui
faisaient d’elles des objets ou des témoins passifs. Depuis deux ans, la parole
des femmes se libère, elle inonde le monde d’une révolte encore à ses débuts.
Bien des hommes ont compris cette nécessité. Malgré les résistances, liées à l’histoire,
l’éducation, le conformisme, chaque jour qui passe nous enseigne que le consentement,
donné dans des conditions d’âge et de raison fixées par la loi, demeure un
garde fou essentiel contre les fantasmes des pédophiles et des désirs pervers d’adultes
abusifs.
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