Même les Gilets jaunes font de la pub pour Nike ! |
Une auditrice attentive de l’émission
de France Culture « la Fabrique de l’histoire » (du 17 janvier dernier) consacrée
au Comité d’action de gauche de Louviers m’a fait part de son regret. Aucun
mot, me reproche-t-elle, n’a été consacré aux gilets jaunes qui, selon elle,
utilisent aussi les outils de la démocratie participative. Je me dois d’indiquer
que lors de l’enregistrement de l’émission, je n’ai pas omis d’insister sur le
besoin de reconnaissance témoigné sur les ronds points et d’une recherche de dignité
face à l’arrogance de certains de nos gouvernants.
La journaliste de France
Culture, responsable des choix éditoriaux, n’a pas souhaité retenir mon propos
mais je ne saurais le lui reprocher. Cette « Fabrique de l’histoire » en
restaurant la crédibilité d’une aventure partagée pendant près de vingt ans
dans la ville de Louviers a montré que la démocratie participative était avant
tout une entreprise collective au service d’objectifs communs. Elle a aussi
rappelé que cette démocratie de base ne peut qu’exister — dans le système
actuel — qu’avec le soutien d’élus éclairés et courageux.
Le mouvement des gilets
jaunes a pris naissance contre la taxe carbone et finalement contre le
consentement à l’impôt. Il est vrai que l’optimisation fiscale et la fraude
fiscale — celles des riches le plus souvent — créent une injustice révoltante.
Pour autant, à Louviers, ce consentement à l’impôt était justifié par la
redistribution directe aux citoyens-contribuables sous la forme de services
publics « gratuits ». Les Lovériens, les plus jeunes notamment, avaient un accès
libre aux équipements sportifs, culturels, éducatifs, de mobilité, les dépenses
de fonctionnement étant assurées par les quatre taxes (foncier bâti, non bâti,
taxe professionnelle et taxe d’habitation). Ces quatre taxes visant à imposer
plus lourdement les propriétaires et les plus riches. Le Dr Martin, alors
maire, déclarait « que les citoyens ne rechignent pas pour payer l’eau ou le
service des eaux usées alors que la culture, par exemple, devrait être une
simple option. »En mutualisant les dépenses, c’était une façon de redistribuer
les richesses.
Je reconnais qu’il existait
d’importantes réticences des forces politiques situées à droite mais même au
parti socialiste (celui de 1971 et d'Epinay) il s’est trouvé des hommes et des femmes pour coller des
affiches sur les murs de Louviers disant : « la gratuité ça coûte cher !
» Voilà pourquoi aucun accord ne fut possible avec les partis de gauche
traditionnels lors des élections de 1977 qui virent le CAG (Comité d’action de
gauche) emporter les 27 sièges à pourvoir. Alors pourquoi la droite est-elle revenue
au pouvoir à Louviers en 1983 ? Parce que les campagnes électorales fondées
sur la « gabegie » « les impôts trop élevés » trouvent toujours des électeurs
pour protester contre l’impôt et ce qu’ils appellent « le gaspillage ». Tant que
la valeur argent demeurera un objectif de vie (au-delà du nécessaire s’entend)
le combat des idées vraiment de gauche aura bien du mal à progresser.
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