23 janvier 2019

(Petite) Affaire Portier-Leroy : Quelle mouche a piqué le préfet de l'Eure ?


Capture d'écran.
Eric Portier est le fils de Pierre Portier. Il n’est pas aussi connu que son père mais cela ne devrait pas tarder. Actuellement, il vend des casseroles et, soit dit en passant, pourrait bien s’en être accrochée une nouvelle aux fesses. En réussissant son pari intime de réussir un selfie avec Emmanuel Macron à Grand-Bourgtheroulde, lors du débat organisé dans l’Eure à l’intention des maires de Normandie, il a mis un élu important du territoire dans l’embarras. Pensez donc, il s’est prévalu du « parrainage » de Bernard Leroy pour passer les filtres nombreux destinés à empêcher les gilets jaunes et les éventuels terroristes d’atteindre le Président de la République.

A la question « Connaissez vous ce monsieur ? » posée par un responsable de la sécurité à Bernard Leroy flanqué d’Eric Portier, le maire du Vaudreuil a répondu « oui » puisque c’est vrai. Fallait-il pour autant en conclure, comme l’a fait un peu vite le préfet de l’Eure Thierry Courderc, que Bernard Leroy s’est montré complice d’une atteinte gravissime aux règles de sécurité…qu’il n’est d’ailleurs pas chargé d’appliquer. Sinon à quoi serviraient les services de l’Etat ?

Le préfet, très colère, en a fait tout un fromage demandant, dans un premier temps — excusez du peu — la démission de Bernard Leroy de ses fonctions électives ! Comme si un préfet pouvait imposer une solution aussi brutale qui reviendrait à mépriser le suffrage universel. Évidemment, le président de la CASE (agglomération Seine-Eure) n’a pas pris la demande au sérieux. Mais comme il ne souhaite pas jeter de l’huile sur le feu, bien lui en a pris de « choper » la grippe qui l’a cloué au lit pendant quatre jours, sans portable ni réseau.

Il faut s’interroger (pas trop longtemps tout de même) sur ce qui poussé le préfet à adopter un style péremptoire et faire sa sortie de route allant même jusqu’à justifier ses absences futures si, par malheur, il se trouvait dans la même pièce que Bernard Leroy. Sans être psychanalyste, métier sérieux s’il en est, j’en ai déduit que les démêlés judiciaires du préfet dans l’affaire de l’adhésion de la communauté « Eure-Madrie-Seine » à l’agglomération Seine-Eure au cours de laquelle il a été condamné par la justice administrative à une injonction limitée à 30 jours (1) pour signer la fusion, y était sans doute pour quelque chose. Ce n’est pas tous les jours que le plus haut représentant de l’Etat dans le département se voit ainsi contredit dans ses intentions. Et comme M. Couderc n’est pas le Roger du même nom…

La leçon de cette histoire de cornecul ? Qu’Eric Portier aurait certainement gagné à se montrer plus discret plutôt que de revendiquer auprès de la presse locale  la diffusion des selfies (2) qu’il possède en compagnie de Sarkozy, Hollande, Obama…et Macron. La question ne se serait pas posée de savoir comment il avait pu franchir les différents barrages anti-gilets jaunes. Eric Portier avait même demandé à François Loncle, ancien député, de pouvoir l’accompagner. Le parlementaire honoraire, connaissant bien les pratiques des services de sécurité, n’est pas tombé dans le piège. Un piège bien innocent en vérité, qui ne méritait sans doute pas autant de tapage médiatique, dans lequel je prends plaisir à plonger à mon tour.
(1)  Cette injonction datant d’octobre 2018 n’a été respectée que très récemment.
(2)  La mode des selfies n’est souvent qu’un reflet d'états d’âmes narcissiques.
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