23 août 2018

La mort récente de Bernard Parisot nous afflige au plus haut point


Bernard Parisot derrière Keba Dramé à gauche.  © JCH
La mort récente de Bernard Parisot nous afflige au plus haut point. Non seulement ses amis de la Ligue des Droits de l’homme sont en droit de déplorer la disparition de l’un de ses meilleurs militants mais en plus, ce citoyen inlassable et infatigable des causes solidaires remplissait à merveille les tâches les plus ardues nécessaires à l’avancée du progrès humain.
Bernard luttait, depuis de nombreux mois, contre le cancer. A diverses reprises, avec une élégance rare et un courage admirable, il avait tenu au courant ses amis de l’évolution de sa maladie et du caractère inéluctable qu’elle revêtait. C’est pourquoi il avait décidé, avec son épouse, de quitter la région de Louviers et sa Normandie d’adoption pour s’installer, il y a quelques mois maintenant, près de Perpignan où résident ses enfants.
Si je devais prendre un exemple de son opiniâtreté, je rappellerais simplement les semaines de lutte non violente mais persuasive qui ont conduit à la régularisation de toute une famille sénégalaise en 2009. Aux côtés de membres d’un comité de soutien bigarré composé d’enseignants, de RESF, de la LDH, de partis politiques de gauche — quand ce mot revêtait encore du contenu — grâce aussi à l’action résolue du député de l’époque, François Loncle et du maire de Val-de-Reuil, Marc-Antoine Jamet, cette famille obtint un travail, des papiers, une résidence digne de ce nom alors qu’ils habitaient dans une pièce de 10 m2 sans eau, ni électricité, ni chauffage.

Au cours de ce combat au long cours, j’avais appris à apprécier la détermination tranquille et les qualités humaines de Bernard Parisot : fiabilité, fidélité, responsabilité, engagement. Toujours du bon côté de l’action et des choix à opérer, il s’engagea également maintes fois à Evreux, notamment, pour venir en aide à des sans papiers souvent sans avenir. Comme secrétaire de la section de Louviers de la LDH, il participa à de nombreuses motions et pétitions collectives pour porter haut les valeurs de solidarité et de révolte, aussi, dont on ne mesure pas suffisamment le caractère indispensable dont chacun doit être doté. Dans une société telle que la nôtre, injuste et violente à l’égard des faibles, il est du devoir de chacun d’apporter sa pierre à une construction sociale différente, plus collective, plus écologique, plus socialiste, dans l’acception d’origine de ce mot qui n’a rien de gros.

Trop tôt enlevé à l’affection de sa famille et de ses amis, Bernard Parisot avait dû lever le pied, ces derniers mois, pour se soigner et se ménager. Il continuait de marquer un vif intérêt pour la vie lovérienne puisqu’il aura eu le temps de lire le livre d’Hélène Hatzfeld que j’avais eu grand plaisir à lui offrir. Un ultime clin d’œil avant qu’il ne fermât ses yeux pour toujours.
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