2 juillet 2017

Je retiendrai de Simone Veil son courage et sa ténacité face aux insultes des lobbies à croix gammée et à la haine de certains hommes politiques


Simone Veil à la tribune de l'Assemblée nationale en 1974.
Des nombreuses qualités de Simone Veil, je retiens celle qu’elle manifesta avec constance durant les débats de 1974 lors de l’étude de la loi sur l’interruption de grossesse. A l’Assemblée nationale, des élus de droite et de la droite extrême l’ont agressée, insultée, vilipendée l’accusant de mille maux et de porter atteinte aux principes sacrés de notre civilisation. Ceux qui n'ont pas connu ces années-là ne peuvent même pas imaginer à quel point rendre les femmes maîtresses de leur destin et de leur corps faisait bouger les lignes !

Face à des hordes souvent déchainées, Simone Veil fit face avec une grande sérénité, une intelligence exceptionnelle mêlant l’humanité et la solidarité à l’égard des 300 000 femmes françaises qui, chaque année, avaient recours aux faiseuses d’anges pour les moins riches et aux voyages en Angleterre pour celles
qui avaient quelques moyens et connaissances.

Les hommes de l’Assemblée nationale étaient en grande majorité des conservateurs et des pratiquants religieux. Ils n’acceptaient pas de regarder en face le malheur et la détresse des femmes, des jeunes filles, enceintes, et ne désirant pas conserver leur enfant pour mille raisons, qu’elles soient affectives, matérielles ou médicales. De tous temps, les femmes refusant leur grossesse ont fait appel à TOUS les moyens possibles et imaginables pour avorter. Les conséquences étaient parfois terribles : stérilité, septicémie, mort…Simone Veil avait compris en accord avec Valéry Giscard-d’Estaing, que la France ne pouvait pas demeurer ce pays sourd et aveugle au malheur de ces Françaises et de ces femmes en général vivant dans notre pays. Il lui fallait agir.

Inutile de dire que le lobbying de l’église catholique, de mouvements politiques influents, de groupes de pression puissants a pesé sur les débats qui ont duré trois jours et quelques nuits. Jamais Simone Veil n’a craqué. Elle, la survivante de la Shoah, a fait face à ses opposants et aux lettres anonymes ou aux croix gammées peintes sur les portes de sa maison avec la certitude servir une cause noble.

A Louviers, dès que la loi Veil a été adoptée, un centre d’orthogénie s’est créé sous l’impulsion du Docteur Ernest Martin. Pendant des mois et des années, il a pratiqué avec bien des bénévoles et des professionnels de santé, des IVG dans un contexte médical sécurisé à la fois psychologiquement — si c’est possible — et physiquement puisque la méthode par aspiration et venue de Californie avait fait ses preuves.
Avec le temps, les lois se sont améliorées. Marisol Tourraine a même obtenu le remboursement à 100 % de tous les à-côtés de l’intervention (analyses, échographies etc.) On ne dira jamais assez combien Simone Veil a été décisive dans ces progrès de la santé humaine et de la vie collective dans ce vieux pays de France plus prompt à accepter les réformes révolutionnaires qu’on veut bien le dire. Merci encore Mme Veil.

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