Simone Veil à la tribune de l'Assemblée nationale en 1974. |
Des nombreuses qualités de
Simone Veil, je retiens celle qu’elle manifesta avec constance durant les débats
de 1974 lors de l’étude de la loi sur l’interruption de grossesse. A l’Assemblée
nationale, des élus de droite et de la droite extrême l’ont agressée, insultée,
vilipendée l’accusant de mille maux et de porter atteinte aux principes sacrés
de notre civilisation. Ceux qui n'ont pas connu ces années-là ne peuvent même pas imaginer à quel point rendre les femmes maîtresses de leur destin et de leur corps faisait bouger les lignes !
Face à des hordes souvent déchainées,
Simone Veil fit face avec une grande sérénité, une intelligence exceptionnelle
mêlant l’humanité et la solidarité à l’égard des 300 000 femmes françaises qui,
chaque année, avaient recours aux faiseuses d’anges pour les moins riches et aux
voyages en Angleterre pour celles
Les hommes de l’Assemblée
nationale étaient en grande majorité des conservateurs et des pratiquants
religieux. Ils n’acceptaient pas de regarder en face le malheur et la détresse
des femmes, des jeunes filles, enceintes, et ne désirant pas conserver leur
enfant pour mille raisons, qu’elles soient affectives, matérielles ou médicales.
De tous temps, les femmes refusant leur grossesse ont fait appel à TOUS les
moyens possibles et imaginables pour avorter. Les conséquences étaient parfois
terribles : stérilité, septicémie, mort…Simone Veil avait compris en accord
avec Valéry Giscard-d’Estaing, que la France ne pouvait pas demeurer ce pays
sourd et aveugle au malheur de ces Françaises et de ces femmes en général
vivant dans notre pays. Il lui fallait agir.
Inutile de dire que le
lobbying de l’église catholique, de mouvements politiques influents, de groupes
de pression puissants a pesé sur les débats qui ont duré trois jours et
quelques nuits. Jamais Simone Veil n’a craqué. Elle, la survivante de la Shoah,
a fait face à ses opposants et aux lettres anonymes ou aux croix gammées peintes
sur les portes de sa maison avec la certitude servir une cause noble.
A Louviers, dès que la loi
Veil a été adoptée, un centre d’orthogénie s’est créé sous l’impulsion du
Docteur Ernest Martin. Pendant des mois et des années, il a pratiqué avec bien
des bénévoles et des professionnels de santé, des IVG dans un contexte médical
sécurisé à la fois psychologiquement — si c’est possible — et physiquement
puisque la méthode par aspiration et venue de Californie avait fait ses preuves.
Avec le temps, les lois se
sont améliorées. Marisol Tourraine a même obtenu le remboursement à 100 % de
tous les à-côtés de l’intervention (analyses, échographies etc.) On ne dira
jamais assez combien Simone Veil a été décisive dans ces progrès de la santé
humaine et de la vie collective dans ce vieux pays de France plus prompt à
accepter les réformes révolutionnaires qu’on veut bien le dire. Merci encore
Mme Veil.
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